Eclats de vers : Musica 01 : Monocorde
Table des matières
1. Pré en bulles
1.1. Introduction
Si tout est lié dans le cosmos, et en particulier dans le monde des arts, la musique en est un exemple frappant : le chant nous amène à la poésie et à la littérature ; le rythme suggère la danse ; les mélodies qui dialoguent ou qui décorent se rapprochent du théâtre ; quant aux intervalles, leurs fréquences sont calibrées sur des proportions mathématiques, véritables clefs de voûte qui soutiennent le dessin et l’architecture musicale. Tracer un mandala, c’est un peu comme caresser un clavier invisible et subtil. Sculpter, c’est faire résonner un point d’orgue dans la crypte des siècles. Des troubadours à Hildegarde von Bingen, de Johannes Ockeghem à Claude Debussy, les compositeurs réchauffent l’âtre des châteaux et enchantent les cathédrales. Les salons intimes frissonnent sous leurs doigts, les fresques prennent vie, les jardins s’animent et les accords font vibrer le tréfonds de l’âme humaine. Car si le silence peut parfois nous paraître vertigineux, c’est parce qu’il contient en puissance les plus belles musiques imaginables.
Porte d’entrée vers cet univers merveilleux, la théorie musicale repose sur un arbre dont les racines sont aussi simples que les ramifications sont denses et complexes. Rien d’étonnant à ce qu’une variété aussi prodigieuse de styles puisse nidifier dans une arborescence aussi riche. Une des clés de voûte de toute polyphonie consiste en la dualité Mélodie — Harmonie, la première semant ses notes consécutivement et la seconde simultanément. Mais tout n’est pas aussi simple car les deux concepts se rejoignent : la mélodie forme une harmonie implicite en laissant s’accumuler dans la mémoire de l’auditeur des notes qui s’agrègent ; de son coté, l’harmonie suggère dans sa superposition une mélodie implicite qui peut se voir développée par la suite. Au croisement se situe l'Accord, groupe polyvalent de notes pouvant donner lieu de par ses nombreuses dispositions possibles à une foule de thèmes musicaux différents.
La richesse de cette tapisserie provient également des intéractions entre les cycles d’intervalles, où se mêlent à nouveau mélodie et harmonie. C’est aussi dans ces cycles, souvent partiellement implicites, que les accords s’enchaînent, formant une ronde perpétuelle. La tonalité ajoute son grain de sel via le concept de fonction tonale, concept qui permet de voyager via une autre dimension d’accord en accord, aussi facilement que l’on se transporte sur une autre planète dans la littérature fantastique. Partout en musique, nous sommes en présence d’un système que l’on pourrait qualifier de métamorphe, dans la mesure où chaque élément musical peut se présenter sous différentes formes, où chaque forme peut être interprétée comme provenant d’éléments distincts.
Avec le rythme s’ajoute à cet incroyable treillis la notion de fractale, un même motif rythmique pouvant être appliqué à des échelles temporelles différentes. La structure rythmique elle-même s’articule sur différents niveaux, chacun d’entre-eux étant décomposé en un nombre variable de subdivisions. Cette nouvelle dimension possède une identité propre, indépendante de la mélodie de laquelle elle se décale régulièrement, formant ainsi syncopes et anacrouses. Comme vous pouvez le constater, les trois facettes du triptyque formé par la Mélodie, l’Harmonie et le Rythme s’entremêlent, formant sous nos yeux ébahis ce miracle que l’on nomme Musique.
Vous ayant averti de l’univers vertigineux qui vous attend, il me reste à conclure cette introduction en vous souhaitant une bonne lecture.
1.2. Remerciements
Je tiens à remercier :
- Johann Joseph Fux, pour son précieux traité de contrepoint, le Gradus ad Parnassum, qui inspire les compositeurs depuis plus de deux siècles.
- Michel Baron, qui nous offre un cours d’harmonie, de contrepoint et de fugue.
- Sylvain Caron, pour son cours d’harmonie tonale.
- Luce Beaudet, qui nous fait partager une méthode simple et puissante permettant d’analyser le discours harmonique générique, ainsi que les marches.
- Alan Belkin, pour sa vision éclairante de la composition musicale. Vous trouverez sur son site de riches réflexions sur la forme musicale, l’orchestration, la composition, l’harmonie et le contrepoint.
- Christophe, auteur du site apprendrelesolfege, qoi contient de nombreux cours intéressants.
Mais il n’y a pas que les livres qui nous aident à composer. Remercions également Les équipes de développement des logiciels libres suivants :
- lilypond : vous écrivez vos partitions dans un langage texte, et lilypond génère un superbe fichier PDF qui contient les notes de musique, confortablement installées sur leurs portées respectives. La mise en page est automatique, mais configurable. Lilypond peut également génèrer un fichier MIDI, qui peut ensuite être joué par un séquenceur ou transformé en fichier audio.
- timidity : séquenceur MIDI, aussi nommé synthétiseur logiciel ou lecteur MIDI. Peut jouer un fichier MIDI ou le convertir en un fichier audio. Nécessite l’installation d’une banque de son.
- fluidsynth : séquenceur MIDI, similaire à timidity
- soundfont-fluid : banque de son. Peut être utilisée par fluidsynth, timidity, ou n’importe quel autre séquenceur.
- frescobaldi : éditeur de partition qui utilise lilypond, un lecteur PDF intégré et une interface de lecture MIDI (avec l’aide d’un séquenceur externe comme timidity ou fluidsynth). Idéal pour composer et écouter le résultat.
- musescore : logiciel libre d’édition de partition avec séquenceur intégré.
2. Acoustique
2.1. Introduction
Le son étant la brique fondamentale sur laquelle repose tout l’édifice musical, il semble raisonnable d’entamer ce traité par son étude.
Un son est une onde acoustique, c’est-à-dire une onde de pression, simple ou complexe, perceptible par nos oreilles.
2.2. Onde élémentaire
Une onde acoustique élémentaire, ou plus simplement onde élémentaire, est une onde acoustique au tracé sinusoïdal.
Ce type d’onde permet de rendre compte d’un grand nombre de phénomènes physiques, que ce soit sous sa forme simple (pendule, cercle en rotation, …) ou par superposition (corde vibrante, tuyau sonore, …).
⁂
Un son élémentaire est un son associé à une onde acoustique élémentaire.
2.3. Fréquence
La fréquence d’une onde élémentaire (et donc du son élémentaire associé) est égale au nombre de cycles qu’elle parcourt en une seconde. L’unité de fréquence est le Herz, symbolisé par Hz :
N Herz = N Hz = N cycles par secondes
2.3.1. Aigu et grave
La hauteur d’un son élémentaire est déterminée par la fréquence de l’onde élémentaire associée :
- plus la fréquence est grande, plus le son est dit haut ou aigu
- plus la fréquence est petite, plus le son est dit bas ou grave
3. Sons composés
3.1. Introduction
Si la plupart des sons utilisables musicalement sont trop complexes pour être étudiés en tant que tels, il est généralement possible de les considérer comme des superpositions de sons élémentaires, ce qui facilite grandement leur analyse.
On nomme son composé un tel son décomposable en sons élémentaires.
Nous étudions dans ce chapitre l’organisation interne (fréquences & amplitudes) des sons composés.
3.2. Fréquences
La fréquence fondamentale est la fréquence la plus grave présente dans un son composé.
Toutes les autres fréquences sont appelées fréquences harmoniques.
3.3. Fréquences harmoniques naturelles
Dans de nombreux cas, les fréquences des sons élémentaires constitutifs d’un son composé sont des multiples entiers de la fréquence fondamentale F0 :
1 F0 | — | 2 F0 | — | 3 F0 | — | 4 F0 | — | 5 F0 | — | 6 F0 | — | 7 F0 | — | 8 F0 | — | 9 F0 | — | ... |
Ces fréquences sont appelées fréquences harmoniques naturelles.
3.3.1. Ratios
En exprimant le tout comme des multiples de F0, on obtient :
1 | — | 2 | — | 3 | — | 4 | — | 5 | — | 6 | — | 7 | — | 8 | — | 9 | — | ... |
Les ratios des fréquences consécutives sont donc, dans l’ordre :
2 / 1 | — | 3 / 2 | — | 4 / 3 | — | 5 / 4 | — | 6 / 5 | — | 7 / 6 | — | 8 / 7 | — | 9 / 8 | — | ... |
3.4. Timbre
Si les fréquences des harmoniques naturelles sont des multiples entiers de la fréquence fondamentale, les amplitudes relatives de ces harmoniques varient considérablement d’un instrument de musique à un autre. Une combinaison particulière de ces amplitudes produit ce qu’on appelle le timbre d’un son. C’est donc le timbre qui donne un caractère reconnaissable à chaque instrument.
4. Notes de musique
4.1. Introduction
Une note est un son dont la fréquence fondamentale est donnée. Cette fréquence détermine la hauteur du son obtenu :
- plus la fréquence fondamentale est élevée, plus la note est dite aiguë.
- plus la fréquence fondamentale est faible, plus la note est dite grave.
On utilise aussi une analogie basée sur la hauteur :
- une note est dite plus haute ou supérieure à une autre lorsqu’elle est plus aiguë
- une note est dite plus basse ou inférieure à une autre lorsqu’elle est plus grave
Suivant le même raisonnement, une suite de note sera dite :
- montante si elle évolue vers l’aigu
- descendante si elle évolue vers le grave
Une note correspond donc à une certaine fréquence fondamentale. Le timbre du son reste par contre libre et dépend de l’instrument utilisé pour jouer la note.
4.2. Diapason
Le diapason est une note qui permet à tous les musiciens de synchroniser leurs instruments. Cette note est définie par sa fréquence fondamentale, fixée par convention à :
440 Hz
4.3. Intervalles
Un intervalle représente la distance qui sépare deux notes.
L’expérience nous montre que l’oreille mesure la distance entre deux notes par le ratio de leurs fréquences fondamentales.
L’intervalle qui sépare deux notes est donc formellement défini par le ratio de leurs fréquences fondamentales.
4.3.1. Purs
Un intervalle pur est un intervalle dont le ratio de fréquence est identique à l’un des premiers ratios intervenant dans les fréquences harmoniques naturelles.
Le tableau ci-dessous reprend les noms et ratios de fréquences des intervalles purs les plus importants :
Intervalle | Ratio |
---|---|
octave | 2 / 1 |
quinte | 3 / 2 |
quarte | 4 / 3 |
tierce majeure | 5 / 4 |
tierce mineure | 6 / 5 |
Les noms donnés à ces intervalles peuvent paraître étranges à ce stade ; nous en verrons plus loin l’origine.
4.4. Harmoniques naturelles
Une suite d’harmoniques naturelles est une suite de notes qui respecte les proportions des fréquences harmoniques naturelles.
Les ratios des fréquences fondamentales des notes sont donc les mêmes :
2 / 1 | — | 3 / 2 | — | 4 / 3 | — | 5 / 4 | — | 6 / 5 | — | 7 / 6 | — | 8 / 7 | — | 9 / 8 | — | ... |
et les notes de la suite produisent les mêmes intervalles :
octave — quinte — quarte — tierce majeure — tierce mineure — ...
La note la plus grave est appelée fondamentale de la suite. C’est elle qui détermine la hauteur des notes suivantes.
