Eclats de vers : Musica 03 : Luth

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Table des matières

1. Introduction

Il est possible de développer une analogie très poussée entre le monde du théâtre et celui de la musique. Ainsi, une belle mélodie jouée en solo, procurant un sentiment d’intimité et de simplicité, est comparable à un personnage qui s’adonne au monologue, au soliloque ou à l’aparté. Lorsque plusieurs protagonistes entament un dialogue, plusieurs mélodies sont jouées simultanément, faisant ainsi naître une polyphonie. Ici, le décor harmonique est