Remarque : ne pas confondre la note fondamentale d’une suite d’harmoniques naturelle avec la fréquence fondamentale d’un son composé.
Les suites d’harmoniques naturelles sont très utilisées comme référence, car :
- elles sont construites en se basant sur un principe acoustique essentiel
- elles sonnent particulièrement bien
5. Notes & octaves
5.1. Introduction
L’octave est le premier des intervalles apparaissant dans les harmoniques naturelles, ce qui lui confère un statut particulièrement important en musique.
À ce titre, l’octave est utilisée pour simplifier considérablement le problème de la répartition des notes de musique sur la plage des fréquences audibles.
On commence par définir un ensemble de notes incluses dans une octave de référence, c’est-à-dire dans une plage allant d’une fréquence donnée F0 à son double 2 F0. Les notes des octaves environnantes s’obtiennent ensuite facilement en multipliant ou en divisant par 2 la fréquence d’une des notes de l’octave de référence. En répétant ce processus de multiplication ou de division, on peut alors construire autant d’octaves qu’on le souhaite, du très grave au très aigu.
Le tableau suivant schématise cette construction, en partant d’une note de fréquence F dans l’octave de référence :
octave +N : | 2N F | ||||
... |
... |
... |
... |
... |
.. |
octave +3 : | 2 × 2 × 2 F | = | 23 F | = | 8 F |
octave +2 : | 2 × 2 F | = | 22 F | = | 4 F |
octave +1 : | 2 F | ||||
octave de référence : | F | ||||
octave − 1 : | F / 2 | ||||
octave − 2 : | F / 2 / 2 | = | F / 22 | = | F 4 |
octave − 3 : | F / 2 / 2 / 2 | = | F / 23 | = | F 8 |
... |
... |
... |
... |
... |
... |
octave − N : | F / 2N |
5.2. Notes naturelles
Le système musical le plus répandu comporte sept notes par octave. Ces notes sont appelées notes naturelles, ou encore notes diatoniques. Elles sont nommées par convention comme suit, de la plus grave à la plus aiguë :
do ré mi fa sol la si
Le do est parfois appelé ut, ce qui nous donne les notes :
ut ré mi fa sol la si
5.2.1. Alphabet
Il existe une notation alternative, basée sur les premières lettres de l’alphabet, le « A » correspondant à la note « la ». On a l’équivalence :
Français | Alphabet |
---|---|
do | C |
ré | D |
mi | E |
fa | F |
sol | G |
la | A |
si | B |
5.3. Octave
Lorsqu’il est nécessaire de préciser l’octave d’une note, on l’ajoute en exposant. Le tableau ci-dessus en reprend quelques unes, de la plus aiguë à la plus grave :
Surnoms | Octave | Notes |
---|---|---|
triple sommet | 7 | do7 |
double sommet | 6 | do6 |
sommet | 5 | do5 … |
aigu | 4 | do4 ré4 mi4 fa4 sol4 la4 si4 |
milieu | 3 | do3 ré3 mi3 fa3 sol3 la3 si3 |
basse | 2 | do2 ré2 mi2 fa2 sol2 la2 si2 |
pédale | 1 | do1 ré1 mi1 fa1 sol1 la1 si1 |
double pédale | -1 | do-1 … |
triple pédale | -2 | do-2 … |
On a donc la suite de notes, de la plus grave à la plus aiguë :
do-1 … si-1 do1 ré1 mi1 fa1 sol1 la1 si1 do2 … si2 do3 … si3 do4 … si4 do5 …
La note du diapason de 440 Hz est le la3.
5.3.1. Implicite
En théorie musicale, la mention de l’octave d’une note est souvent omise. Dans ce cas, c’est soit que cette octave :
- n’a aucune incidence sur le raisonnement en cours
- peut se déduire aisément du contexte
5.3.2. Comparaison avec d’autres systèmes de notation
Surnoms | Notation | Notation | Notation | Surnoms de | Notation de |
---|---|---|---|---|---|
française | scientifique | de lilypond | Helmholtz | Helmholtz | |
triple sommet | do7 | C8 | c''''' | c cinq lignes | c''''' |
double sommet | do6 | C7 | c'''' | c quatre lignes | c'''' |
sommet | do5 | C6 | c''' | c trois lignes | c''' |
aigu | do4 | C5 | c'' | c deux lignes | c'' |
milieu | do3 | C4 | c' | c une ligne | c' |
basse | do2 | C3 | c | petit c | c |
pédale | do1 | C2 | c, | grand c | C |
double pédale | do-1 | C1 | c,, | contra c | C, |
triple pédale | do-2 | C0 | c,,, | sub-contra c | C,, |
5.4. Suites croissantes
Une suite croissante est une série de notes triées de la plus grave à la plus aiguë.
Dans une suite croissante, la mention de l’octave peut être omise, car il est évident que chaque do franchi nous fait passer dans l’octave supérieure.
⁂
Nous allons illustrer le principe de déduction de l’octave au moyen de la suite croissante suivante :
fa sol la si do ré mi fa
Nous savons que le do doit être plus aigu que le si qui le précède. Ces deux notes ne peuvent donc pas faire partie d’une même octave, sans quoi le si serait plus aigu que le do. On en déduit que le do est situé dans une octave supérieure à celle du si. En conséquence, la fin de la suite :
do ré mi fa
est située dans une octave supérieure à celle du début :
fa sol la si
Notons que le do n’a pas besoin d’être explicitement présent dans la suite pour provoquer la hausse d’une octave. Ainsi, dans :
fa sol la ré mi fa
le do est implicitement franchi :
fa sol la (si do) ré mi fa
En conséquence, la fin de la suite :
ré mi fa
est située dans une octave supérieure à celle du début :
fa sol la
⁂
Pour être bien sûr d’y voir clair, le tableau suivant donne quelques exemples de suites croissantes avec octave implicite, puis leur version équivalente avec l’octave explicitée :
Implicite | Départ | Explicite |
---|---|---|
fa sol la si do ré mi fa | 2 | fa2 sol2 la2 si2 do3 ré3 mi3 fa3 |
fa la do mi sol si ré | 1 | fa1 la1 do2 mi2 sol2 si2 ré3 |
fa do sol ré la mi | 1 | fa1 do2 sol2 ré3 la3 mi4 |
5.5. Harmoniques naturelles
Pour construire une suite d’harmoniques naturelles, il suffit de choisir une note de départ puis de respecter les mêmes intervalles que pour les fréquences harmoniques naturelles. Par exemple, si nous partons de do1, nous obtenons :
do1 | do2 | sol2 | do3 | mi3 | sol3 | ... |
ou, en utilisant la simplification des suites croissantes :
do | do | sol | do | mi | sol | ... |
avec les intervalles :
octave — quinte — quarte — tierce majeure — tierce mineure — ...
Si nous continuons un peu plus loin dans les harmoniques naturelles, nous obtenons en première approximation :
do | do | sol | do | mi | sol | sib | do | ré | mi | fa# | sol | ... |
6. Tempérament
6.1. Introduction
Comme aucune répartition de notes diatoniques n’est à même de former uniquement des intervalles purs, on est forcé de faire des approximations. Une répartition particulière de ces approximations, qui conditionne l’agencement précis des notes diatoniques, est appelé tempérament.
La suite des notes ainsi obtenues sera dite tempérée.
Ce chapitre présente quelques tempéraments fondamentaux.
6.2. Pythagore
Le tempérament de Pythagore, ou tempérament pythagoricien, est construit à partir de quintes pures.
On part d’une note de référence do de fréquence F0 et on construit les autres notes via des intervalles de quintes pures. La fréquence est donc à chaque fois multipliée ou divisée par 3 / 2 :
Identifiant | Fréquence / F0 |
---|---|
Q 1 | 2 / 3 |
Q 2 | 1 |
Q 3 | 3 / 2 |
Q 4 | 9 /4 |
Q 5 | 27 / 8 |
Q 6 | 81 / 16 |
Q 7 | 243 / 32 |
On ramène ensuite toutes les fréquences à l’intérieur de l’octave de référence [F0, 2 F0], en les multipliant ou en les divisant par la puissance de deux adéquate. On les trie ensuite de la plus grave à la plus aiguë, ce qui nous donne :
Identifiant | Fréquence / F0 |
---|---|
Q 2 | 1 |
Q 4 | 9 / 8 |
Q 6 | 81 / 64 |
Q 1 | 4 / 3 |
Q 3 | 3 / 2 |
Q 5 | 27 /16 |
Q 7 | 243 / 128 |
Nous pouvons à présent nommer les notes définies par ces fréquences, suivant la convention usuelle do, ré, mi, fa, sol, la, si :
Notes | Identifiant | Fréquence / F0 |
---|---|---|
do | Q 2 | 1 |
ré | Q 4 | 9 / 8 |
mi | Q 6 | 81 / 64 |
fa | Q 1 | 4 / 3 |
sol | Q 3 | 3 / 2 |
la | Q 5 | 27 / 16 |
si | Q 7 | 243 / 128 |
Il ne reste alors plus qu’à ajouter un do de fréquence 2 F0 pour compléter l’octave, ce qui nous donne :
Notes | Fréquence / F0 |
---|---|
do | 1 |
ré | 9 / 8 |
mi | 81 / 64 |
fa | 4 / 3 |
sol | 3 / 2 |
la | 27 / 16 |
si | 243 / 128 |
do | 2 |
6.2.1. Tons et demi-tons
Les ratios de fréquences entre les notes naturelles consécutives du tempérament de Pythagore s’écrivent :
Notes | Ratios |
---|---|
si — do | 256 / 243 |
la — si | 9 / 8 |
sol — la | 9 / 8 |
fa — sol | 9 / 8 |
mi — fa | 256 / 243 |
ré — mi | 9 / 8 |
do — ré | 9 / 8 |
On constate que ces écarts peuvent être classés en deux catégories suivant leur taille. Les plus grands sont appelés tons et les plus petits demi-tons. En effet, on peut vérifier que parcourir deux demi-tons revient plus ou moins à parcourir un ton.
Le tableau suivant nous donne la liste de tous les tons et demi-tons du tempérament de Pythagore :
Type | Ratio | Notes |
---|---|---|
tons | 9 / 8 | do — ré |
ré — mi | ||
fa — sol | ||
sol — la | ||
la — si | ||
demi-tons | 256 /243 | mi — fa |
si — do |
En faisant les comptes, on en déduit que le tempérament de Pythagore contient 5 tons et 2 demi-tons par octave.
6.2.2. Quintes
En réarrangeant les notes du tempérament de Pythagore suivant les intervalles de quintes qui ont mené à sa formation :
Q 1 | — | Q 2 |
Q 2 | — | Q 3 |
Q 3 | — | Q 4 |
Q 4 | — | Q 5 |
Q 5 | — | Q 6 |
Q 6 | — | Q 7 |
on obtient les intervalles :
fa | — | do |
do | — | sol |
sol | — | ré |
ré | — | la |
la | — | mi |
mi | — | si |
En considérant chacun de ces intervalles de quinte, on constate qu’ils englobent tous cinq notes :
fa — do | : | fa | sol | la | si | do |
do — sol | : | do | ré | mi | fa | sol |
sol — ré | : | sol | la | si | do | ré |
ré — la | : | ré | mi | fa | sol | la |
la — mi | : | la | si | do | ré | mi |
mi — si | : | mi | fa | sol | la | si |
C’est de là que vient le nom de quinte, quintus signifiant cinquième en latin.
6.2.2.1. Pureté
Par construction, presque toutes les quintes formées par les notes naturelles du tempérament de Pythagore sont pures.
6.2.3. Tierces
6.2.3.1. Majeures
Aucune tierce majeure pure n’est présente dans le tempérament de Pythagore, on ne dispose que d’approximations.
Pour ne citer qu’un exemple, le ratio de fréquence entre les notes do et mi est de :
81 / 64 = 1.265625
à comparer avec le ratio de la tierce majeure pure :
5 / 4 = 80 / 64 = 1.25
6.2.3.2. Mineures
Il en va de même pour les tierces mineures. Ainsi, le ratio de fréquence entre les notes mi et sol est de :
3 / 2 × 64 / 81 = 32 / 27 = 1.1851 ...
à comparer avec le ratio de la tierce mineure pure :
6 / 5 = 1.2
6.3. Zarlino
Le tempérament de Zarlino, ou tempérament zarlinien, est construit à partir de quintes et de tierces majeures pures.
On part d’une note de référence do de fréquence F0 et on construit les autres notes via des intervalles de quintes et de tierces majeures pures. On commence par construire les quintes pures autour de la note de référence :
Fréquence / F0 |
---|
2 / 3 |
1 |
3 / 2 |
On multiplie ensuite chacune des fréquences déjà obtenues par le facteur 5 / 4, ce qui nous donne trois nouvelles notes situées une tierce majeure pure au-dessus des trois premières :
Fréquence / F0 |
---|
2 / 3 |
10 / 12 = 5 / 6 |
1 |
5 / 4 |
3 / 2 |
15 / 8 |
On complète le tempérament en ajoutant une dernière note, située une quinte pure au-dessus de la fréquence 3 / 2 F0, c’est-à-dire à 9 / 4 F0 :
Identifiant | Fréquence / F0 |
---|---|
T 1 | 2 / 3 |
T 2 | 5 / 6 |
T 3 | 1 |
T 4 | 5 / 4 |
T 5 | 3 / 2 |
T 6 | 15 / 8 |
T 7 | 9 / 4 |
On ramène ensuite toutes les fréquences à l’intérieur de l’octave de référence [F0, 2 F0], en les multipliant ou en les divisant par la puissance de deux adéquate. On les trie ensuite de la plus grave à la plus aiguë, ce qui nous donne, avec les plus graves en bas du tableau :
Identifiant | Fréquence / F0 |
---|---|
T 3 | 1 |
T 7 | 9 / 8 |
T 4 | 5 / 4 |
T 1 | 4 / 3 |
T 5 | 3 / 2 |
T 2 | 5 / 3 |
T 6 | 15 / 8 |
Nous pouvons à présent nommer les notes définies par ces fréquences, suivant la convention usuelle do, ré, mi, fa, sol, la, si :
Notes | Identifiant | Fréquence / F0 |
---|---|---|
do | T 3 | 1 |
ré | T 7 | 9 / 8 |
mi | T 4 | 5 / 4 |
fa | T 1 | 4 / 3 |
sol | T 5 | 3 / 2 |
la | T 2 | 5 / 3 |
si | T 6 | 15 / 8 |
Il ne reste alors plus qu’à ajouter un do de fréquence 2 F0/ pour compléter l’octave, ce qui nous donne :
Notes | Fréquence / F0 |
---|---|
do | 1 |
ré | 9 / 8 |
mi | 5 / 4 |
fa | 4 / 3 |
sol | 3 / 2 |
la | 5 / 3 |
si | 15 / 8 |
do | 2 |
6.3.1. Tons et demi-tons
Les ratios de fréquences entre les notes naturelles consécutives du tempérament de Zarlino s’écrivent :
Notes | Ratios |
---|---|
si — do | 16 / 15 |
la — si | 9 / 8 |
sol — la | 10 / 9 |
fa — sol | 9 / 8 |
mi — fa | 16 / 15 |
ré — mi | 10 / 9 |
do — ré | 9 / 8 |
On constate que ces écarts peuvent être classés en deux catégories suivant leur taille. Les plus grands sont appelés tons et les plus petits demi-tons. En effet, on peut vérifier que parcourir deux demi-tons revient plus ou moins à parcourir un ton.
Le tableau suivant nous donne la liste de tous les tons et demi-tons du tempérament de Zarlino :
Type | Ratio | Notes |
---|---|---|
tons | 9 / 8 | do — ré |
10 / 9 | ré — mi | |
9 / 8 | fa — sol | |
10 / 9 | sol — la | |
9 / 8 | la — si | |
demi-tons | 16 / 15 | mi — fa |
si — do |
En faisant les comptes, on en déduit que le tempérament de Zarlino contient 5 tons et 2 demi-tons par octave.
On remarque que tous les tons ne sont pas identiques, certains valant 9 / 8 et les autres 10 / 9. Cette légère différence peut poser problème lorsqu’on souhaite déplacer la structure musicale d’une hauteur de son à l’autre.
6.3.2. Quintes
Par construction, la plupart des quintes du tempérament de Zarlino sont pures. Il y a toutefois des exceptions. Ainsi, l’intervalle séparant le ré du la vaut :
5 / 3 × 8 / 9 = 40 / 27 = 1.4814 ...
à comparer avec le ratio de la quinte pure :
3 / 2 = 1.5
6.3.3. Tierces
6.3.3.1. Majeures
En réarrangeant les notes du tempérament de Zarlino suivant les intervalles de tierces majeures qui ont mené à sa formation :
T 1 | — | T 2 |
T 3 | — | T 4 |
T 5 | — | T 6 |
on obtient les intervalles :
fa | — | la |
do | — | mi |
sol | — | si |
En considérant chacun de ces intervalles de tierce majeure, on constate qu’ils englobent tous trois notes :
fa — la | : | fa | sol | la |
do — mi | : | do | ré | mi |
sol — si | : | sol | la | si |
C’est de là que vient le nom de tierce, tertius signifiant troisième en latin.
6.3.3.2. Mineures
En considérant les autres intervalles contenant trois notes, on obtient la liste :
ré — fa | : | ré | mi | fa |
mi — sol | : | mi | fa | sol |
la — do | : | la | si | do |
si — ré | : | si | do | ré |
En calculant les ratios de fréquences de ces intervalles, on vérifie qu’ils sont tous identiques à 6 / 5, à l’exception de l’intervalle ré — fa qui vaut :
4 / 3 × 8 / 9 = 32 / 27 = 1.1851 ...
à comparer avec le ratio de la tierce mineure pure :
6 / 5 = 1.2
Ces tierces mineures (pures ou approximatives) englobent donc aussi trois notes.
6.4. Tempérament égal
Le tempérament égal est construite à partir de l’approximation qui consiste à considérer que :
- tous les demi-tons sont identiques
- chaque ton vaut exactement deux demi-tons
Une octave contient donc :
5 tons + 2 demi-tons | = | 5 × 2 demi-tons | + | 2 demi-tons |
= | 10 demi-tons | + | 2 demi-tons | |
= | 12 demi-tons |
Le tempérament égal est donc construit en divisant l’octave en douze demi-tons identiques. Ce demi-ton est appelé demi-ton tempéré et noté DT.
On a les relations :
1 demi-ton | = | 1 DT |
1 ton | = | 2 DT |
Sauf indication contraire, nous utiliserons dans la suite le tempérament égal.
6.4.1. Cent
Le cent vaut un centième de demi-ton tempéré. On a donc :
100 cent | = | 1 DT |
6.4.2. Ratios
Puisqu’il y a 12 demi-tons tempérés par octave, le rapport de fréquence d’un demi-ton tempéré \(RFDT\) vérifie :
RFDT12 | = | 2 |
Le rapport \(RFDT\) correspond donc à un douxième de l’octave :
RFDT | = | 21/12 |
On en déduit que l’écart E en demi-tons tempérés qui sépare deux notes est lié au ratio de leurs fréquences F1 et F2 par les relations :
F2 / F1 | = | 2E/12 |
La relation inverse nous donne l’écart en demi-tons à partir d’un rapport de fréquence quelconque :
E | = | 12 × log2 ( F2 / F1 ) |
6.5. Comparatif
Le tableau suivant compare les différentes tempéraments. Les fréquences sont exprimées en multiples de F0, fréquence du do :
Notes | Pythagore | Zarlino | Tempérament égal |
---|---|---|---|
do | 1 | 1 | 1 |
ré | 1.125 | 1.125 | 1.1225 |
mi | 1.2656 | 1.25 | 1.26 |
fa | 1.3333 | 1.3333 | 1.3348 |
sol | 1.5 | 1.5 | 1.4983 |
la | 1.6875 | 1.6667 | 1.6818 |
si | 1.8984 | 1.875 | 1.8877 |
7. Chromatisme
7.1. Altérations
Dans la suite croissante suivante :
do ré mi fa sol la si do
toutes les notes consécutives sont séparées par un ton, à l’exception des écarts :
mi | — | fa |
si | — | do |
qui valent chacun un demi-ton.
Que se passerait-il si nous voulions obtenir temporairement un écart d’un demi-ton entre deux notes habituellement séparées par un ton entier ? Il faudrait alors hausser ou abaisser d’un demi-ton un des notes impliquées.
Une altération haussière consiste à hausser une note d’un demi-ton.
Une altération baissière consiste à baisser une note d’un demi-ton.
⁂
Considérons pour illustrer les notes fa et sol, qui sont séparées par un ton. Si nous haussons le fa d’un demi-ton, ou si nous abaissons le sol d’un demi-ton, l’écart fa — sol se réduit à un demi-ton comme souhaité.
7.2. Dièses et bémols
Une note naturelle peut être altérée :
- d’un demi-ton vers le haut par un dièse (symbolisé par un #)
- d’un demi-ton vers le bas par un bémol (symbolisé par un b)
Une note ainsi altérée est dite chromatique.
Les altérations d’une note X s’écrivent donc :
Altération | Nom | Notation |
---|---|---|
haussière : + 1 demi-ton | dièse | X# |
baissière : − 1 demi-ton | bémol | Xb |
7.2.1. Doubles
Il arrive que le contexte musical emploie déjà abondamment une note altérée par un dièse ou un bémol. Dans ce cas, comment distinguer une altération temporaire supplémentaire ? C’est là qu’interviennent les altérations doubles. Une note naturelle peut être altérée :
- de deux demi-tons vers le haut par un double dièse (symbolisé par un ##)
- de deux demi-tons vers le bas par un double bémol (symbolisé par un bb)
Les altérations doubles d’une note X s’écrivent donc :
Altération | Nom | Notation |
---|---|---|
haussière : + 2 demi-tons | double dièse | X## |
baissière : − 2 demi-tons | double bémol | Xbb |
7.3. Enharmonie
Dans un tempérament égal, une enharmonie est constitutée de deux notes de même fréquence obtenues par des altérations différentes.
Deux notes liées par une enharmonie sont qualifiées d’*enharmoniques*.
7.3.1. Notes séparées par un ton
Choisissons deux notes séparées par un ton, par exemple do et ré. Les demi-tons tempérés étant tous égaux et valant exactement la moitié d’un ton, on réalise qu’on obtient la même hauteur de son en haussant le do d’un demi-ton qu’en abaissant le ré d’un demi-ton. On a donc :
do# = réb
On dit alors que le do# est l’enharmonie du réb.
7.3.2. Notes séparées par un demi-ton
Choisissons deux notes séparées par un demi-ton, par exemple mi et fa.
Les demi-tons tempérés étant tous égaux, on réalise qu’on obtient la même hauteur de son en haussant le mi d’un demi-ton qu’en jouant le fa. On a donc l’enharmonie :
mi# = fa
En suivant un raisonnement analogue, on réalise qu’on obtient la même hauteur de son en abaissant le fa d’un demi-ton qu’en jouant le mi. On a donc l’enharmonie :
fab = mi
7.3.3. Relations enharmoniques
Voici la liste de toutes les les relations enharmoniques :
do# | = | réb |
ré# | = | mib |
mi | = | fab |
mi# | = | fa |
fa# | = | solb |
sol# | = | lab |
la# | = | sib |
si | = | dob |
si# | = | do |
7.3.4. Autres tempéraments
On peut étendre les relations enharmoniques à un tempérament quelconque. Il faut toutefois garder à l’esprit que, lorsque le tempérament n’est pas égal, les fréquences de deux notes enharmoniques ne sont pas rigoureusement identiques, un léger décalage de fréquence est observé.
7.4. Listes
Voici la liste des notes naturelles et chromatiques réunies et triées avec les plus graves en bas du tableau :
Notes | Écarts en demi-tons | |
---|---|---|
par rapport au do grave | ||
do | si# | 12 |
si | dob | 11 |
la# | sib | 10 |
la | 9 | |
sol# | lab | 8 |
sol | 7 | |
fa# | solb | 6 |
fa | mi# | 5 |
mi | fab | 4 |
ré# | mib | 3 |
ré | 2 | |
do# | réb | 1 |
do | si# | 0 |
7.4.1. Doubles
Voici quelques exemples d’altérations doubles :
Notes | Écarts en demi-tons | |
---|---|---|
par rapport au do grave | ||
la | sibb | 9 |
la## | si | 11 |
sol | labb | 7 |
sol## | la | 9 |
fa | solbb | 5 |
fa## | sol | 7 |
mib | fabb | 3 |
mi## | fa# | 6 |
ré## | mi | 4 |
ré | mibb | 2 |
do## | ré | 2 |
do | rébb | 0 |
8. Intervalles
8.1. Introduction
Un intervalle est nommé d’après le nombre de notes distinctes qu’il faut parcourir pour aller de la première note (la plus grave) à la deuxième (la plus aiguë). Les notes de départ et d’arrivée sont inclues dans le décompte.
L’intervalle entre deux notes identiques porte le nom particulier d’unisson, qui signifie « un seul son ».
Remarque : les intervalles étant présentés sous formes de suites croissantes, l’octave est implicite.
Voici la liste des principaux intervalles :
Nombre de notes | Intervalle | ||
---|---|---|---|
parcourues | Nom | Notes extrêmes | Notes parcourues |
1 | unisson | do — do | do |
2 | seconde | do — ré | do ré |
3 | tierce | do — mi | do ré mi |
4 | quarte | do — fa | do ré mi fa |
5 | quinte | do — sol | do ré mi fa sol |
6 | sixte | do — la | do ré mi fa sol la |
7 | septième | do — si | do ré mi fa sol la si |
8 | octave | do — do | do ré mi fa sol la si do |
9 | neuvième | do — ré | do ré mi fa sol la si do ré |
10 | dixième | do — mi | do ré mi fa sol la si do ré mi |
11 | onzième | do — fa | do ré mi fa sol la si do ré mi fa |
12 | douzième | do — sol | do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol |
13 | treizième | do — la | do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol la |
14 | quatorzième | do — si | do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol la si |
15 | quinzième | do — do | do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol la si do |
8.2. Justes
Certains intervalles recouvrent un nombre de demi-tons qui reste fixe, et ce quelle que soit la note de départ choisie. Ces intervalles sont parfois qualifiés de justes, bien que ce qualificatif reste généralement implicite.
L’ unisson contient invariablement zéro demi-tons. C’est donc un intervalle juste.
L’ octave contient invariablement douze demi-tons. C’est donc un intervalle juste.
8.2.1. Quinte
La quinte contient sept demi-tons, à une seule exception près, qui en contient six :
Quintes | Écarts en |
---|---|
demi-tons | |
do — sol | 7 |
ré — la | 7 |
mi — si | 7 |
fa — do | 7 |
sol — ré | 7 |
la — mi | 7 |
si — fa | 6 |
Toutes les quintes sont donc justes, à l’exception de si — fa, qui sera appelée quinte diminuée.
8.2.2. Quarte
La quarte contient cinq demi-tons, à une seule exception près, qui en contient six :
Quartes | Écarts en demi-tons |
---|---|
sol — do | 5 |
la — ré | 5 |
si — mi | 5 |
do — fa | 5 |
ré — sol | 5 |
mi — la | 5 |
fa — si | 6 |
Toutes les quartes sont donc justes, à l’exception de fa — si, qui sera appelée quarte augmentée, ou encore triton, parce qu’elle parcourt trois tons.
8.2.3. Récapitulation
Intervalles | Abréviations | Exemple | Écarts en |
---|---|---|---|
justes | Notes extrêmes | demi-tons | |
unisson | 1son | do — do | 0 |
quarte | 4te | do — fa | 5 |
quinte | 5te | do — sol | 7 |
octave | 8ve | do — do | 12 |
8.3. Majeurs, mineurs
Les intervalles dont l’amplitude varie avec la note de départ choisie sont qualifiés de majeurs ou de mineurs suivant le nombre de demi-tons qui sépare les notes extrêmes. Les intervalles majeurs sont alors un demi-ton plus grand que les intervalles mineurs.
Dans le cadre des intervalles, on utilise les abréviations :
majeur | M |
mineur | m |
Le tableau suivant reprend les intervalles majeurs et mineurs contenus dans l’octave :
Intervalles | Abréviations | Écarts en | Exemple |
---|---|---|---|
demi-tons | Notes extrêmes | ||
seconde mineure | 2de m | 1 | mi — fa |
seconde majeure | 2de M | 2 | do — ré |
tierce mineure | 3ce m | 3 | la — do |
tierce majeure | 3ce M | 4 | do — mi |
sixte mineure | 6te m | 8 | la — fa |
sixte majeure | 6te M | 9 | do — la |
septième mineure | 7e m | 10 | la — sol |
septième majeure | 7e M | 11 | do — si |
8.4. Augmentés, diminués
Un intervalle augmenté est un intervalle juste ou majeur auquel on a ajouté un demi-ton, ou un intervalle mineur auquel on a ajouté deux demi-tons.
Un intervalle diminué est un intervalle juste ou mineur auquel on a retiré un demi-ton, ou un intervalle majeur auquel on a retiré deux demi-tons.
Dans le cadre des intervalles, on utilise les abréviations :
augmenté | aug |
diminué | dim |
8.4.1. Altérations
L’ajout ou le retrait d’un demi-ton s’effectue généralement en altérant une des notes qui constituent l’intervalle.
Notons toutefois que l’intervalle fa — si est une quarte augmentée, sans qu’aucune altération soit présente. Il en va de même pour l’intervalle renversé si — fa, qui est une quinte diminuée.
8.4.2. Augmentés
Voici quelques exemples d’intervalles augmentés :
Intervalles | Abréviations | Exemple | Écarts en |
---|---|---|---|
Notes extrêmes | demi-tons | ||
unisson augmenté | 1son aug | do — do# | 1 |
dob — do | |||
seconde augmentée | 2de aug | do — ré# | 3 |
mib — fa# | |||
tierce augmentée | 3ce aug | do — mi# | 5 |
lab — do# | |||
quarte augmentée | 4te aug | do — fa# | 6 |
fa — si | |||
quinte augmentée | 5te aug | do — sol# | 8 |
lab — mi | |||
sixte augmentée | 6te aug | do — la# | 10 |
lab — fa# | |||
septième augmentée | 7e aug | do — si# | 12 |
lab — sol# | |||
octave augmentée | 8ve aug | do — do# | 13 |
lab — la |
8.4.2.1. Triton
La quarte augmentée est aussi appelée triton (abréviation 3ton), parce qu’elle parcourt trois tons.
8.4.3. Diminués
Voici quelques exemples d’intervalles diminués :
Intervalles | Abréviations | Exemple | Écarts en |
---|---|---|---|
Notes extrêmes | demi-tons | ||
seconde diminuée | 2de dim | mi — fab | 0 |
do# — réb | |||
tierce diminuée | 3ce dim | la — dob | 2 |
do# — mib | |||
quarte diminuée | 4te dim | la — réb | 4 |
quinte diminuée | 5te dim | do — solb | 6 |
si — fa | |||
sixte diminuée | 6te dim | la# — fa | 7 |
do# — lab | |||
septième diminuée | 7e dim | la# — sol | 9 |
do# — sib | |||
octave diminuée | 8ve dim | do — dob | 11 |
do# — do |
8.4.4. Relations enharmoniques
Les intervalles augmentés et diminués sont souvent liés enharmoniquement à des intervalles majeurs, mineurs ou justes. Par exemple, la septième augmentée :
do — si#
est enharmoniquement équivalente à l’octave :
do — do
La sixte augmentée :
do — la#
est enharmoniquement équivalente à la septième mineure :
do — sib
La seconde diminuée :
do# — réb
est enharmoniquement équivalente à l’unisson :
do# — do#
8.5. Sur-augmentés, sur-diminués
Un intervalle sur-augmenté est un intervalle juste ou majeur auquel on a ajouté deux demi-tons.
Un intervalle sur-diminué est un intervalle juste ou mineur auquel on a retiré deux demi-tons.
Dans le cadre des intervalles, on utilise les abréviations :
sur-augmenté | suraug |
sur-diminué | surdim |
8.5.1. Sur-augmentés
Voici quelques exemples d’intervalles sur-augmentés :
Intervalles | Abréviations | Exemple | Écarts en |
---|---|---|---|
Notes extrêmes | demi-tons | ||
unisson sur-augmenté | 1son suraug | dob — do# | 2 |
seconde sur-augmentée | 2de suraug | solb — la# | 4 |
tierce sur-augmentée | 3ce suraug | dob — mi# | 6 |
8.5.2. Sur-diminués
Voici quelques exemples d’intervalles sur-diminués :
Intervalles | Abréviations | Exemple | Écarts en |
---|---|---|---|
Notes extrêmes | demi-tons | ||
tierce sur-diminuée | 3ce surdim | mi# — solb | 1 |
quarte sur-diminuée | 4te surdim | ré# — solb | 3 |
quinte sur-diminuée | 5te surdim | do# — solb | 5 |
8.5.3. Relations enharmoniques
Par exemple, l’unisson sur-augmenté :
réb — ré#
est enharmoniquement équivalent à la seconde majeure :
do# — ré#
8.6. Redoublements
Lorsqu’on ajoute une octave à un intervalle, on obtient le redoublement de cet intervalle. On dit alors que l’intervalle original est redoublé.
Voici les redoublements des intervalles compris entre l’unisson et l’octave :
Intervalle | Redoublement | Écarts en demi-tons |
---|---|---|
unisson | octave | 12 |
seconde mineure | neuvième mineure | 13 |
seconde majeure | neuvième majeure | 14 |
tierce mineure | dixième mineure | 15 |
tierce majeure | dixième majeure | 16 |
quarte | onzième | 17 |
quarte augmentée | onzième augmentée | 18 |
quinte diminuée | douzième diminuée | 18 |
quinte | douzième | 19 |
sixte mineure | treizième mineure | 20 |
sixte majeure | treizième majeure | 21 |
septième mineure | quatorzième mineure | 22 |
septième majeure | quatorzième majeure | 23 |
octave | quinzième | 24 |
8.6.1. Généralisation
Par généralisation, un intervalle redoublé peut désigner l’intervalle original auquel on ajoute une ou plusieurs octaves.
8.7. Simplification
La simplification consiste à retirer autant d’octaves que nécessaire à un intervalle pour obtenir un intervalle simplifié compris entre l’unisson et l’octave.
Prenons par exemple la douzième do — sol :
do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol
Si nous lui retirons une octave, nous obtenons une quinte comme intervalle simplifié :
do ré mi fa sol
8.8. Renversements
Le renversement d’un intervalle est l’intervalle que l’on obtient lorsqu’on inverse les notes de départ et d’arrivée.
Prenons par exemple la tierce do — mi :
do ré mi
Si on inverse le do et le mi, on obtient l’intervalle mi — do, qui est une sixte :
mi fa sol la si do
On remarque que si on fusionne l’intervalle d’origine avec son renversement, on obtient :
do ré mi mi fa sol la si do
Le deuxième mi de la série est redondant et peut donc être supprimé. On se retrouve alors avec l’octave do — do :
do ré mi fa sol la si do
Il en va de même pour chaque intervalle compris entre la seconde mineure et la septième majeure : son renversement le complète pour former une octave.
Afin de rester cohérent avec ce résultat, on convient que :
- l’octave est le renversement de l’unisson
- l’unisson est le renversement de l’octave
8.8.1. Tableau
Le tableau suivant nous donne les renversement de tous les intervalles compris entre l’unisson et l’octave :
Intervalle | Renversement | Exemple | |
---|---|---|---|
Intervalle | Renversement | ||
unisson | octave | do — do | do — do |
seconde mineure | septième majeure | mi — fa | fa — mi |
seconde majeure | septième mineure | do — ré | ré — do |
tierce mineure | sixte majeure | la — do | do — la |
tierce majeure | sixte mineure | do — mi | mi — do |
quarte | quinte | do — fa | fa — fa |
quarte augmentée | quinte diminuée | fa — si | si — fa |
quinte diminuée | quarte augmentée | si — fa | fa — si |
quinte | quarte | do — sol | sol — do |
sixte mineure | tierce majeure | la — fa | fa — la |
sixte majeure | tierce mineure | do — la | la — do |
septième mineure | seconde majeure | la — sol | sol — la |
septième majeure | seconde mineure | do — si | si — do |
octave | unisson | do — do | do — do |
8.8.2. Au-delà de l’octave
Lorsqu’un intervalle dépasse l’octave, on convient que son renversement est égal au renversement de l’intervalle simplifié.
Prenons par exemple la douzième do — sol :
do ré mi fa sol la si do ré mi fa sol
L’intervalle simplifié correspondant est la quinte :
do ré mi fa sol
Le renversement de cette quinte est la quarte sol — do :
sol la si do
Le renversement d’une douzième est donc une quarte.
8.9. Purs
8.9.1. Introduction
Les intervalles purs sont des intervalles dont les ratios de fréquences sont issus de la série des harmoniques naturelles.
Bien sûr, la suite des notes diatoniques tempérées ne pourra nous fournir qu’une approximation de ces intervalles. Si nous choisissons un do comme note fondamentale, nous obtenons ;
octaves | : | 0 | 1 | 1 | 2 | 2 | 2 | 2 | 3 | 3 | 3 | 3 | 3 | ... |
notes | : | do | do | sol | do | mi | sol | sib | do | ré | mi | fa# | sol | ... |
Nous allons à présent adapter légèrement ces notes afin qu’elles s’ajustent avec précision sur les multiples entiers de la fréquence de base :
octaves | : | 0 | 1 | 1 | 2 | 2 | 2 | 2 | 3 | 3 | 3 | 3 | 3 | ... |
notes | : | do | do | sol | do | mi | sol | sib | do | ré | mi | fa# | sol | ... |
multiples | : | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | ... |
Cet ajustement n’est pas destiné à assembler un tempérament digne de ce nom, car la formation de certains intervalles purs ne peut se faire qu’au détriment d’autres. Par exemple, la tierce mineure mi — sol est pure (ratio 6/5), mais la tierce mineure sol —sib, de ratio 7/6, est complètement faussée.
L’objectif est ici d’obtenir les ratios des intervalles purs que nous ne connaissons pas encore, puis de les comparer avec ceux des différents tempéraments. En examinant les notes de la série, on obtient :
Intervalle | Notes | Multiples | Ratio de | ||
---|---|---|---|---|---|
harmonique | fréquence | ||||
unisson | do1 | do1 | 1 | 1 | 1 |
octave | do1 | do2 | 1 | 2 | 2 |
quinte | do1 | sol1 | 2 | 3 | 3 / 2 |
quarte | sol1 | do2 | 3 | 4 | 4 / 3 |
tierce majeure | do1 | mi1 | 4 | 5 | 5 / 4 |
tierce mineure | mi1 | sol1 | 5 | 6 | 6 / 5 |
sixte majeure | sol1 | mi2 | 3 | 5 | 5 / 3 |
sixte mineure | mi1 | do2 | 5 | 8 | 8 / 5 |
septième mineure | do | sib | 4 | 7 | 7 / 4 |
seconde majeure | do | ré | 8 | 9 | 9 / 8 |
quarte augmentée | do | fa# | 8 | 11 | 11 / 8 |
Ces premiers résultats vont nous permettre d’en déduire d’autres.
8.9.2. Seconde mineure
La seconde mineure empilée sur une tierce majeure forme une quarte :
5 / 4 × 2de m = 4 / 3
On en déduit une première valeur :
2de m = 4 / 3 × 4 / 5 = 16 / 15
La seconde mineure empilée sur une tierce mineure forme une tierce majeure :
6 / 5 × 2de m = 5 / 4
On en déduit une autre valeur, proche de la première :
2de m = 5 / 6 × 5 / 4 = 25 / 24
8.9.3. Septième majeure
La septième majeure empilée sur une seconde mineure forme une octave :
16 / 15 × 7e M = 2
En partant de la première valeur de la seconde mineure, on en déduit :
7e M = 2 × 15 / 16 = 15 / 8
En partant de la seconde valeur de la seconde mineure, on en déduit :
7e M = 2 × 24 / 25 = 48 / 25
8.9.4. Quinte diminuée
En empilant deux tierces mineures, on obtient une quinte diminuée :
5te dim = (6 / 5)2
On en déduit que :
5te dim = 36 / 25
8.9.5. Quinte augmentée
En empilant deux tierces majeures, on obtient une quinte augmentée :
5te aug = (5 / 4)2
On en déduit que :
5te aug = 25 / 16
8.9.6. Septième diminuée
En empilant trois tierces mineures, on obtient une septième diminuée :
7te dim = (6 / 5)3
On en déduit que :
7te dim = 216 / 125
8.9.7. Synthèse
Le tableau ci-dessous nous donne la liste des intervalles purs et la comparaison avec les intervalles issus des tempéraments pythagoricien, zarlinien ou égal. Notons que dans le cas du tempérament zarlinien, l’intervalle peut varier légèrement suivant les notes choisies ; nous ne reprenons dans ce cas que les choix les plus proches de l’intervalle pur correspondant :
Intervalle | Ratio de fréquence | |||
---|---|---|---|---|
Pur | Pythagoricien | Zarlinien | Tempéré égal | |
unisson | 1 | 1 | 1 | 1 |
seconde mineure | 16 / 15 | 256 / 243 | 16 / 15 | 1.0595 |
25 / 24 | ||||
seconde majeure | 9 / 8 | 9 / 8 | 9 / 8 | 1.1225 |
10 / 9 | ||||
tierce mineure | 6 / 5 | 32 / 27 | 6 / 5 | 1.1892 |
tierce majeure | 5 / 4 | 81 / 64 | 5 / 4 | 1.2599 |
quarte | 4 / 3 | 4 / 3 | 4 / 3 | 1.3348 |
quarte augmentée | 11 / 8 | 1.4142 | ||
quinte diminuée | 36 / 25 | 1024 / 729 | 36 / 25 | 1.4142 |
quinte | 3 / 2 | 3 / 2 | 3 / 2 | 1.4983 |
quinte augmentée | 25 / 16 | 6561 / 4096 | 25 / 16 | 1.5874 |
sixte mineure | 8 / 5 | 128 / 81 | 8 / 5 | 1.5874 |
sixte majeure | 5 / 3 | 27 / 16 | 5 / 3 | 1.6817 |
septième diminuée | 216 / 125 | 1.6817 | ||
septième mineure | 7 / 4 | 16 / 9 | 16 / 9 | 1.7818 |
septième majeure | 15 / 8 | 243 / 128 | 15 / 8 | 1.8877 |
48 / 25 | ||||
octave | 2 | 2 | 2 | 2 |
9. Cycles
9.1. Introduction
Lorsqu’on parcourt le tempérament égal en maintenant, à l’octave près, un intervalle constant entre les notes successives (naturelles ou chromatiques), on finit par revenir au point de départ, formant ainsi un cycle.
9.2. Cycle des quintes
9.2.1. Quintes ascendantes
Si on choisit de monter les quintes dans un tempérament égal, on obtient :
fa do sol ré la mi si fa# do# sol# ré# la# mi#
Comme mi# = fa, on a :
fa do sol ré la mi si fa# do# sol# ré# la# fa
Cette suite retourne à la note de départ fa et forme donc un cycle complet.
9.2.2. Quintes descendantes
Si on choisit de descendre les quintes, on obtient :
si mi la ré sol do fa sib mib lab réb solb dob
Comme dob = si, on a :
si mi la ré sol do fa sib mib lab réb solb si
Cette suite retourne à la note de départ si et forme donc un cycle complet.
9.2.3. Lien
Considérons le cycle des quintes ascendantes et remplaçons les dièses en utilisant l’enharmonie :
fa do sol ré la mi si solb réb lab mib sib fa
On peut faire tourner le cycle pour partir du si :
si solb réb lab mib sib fa fa do sol ré la mi
Le fa en double est redondant et peut être simplifié. Une quinte plus haut que le mi, on trouve si, et le cycle d’écrit :
si solb réb lab mib sib fa do sol ré la mi si
Si on lit ce cycle de droite à gauche, on retombe sur le cycle des quintes descendantes :
si mi la ré sol do fa sib mib lab réb solb si
La réciproque est vraie : si on lit le cycle des quintes descendantes à rebours, on retombe sur le cycle des quintes ascendantes.
Le cycle ascendant s’écrit généralement en utilisant les dièses, et le cycle descendant les bémols.
9.2.4. Représentation
On représente souvent le cycle des quintes disposé sur un cercle (ici très approximatif) :
do | ||||||
fa | sol | |||||
la# | ré | |||||
ré# | la | |||||
sol# | mi | |||||
do# | si | |||||
fa# |
Le cycle ascendant se lit dans le sens horlogique en partant du fa.
Si on remplace par enharmonie les dièses par des bémols, on obtient :
do | ||||||
fa | sol | |||||
sib | ré | |||||
mib | la | |||||
lab | mi | |||||
réb | si | |||||
solb |
Le cycle descendant se lit dans le sens anti-horlogique en partant du si.
9.3. Cycle des quartes
Si on fait abstraction des octaves :
- monter d’une quarte équivaut à descendre d’une quinte
- descendre d’une quarte équivaut à monter d’une quinte
Ce constat nous mène aux résultats suivants :
- le cycle des quartes ascendantes est identique au cycle des quintes descendantes
- le cycle des quartes descendantes est identique au cycle des quintes ascendantes
9.4. Spirale
Si on décide d’utiliser des intervalles purs à la place d’intervalles intégrés dans un tempérament égal, on ne revient jamais tout à fait au point de départ. On parle alors de spirale.
La plus connue est la spirale des quintes.
10. Transposition
10.1. Introduction
Transposer un groupe de notes consiste à le déplacer d’un intervalle donné vers l’aigu ou vers le grave.
Au cours d’une transposition, chaque note est donc décalée d’un même intervalle vers le haut ou vers le bas.
10.2. Conservation des intervalles internes
Nous allons montrer que les intervalles internes d’un groupe de notes sont conservés lors d’une transposition.
Illustrons cette idée en prenant comme exemple la suite de notes suivante :
do mi ré
Si nous transposons cette suite d’une quinte vers le haut, nous obtenons :
sol si la
On constate que les intervalles internes sont identiques avant et après transposition :
Notes originales | Notes transposées |
---|---|
do — mi | sol — si |
mi — ré | si — la |
10.2.1. Raisonnement générique
Fixons une note de référence R à une fréquence choisie FR. Nous pouvons à présent définir un groupe quelconque de notes par :
Notes | : | N1 | N2 | N3 | ... |
Nm |
Écarts | : | E1 | E2 | E3 | ... |
Em |
où les E1, E2, …, Em sont les nombres de demi-tons séparant les notes du groupe de la note de référence R. Plus précisément :
Ek = nombre de demi-tons entre la note Nk et la note de référence R
Si nous transposons ce groupe d’un intervalle contenant D demi-tons, nous obtenons la suite :
Notes | : | T1 | T2 | T3 | ... |
Tm |
Écarts | : | E1 + D | E2 + D | E3 + D | ... |
Em + D |
Choisissons deux notes NA et NB dans la suite originale. Ces notes correspondent aux notes transposées TA et TB, qui forment un intervalle après transposition :
( EB + D ) − ( EA + D ) | = | EB + D − EA − D |
Les D se simplifient, et on a finalement :
EB − EA
qui n’est rien d’autre que l’intervalle avant transposition.
Les intervalles internes au groupe sont donc bien conservés par la transposition.
10.3. Transposition à l’octave
L’octave est l’intervalle le plus important en musique. Il semble donc logique d’examiner en premier les transpositions par octave ascendante ou descendante.
10.3.1. Ascendante
Nous allons transposer les notes naturelles :
do ré mi fa sol la si
d’une octave vers l’aigu. Pour ce faire, on commence par parcourir huit notes en partant de chacune des notes naturelles :
départ | —> | —> | —> | —> | —> | —> | arrivée |
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 |
do | ré | mi | fa | sol | la | si | do |
ré | mi | fa | sol | la | si | do | ré |
mi | fa | sol | la | si | do | ré | mi |
fa | sol | la | si | do | ré | mi | fa |
sol | la | si | do | ré | mi | fa | sol |
la | si | do | ré | mi | fa | sol | la |
si | do | ré | mi | fa | sol | la | si |
On examine ensuite le nombre de demi-tons séparant les notes de départ et d’arrivée :
Départ | Arrivée | Nombre de demi-tons |
---|---|---|
do | do | 12 |
ré | ré | 12 |
mi | mi | 12 |
fa | fa | 12 |
sol | sol | 12 |
la | la | 12 |
si | si | 12 |
Toutes les octaves contiennent 12 demi-tons et sont donc justes.
La transposition par octave ascendante ne nécessite donc aucune altération parmi les notes naturelles.
10.3.2. Descendante
Nous allons transposer les notes naturelles :
do ré mi fa sol la si
d’une octave vers le grave. Pour ce faire, on commence par parcourir huit notes en partant de chacune des notes naturelles :
départ | —> | —> | —> | —> | —> | —> | arrivée |
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 |
do | si | la | sol | fa | mi | ré | do |
ré | do | si | la | sol | fa | mi | ré |
mi | ré | do | si | la | sol | fa | mi |
fa | mi | ré | do | si | la | sol | fa |
sol | fa | mi | ré | do | si | la | sol |
la | sol | fa | mi | ré | do | si | la |
si | la | sol | fa | mi | ré | do | si |
On examine ensuite le nombre de demi-tons séparant les notes de départ et d’arrivée :
Départ | Arrivée | Nombre de demi-tons |
---|---|---|
do | do | 12 |
ré | ré | 12 |
mi | mi | 12 |
fa | fa | 12 |
sol | sol | 12 |
la | la | 12 |
si | si | 12 |
Toutes les octaves contiennent 12 demi-tons et sont donc justes.
La transposition par octave descendante ne nécessite donc aucune altération parmi les notes naturelles.
10.3.3. Conclusion
Une transposition à l’octave ne nécessite aucune altération parmi les notes naturelles.
10.4. Transposition à la quinte
Après l’octave, la quinte est l’intervalle le plus important en musique. Nous allons donc examiner les transpositions par quinte ascendante ou descendante.
10.4.1. Ascendante
Nous allons transposer les notes naturelles :
do ré mi fa sol la si
d’une quinte vers l’aigu. Pour ce faire, on commence par parcourir cinq notes en partant de chacune des notes naturelles :
départ | —> | —> | —> | arrivée |
1 | 2 | 3 | 4 | 5 |
do | ré | mi | fa | sol |
ré | mi | fa | sol | la |
mi | fa | sol | la | si |
fa | sol | la | si | do |
sol | la | si | do | ré |
la | si | do | ré | mi |
si | do | ré | mi | fa |
On examine ensuite le nombre de demi-tons séparant les notes de départ et d’arrivée :
Départ | Arrivée | Nombre de demi-tons |
---|---|---|
do | sol | 7 |
ré | la | 7 |
mi | si | 7 |
fa | do | 7 |
sol | ré | 7 |
la | mi | 7 |
si | fa | 6 |
Toutes les quintes contiennent 7 demi-tons et sont donc justes, à l’exception de la quinte ascendante si — fa qui n’en contient que 6 ; il s’agit donc d’une quinte diminuée.
Comme l’intervalle de transposition doit être strictement le même pour toutes les notes, on doit remédier à cette situation en augmentant de 1 le nombre de demi-tons de la quinte diminuée. On est donc amenés à altérer vers le haut le fa final, qui devient un fa#. La transposition devient alors :
départ | —> | arrivée |
do | sol | |
ré | la | |
mi | si | |
fa | do | |
sol | ré | |
la | mi | |
si | fa# |
La transposition par quinte ascendante ne nécessite donc qu’une seule altération parmi les notes naturelles.
10.4.2. Descendante
Nous allons transposer les notes naturelles :
do ré mi fa sol la si
d’une quinte vers le grave. Pour ce faire, on commence par parcourir cinq notes en partant de chacune des notes naturelles :
départ | —> | —> | —> | arrivée |
1 | 2 | 3 | 4 | 5 |
do | si | la | sol | fa |
ré | do | si | la | sol |
mi | ré | do | si | la |
fa | mi | ré | do | si |
sol | fa | mi | ré | do |
la | sol | fa | mi | ré |
si | la | sol | fa | mi |
On examine ensuite le nombre de demi-tons séparant les notes de départ et d’arrivée :
Départ | Arrivée | Nombre de demi-tons |
---|---|---|
do | fa | 7 |
ré | sol | 7 |
mi | la | 7 |
fa | si | 6 |
sol | do | 7 |
la | ré | 7 |
si | mi | 7 |
Toutes les quintes contiennent 7 demi-tons et sont donc justes, à l’exception de la quinte descendante fa — si qui n’en contient que 6 ; il s’agit donc d’une quinte diminuée.
Comme l’intervalle de transposition doit être strictement le même pour toutes les notes, on doit remédier à cette situation en augmentant de 1 le nombre de demi-tons de la quinte diminuée. On est donc amenés à altérer vers le bas le si final, qui devient un sib. La transposition devient alors :
départ | —> | arrivée |
do | fa | |
ré | sol | |
mi | la | |
fa | sib | |
sol | do | |
la | ré | |
si | mi |
La transposition par quinte descendante ne nécessite donc qu’une seule altération parmi les notes naturelles.
10.4.3. Conclusion
Une transposition à la quinte ne nécessite qu’une seule altération parmi les notes naturelles.
10.5. Combinaison
10.5.1. Introduction
Il est possible de combiner deux ou plusieurs transpositions afin de former une transposition complexe.
Inversément, il est possible de décomposer une transposition simple en passant par une ou plusieurs étapes intermédiaires, ce qui nous donne alors une transposition complexe reproduisant le même résultat.
10.5.2. Deux quintes ascendantes
Nous allons effectuer une double transposition de quinte ascendante sur la série des notes naturelles :
do ré mi fa sol la si
Chaque étape transpose donc ces notes d’une quinte vers l’aigu. La première transposition nous mène à une étape intermédiaire, et la seconde transposition aux notes finales :
départ | —> | intermédiaire | —> | arrivée |
5te ↑ | 5te ↑ | |||
do | sol | ré | ||
ré | la | mi | ||
mi | si | fa# | ||
fa | do | sol | ||
sol | ré | la | ||
la | mi | si | ||
si | fa# | do# |
À ce stade, quelques remarques s’imposent :
- chaque étape nécessite une nouvelle altération, ce qui produit deux altérations au total : fa# et do#
- chaque nouvelle altération produite se situe au même degré dans la
gamme, mais une quinte plus haut
- les altérations suivent donc le cycle des quintes ascendantes
- la transposition combinée équivaut à une transposition simple d’une neuvième majeure ascendante
La neuvième majeure correspondant au redoublement de la seconde majeure, il est possible de décomposer la transposition associée en une octave ascendante suivie d’une seconde majeure ascendante.
Comme la transposition à l’octave n’engendre aucune altération, on en déduit que la transposition d’une seconde majeure ascendante est équivalente, du point de vue des altérations produites, à une transposition combinée de deux quintes ascendantes.
Nous disposons donc d’un procédé permettant de déduire facilement les altérations produites par une transposition d’une seconde majeure vers l’aigu.
10.5.3. Trois quintes ascendantes
On effectue une triple transposition de quinte ascendante sur la série des notes naturelles :
départ | —> | inter 1 | —> | inter 2 | —> | arrivée |
5te ↑ | 5te ↑ | 5te ↑ | ||||
do | sol | ré | la | |||
ré | la | mi | si | |||
mi | si | fa# | do# | |||
fa | do | sol | ré | |||
sol | ré | la | mi | |||
la | mi | si | fa# | |||
si | fa# | do# | sol# |
ce qui donne trois altérations au total : fa#, do#, sol#. Chaque nouvelle altération se produit toujours au même degré mais une quinte plus haut. En conséquence, l’ensemble des altérations suit le cycle des quintes ascendantes.
On remarque que la première note est passée du do au la, c’est-à-dire, à l’octave près, une transposition d’une tierce mineure descendante.
Comme les transpositions à l’octave n’interviennent pas dans les altérations, on en déduit que la transposition d’une tierce mineure descendante est équivalente, du point de vue des altérations produites, à une transposition combinée de trois quintes ascendantes.
10.5.4. Quatre quintes ascendantes
Une quadruple transposition de quinte ascendante sur la série des notes naturelles :
départ | —> | inter 1 | —> | inter 2 | —> | inter 3 | —> | arrivée |
5te ↑ | 5te ↑ | 5te ↑ | 5te ↑ | |||||
do | sol | ré | la | mi | ||||
ré | la | mi | si | fa# | ||||
mi | si | fa# | do# | sol# | ||||
fa | do | sol | ré | la | ||||
sol | ré | la | mi | si | ||||
la | mi | si | fa# | do# | ||||
si | fa# | do# | sol# | ré# |
produit quatre altérations au total : fa#, do#, sol#, ré#. Ces altérations suivent le cycle des quintes.
On remarque que la première note est passée du do au mi, c’est-à-dire, à l’octave près, une transposition d’une tierce majeure ascendante.
Comme les transpositions à l’octave n’interviennent pas dans les altérations, on en déduit que la transposition d’une tierce majeure ascendante est équivalente, du point de vue des altérations produites, à une transposition combinée de quatre quintes ascendantes.
10.5.5. Cinq quintes ascendantes
Une quintuple transposition de quinte ascendante sur la série des notes naturelles :
départ | —> | arrivée |
do | si | |
ré | do# | |
mi | ré# | |
fa | mi | |
sol | fa# | |
la | sol# | |
si | la# |
produit cinq altérations au total : fa#, do#, sol#, ré#, la#. Ces altérations suivent le cycle des quintes.
On remarque que la première note est passée du do au si, c’est-à-dire, à l’octave près, une transposition d’une seconde mineure descendante
Comme les transpositions à l’octave n’interviennent pas dans les altérations, on en déduit que la transposition d’une seconde mineure descendante est équivalente, du point de vue des altérations produites, à une transposition combinée de cinq quintes ascendantes.
10.5.6. Six quintes ascendantes
Une sextuple transposition de quinte ascendante sur la série des notes naturelles :
départ | —> | arrivée |
do | fa# | |
ré | sol# | |
mi | la# | |
fa | si# | |
sol | do# | |
la | ré# | |
si | mi# |
produit six altérations au total : fa#, do#, sol#, ré#, la#, /mi#. Ces altérations suivent le cycle des quintes.
On remarque que la première note est passée du do au fa#, c’est-à-dire, à l’octave près, une transposition d’une quarte augmentée ascendante
Comme les transpositions à l’octave n’interviennent pas dans les altérations, on en déduit que la transposition d’une quarte augmentée ascendante est équivalente, du point de vue des altérations produites, à une transposition combinée de six quintes ascendantes.
10.6. Récapitulation
10.6.1. Quintes ascendantes
Nous disposons des équivalences suivantes :
Transposition simple | Équivalent combiné | Nombre |
---|---|---|
d’altérations | ||
5te ascendante | 1 x 5te ascendante | 1 |
2de M ascendante | 2 x 5te ascendante | 2 |
3ce m descendante | 3 x 5te ascendante | 3 |
3ce M ascendante | 4 x 5te ascendante | 4 |
2de m descendante | 5 x 5te ascendante | 5 |
4te aug ascendante | 6 x 5te ascendante | 6 |
Les altérations produites suivent le cycle des quintes ascendantes :
fa# do# sol# ré# la# mi# si# …
Pour une transposition de N quintes ascendantes, il suffit d’utiliser les N premières altérations de ce cycle, en commençant par le fa#.
10.6.2. Quintes descendantes
En combinant des transpositions de quintes descendantes, on arrive aux équivalences suivantes :
Transposition simple | Équivalent combiné | Nombre |
---|---|---|
d’altérations | ||
5te descendante | 1 x 5te descendante | 1 |
2de M descendante | 2 x 5te descendante | 2 |
3ce m ascendante | 3 x 5te descendante | 3 |
3ce M descendante | 4 x 5te descendante | 4 |
2de m ascendante | 5 x 5te descendante | 5 |
4te aug descendante | 6 x 5te descendante | 6 |
Les altérations produites suivent le cycle des quintes descendantes :
sib mib lab réb solb dob fab …
Pour une transposition de N quintes descendantes, il suffit d’utiliser les N premières altérations de ce cycle, en commençant par le sib.
11. Gamme
11.1. Définition
Une gamme est une suite de notes parcourant une octave, ordonnées de la plus grave à la plus aiguë. La gamme sert de fondation au développement de la musique.
Synonyme : échelle.
Remarque : une gamme étant un cas particulier de suite croissante, leurs notes sont présentées avec octave implicite.
11.2. Nombre de notes
11.2.1. Heptaphonique
Une gamme heptaphonique contient sept notes.
Synonyme : gamme heptatonique.
Exemple :
do ré mi fa sol la si
Ces échelles sont les plus utilisées, car elles sont relativement complètes tout en permettant un contraste entre :
- les notes de la gamme
- les autres notes, utilisées occasionnellement, et obtenues en ajoutant ou en supprimant des altérations
Dans la suite de ce traité, les gammes sont heptaphoniques par défaut.
11.2.2. Pentaphonique
Une gamme pentaphonique contient cinq notes.
Synonyme : gamme pentatonique.
On construit une gamme pentaphonique en partant d’une note choisie et en parcourant le cycle des quintes jusqu’à inclure cinq notes.
Exemple en partant dé do :
do ré mi sol la
11.2.2.1. Inclusion
Pour obtenir une gamme heptaphonique qui contient une gamme pentaphonique donnée, il suffit de continuer à parcourir le cycle des quintes pour ajouter deux notes supplémentaires.
Inversément, une oeuvre musicale construite sur une gamme heptaphonique peut contenir des passages utilisant préférentiellement les notes d’une gamme pentaphonique incluse.
11.2.3. Tétraphonique
Une gamme tétraphonique contient quatre notes.
Synonyme : gamme tetratonique.
On construit une gamme tétraphonique en partant d’une note choisie et en parcourant le cycle des quintes jusqu’à inclure quatre notes.
Exemple en partant dé do :
do ré sol la
11.2.4. Hexaphonique
Une gamme hexaphonique contient six notes.
Synonyme : gamme hexatonique.
Exemple, la gamme par tons qui part dé do :
do ré mi fa# sol# la#
11.2.5. Dodécaphonique
Une gamme dodécaphonique contient les 12 demi-tons de l’octave.
Synonymes : gamme dodécatonique, gamme chromatique.
Exemple en partant de do :
do do# ré ré# mi fa fa# sol sol# la la# si
ou encore, son équivalent enharmonique :
do réb ré mib mi fa solb sol lab la sib si
Ce genre d’échelle ne permet pas de contraster les notes de la gamme avec celles n’en faisant pas partie, car toutes les possibilités d’altérations y sont déjà présentes.
11.3. Degrés
Les notes d’une gamme sont comptées à partir d’une note de référence qui devient le degré 1. Les notes suivantes correspondent aux degrés 2 à 7, de la note la plus grave à la plus aiguë.
Le tableau suivant nous montre un exemple de gamme construite en choisissant do comme premier degré :
degrés | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 |
notes | do | ré | mi | fa | sol | la | si |
11.4. Octaves
Pour ne pas se limiter à une seule octave, une gamme peut être répétée autant que nécessaire dans l’aigu et dans le grave.
L’exemple suivant nous montre une gamme étendue sur plusieurs octaves, avec un do comme premier degré et les notes les plus graves en bas du tableau :
Octave | Degré | Notes |
---|---|---|
... |
... |
... |
2 | 7 | si |
2 | 6 | la |
2 | 5 | sol |
2 | 4 | fa |
2 | 3 | mi |
2 | 2 | ré |
2 | 1 | do |
1 | 7 | si |
1 | 6 | la |
1 | 5 | sol |
1 | 4 | fa |
1 | 3 | mi |
1 | 2 | ré |
1 | 1 | do |
... |
... |
... |
11.5. Nomenclature des degrés
On attribue un nom à chaque note de la gamme.
Les exemples de cette section utilisent une gamme construite en utilisant un la comme note de référence :
degrés | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 |
notes | la | si | do | ré | mi | fa | sol |
11.5.1. Tonique
La tonique, degré 1 et fondation de la gamme, est la note la plus importante, celle qui donne le ton.
Dans notre exemple, la tonique est un la.
La tonique est aussi appelée finale, car c’est généralement elle qui marque la fin d’une section musicale.
11.5.2. Dominante
Une quinte au-dessus de la tonique se trouve la dominante, degré 5 de la gamme.
Par exemple, si la tonique est un la, la dominante sera un mi.
La dominante est aussi appelée teneur, car elle servait autrefois de palier dans les phases de récitation des chants grégoriens.
11.5.3. Sous-dominante
Une quinte en-dessous de la tonique se trouve la sous-dominante, degré 4 de la gamme.
Par exemple, si la tonique est un la, la sous-dominante sera un ré.
11.5.4. Médiante
Le degré 3 est appelé médiante car il coupe en deux la quinte séparant la tonique de la dominante.
noms | : | tonique | <— | 3ce | —> | médiante | <— | 3ce | —> | dominante |
degrés | : | 1 | <— | 3ce | —> | 3 | <— | 3ce | —> | 5 |
Par exemple, si la tonique est un la, la médiante sera un do.
11.5.5. Sus-tonique
Le degré 2 est appelé sus-tonique, parce qu’il est situé un degré au-dessus de la tonique.
Par exemple, si la tonique est un la, la sus-tonique sera un mi.
11.5.6. Sous-tonique
Le degré 7 est appelé sous-tonique, parce qu’il est situé un degré en-dessous de la tonique.
Par exemple, si la tonique est un la, la sous-tonique sera un sol.
11.5.7. Sus-dominante, sous-médiante
Le degré 6 est appelé sus-dominante car il est situé un degré au-dessus de la dominante.
Le degré 6 est aussi appelé sous-médiante car il coupe en deux la quinte séparant la tonique de la sous-dominante :
noms | : | sous-dominante | <— | 3ce | —> | sous-médiante | <— | 3ce | —> | tonique |
degrés | : | 4 | <— | 3ce | —> | 6 | <— | 3ce | —> | 1 |
Par exemple, si la tonique est un la, la sus-dominante sera un fa.
11.5.8. Tableau récapitulatif
Degré | Nom | Nom alternatif | Abréviation |
---|---|---|---|
1 | tonique | T | |
2 | sus-tonique | Tsup | |
3 | médiante | Méd | |
4 | sous-dominante | SD | |
5 | dominante | D | |
6 | sus-dominante | sous-médiante | Dsup |
7 | sous-tonique | Tinf |
11.6. Quintes et tierces
Le tableau suivant met en évidence les intervalles de quintes (ligne par ligne) et de tierces (zig-zag) qui séparent les degrés de la gamme :
4 | 1 | 5 | ||||
2 | 6 | 3 | 7 |
Exemple avec la pour tonique :
ré | la | mi | ||||
si | fa | do | sol |
12. Modes
12.1. Introduction
L’ensemble des intervalles qui séparent les notes d’une gamme de la tonique va produire une couleur musicale particulière : c’est ce qu’on appelle le mode.
Fixer les intervalles des notes par rapport à la tonique ou entre notes consécutives de la gamme est équivalent. C’est donc aussi le mode qui définit les écarts entre les notes consécutives.
Puisque le mode fixe les intervalles, une gamme est pleinement définie par la tonique et le mode qui la caractérisent.
12.2. Gamme modèle
Une gamme modèle est une gamme de référence qui permet de définir les intervalles d’un mode.
D’autres gammes du même mode peuvent alors être construites en partant d’une autre tonique et en respectant les mêmes intervalles.
12.3. Modes naturels
Les gammes modèles des modes naturels sont obtenues en choisissant comme tonique une note naturelle quelconque et en n’altérant aucune note :
Mode | Nom médiéval | Gamme modèle |
---|---|---|
mode de si | locrien | si do ré mi fa sol la si |
mode de mi | phrygien | mi fa sol la si do ré mi |
mode de la | éolien | la si do ré mi fa sol la |
mode de ré | dorien | ré mi fa sol la si do ré |
mode de sol | mixolydien | sol la si do ré mi fa sol |
mode de do | ionien | do ré mi fa sol la si do |
mode de fa | lydien | fa sol la si do ré mi fa |
Remarque : la nomenclature médiévale provient d’une interprétation erronée des modes grecs. Elle est toutefois fort pratique pour distinguer les modes naturels, et est encore largement utilisés aujourd’hui.
12.4. Nomenclature des gammes
On nomme une gamme en écrivant la tonique puis le mode.
Par exemple, une gamme de tonique sol et de mode ionien se nommera sol ionien ou encore sol, mode de do. Pour respecter les intervalles internes de la gamme modèle du mode ionien, cette gamme devra comporter une altération :
sol la si do ré mi fa# sol
12.5. Transpositions
Il est possible de transposer une gamme naturelle sur une autre tonique. Comme la transposition respecte les intervalles internes, le mode ne sera pas altéré.
12.5.1. Par quintes ascendantes
Lorsqu’on transpose la gamme modèle du mode de do :
do ré mi fa sol la si do
d’une quinte vers le haut, on obtient :
sol la si do ré mi fa# sol
soit une altération haussière du degré 4 de l’ancienne gamme, qui correspond au degré 7 de la nouvelle.
En continuant à parcourir les toniques séparées par des quintes ascendantes, on est amené à hausser chaque fois le degré 4 de l’ancienne gamme, ce qui nous donne un ordre des altérations haussières progressant également par quintes ascendantes :
fa, do, sol, ré, la, mi, si
On peut suivre le même procédé avec la gamme modèle de n’importe quel mode naturel, on constate que l’ordre des altérations haussières est toujours le même.
12.5.2. Par quintes descendantes
Lorsqu’on transpose la gamme modèle du mode de do :
do ré mi fa sol la si do
d’une quinte vers le bas, on obtient :
fa sol la sib do ré mi fa
soit une altération baissière du degré 7 de l’ancienne gamme, qui correspond au degré 4 de la nouvelle.
En continuant à parcourir les toniques séparées par des quintes descendantes, on est amené à baisser chaque fois le degré 7 de l’ancienne gamme, ce qui nous donne un ordre des altérations baissières progressant également par quintes descendantes :
si, mi, la, ré, sol, do, fa
On peut suivre le même procédé avec la gamme modèle de n’importe quel mode naturel, on constate que l’ordre des altérations haussières est toujours le même.
12.5.3. Généralisation
On peut utiliser le cycle des quintes pour déduire les altérations de n’importe quelle gamme d’un mode naturel.
Par exemple, si on souhaite connaître les altérations de la gamme de la ionien, on part de la gamme modèle do ionien et on parcourt le cycle des quintes ascendantes pour passer de la tonique do à la tonique la :
do — sol — ré — la
On doit effectuer trois transpositions d’une quinte ascendante. La gamme de la ionien aura donc trois altérations haussières :
fa# do# sol#
Autre exemple, si on souhaite connaître les altérations de la gamme de sol éolien, on part de la gamme modèle la éolien et on parcourt le cycle des quintes descendantes pour passer de la tonique la à la tonique sol :
la — ré — sol
On doit effectuer deux transpositions d’une quinte descendante. La gamme de sol éolien aura donc deux altérations baissières :
sib mib
⁂
Le tableau de la section de récapitulation concernant les transpositions par combinaison de quintes peut également nous aider.
Si on souhaite connaître les altérations de la gamme de ré ionien, on doit partir de la gamme modèle do ionien. La tonique passe de do à ré, soit une 2de M ascendante. Le tableau nous indique que cet intervalle correspond à deux quintes ascendantes, et donc à deux altérations haussières : fa# et do#.
Si on souhaite connaître les altérations de la gamme de fa éolien, on doit partir de la gamme modèle la éolien. La tonique passe de la à fa, soit une 3ce M descendante. Le tableau nous indique que cet intervalle correspond à quatre quintes descendantes, et donc à quatre altérations baissières : sib, mib, lab, réb.
12.6. Relatif
Deux gammes construites à partir des mêmes notes et des mêmes altérations mais dont les toniques diffèrent sont dites gammes relatives ou relatifs. Trouver un relatif consiste donc à faire tourner une gamme pour changer de tonique. Par exemple, la gamme de fa lydien :
fa sol la si do ré mi fa
est le relatif lydien de la gamme de si locrien :
si do ré mi fa fa sol la
Autre exemple, la gamme de sol ionien :
sol la si do ré mi fa# sol
est le relatif ionien de la gamme de mi éolien :
mi fa# sol la si do ré mi
Dans le cas particulier d’un mode naturel, les gammes relatives se situent par conséquent sur une même ligne dans les tableaux des transpositions.
13. Portées
13.1. Introduction
Une note de musique peut être représentée par un petit cercle dessiné sur un ensemble de lignes horizontales parallèles appelé portée. Le bas de la portée correspond aux notes les plus graves, et le haut aux notes les plus aiguës. Les notes s’écrivent chronologiquement de gauche à droite, en commençant par la portée en haut de la page, puis la deuxième en partant du haut, etc. Il s’agit donc d’une convention analogue à celle de l’écriture.
13.2. Lignes
On numérote les lignes de bas en haut.
Sur une portée classique de 5 lignes :
- la première ligne est la plus basse
- la cinquième ligne est la plus haute
Les notes triées de la plus grave à la plus aiguë s’écriront :
- sous la première ligne
- sur la première ligne
- entre la première et la deuxième ligne
- sur la deuxième ligne
- entre la deuxième et la troisième ligne
- sur la troisième ligne
- entre la troisième et la quatrième ligne
- sur la quatrième ligne
- entre la quatrième et la cinquième ligne
- sur la cinquième ligne
- au-dessus de la cinquième ligne
13.3. Lignes temporaires
Il est possible d’ajouter des lignes temporaires en-dessous ou au-dessus de la portée pour étendre le registre vers l’aigu ou vers le grave. Les notes triées de la plus grave à la plus aiguë s’écrivent alors :
- …
- sous la deuxième ligne temporaire inférieure
- sur la deuxième ligne temporaire inférieure
- sous la première ligne temporaire inférieure
- sur la première ligne temporaire inférieure
- sous la première ligne
- sur la première ligne
- …
- sur la cinquième ligne
- au-dessus de la cinquième ligne
- sur la première ligne temporaire supérieure
- au-dessus de la première ligne temporaire supérieure
- sur la deuxième ligne temporaire supérieure
- au-dessus de la deuxième ligne temporaire supérieure
- …
On trace autant de lignes temporaires que nécessaire, mais pas plus.
13.4. Clefs
Une clef est un symbole figurant au début de la portée et permettant de repérer une note de référence. Les autres notes de la portée s’en déduisent alors aisément. Voici les différents types de clés utilisées :
- une clé d’ut donne la position sur la portée du do3
- une clé de sol donne la position sur la portée du sol3, situé une quinte plus haut que la clef d’ut
- une clé de fa donne la position sur la portée du fa2, situé une quinte plus bas que la clef d’ut
soit :
fa2 < do3 < sol3 < la3 de fréquence 440 Hz
En considérant des intervalles purs, on a :
- le do une sixte majeure plus bas que le la, de fréquence 440 x 3 / 5 = 264 Hz
- le sol une quinte plus haut que le do, de fréquence 264 x 3 / 2 = 396 Hz
- le fa une quinte plus bas que le do, de fréquence 264 x 2 / 3 = 176 Hz
13.4.1. Position de la clé
Suivant la position de la clé sur la portée, la hauteur des notes va naturellement varier. Voici les principales clefs utilisées, ainsi que leur position en partant du bas de la portée :
Nom de la clef | Note de référence | Position |
---|---|---|
française | sol | 1ère ligne |
aiguë | sol | 2e ligne |
soprano | ut (do) | 1ère ligne |
mezzo-soprano | ut | 2e ligne |
alto | ut | 3e ligne |
ténor | ut | 4e ligne |
baryton | ut | 5e ligne |
baryton | fa | 3e ligne |
basse | fa | 4e ligne |
infra-basse | fa | 5e ligne |
La clef de sol première ligne est celle qui permet de représenter les notes les plus aiguës, tandis que la clef de fa cinquième ligne est celle qui permet de représenter les notes les plus graves.
Les clefs les plus utilisées sont :
- la clef de sol 2e ligne
- la clef d’ut 3e ligne
- la clef de fa 4e ligne
13.4.2. Changement de clef
Un changement de clef peut s’opérer en cours de portée. On place alors le nouveau symbole à l’endroit choisi.
13.4.3. Lecture de la clef
Intervalles vers le haut (+) ou vers le bas (-) depuis une clef de référence vers une autre, pour une note de même position sur la portée.
Une cellule de tableau vide signifie qu’il n’y a aucun changement.
clef | reference | ||
---|---|---|---|
aiguë | basse | ||
française | sol 1ère ligne | + 3ce | (+ 2 x 8ve) |
aiguë | sol 2e ligne | - 3ce (+ 2 x 8ve) | |
soprano | ut 1ère ligne | - 3ce | - 5te (+ 2 x 8ve) |
mezzosoprano | ut 2e ligne | - 5te | + 2de (+ 8ve) |
alto | ut 3e ligne | + 2de (- 8ve) | - 2de (+ 8ve) |
tenor | ut 4e ligne | - 2de (- 8ve) | - 4te (+ 8ve) |
baryton | ut 5e ligne | - 4te (- 8ve) | + 3ce |
fa 3e ligne | - 4te (- 8ve) | + 3ce | |
basse | fa 4e ligne | + 3ce (- 2 x 8ve) | |
infra-basse | fa 5e ligne | (- 2 x 8ve) | - 3ce |
Par exemple, si vous lisez un do en clef aiguë, vous devez descendre d’une tierce vers le la inférieur pour le lire en clef de soprano. Pour le lire en clef d’alto, vous devez monter d’une seconde vers le ré, puis descendre d’une octave.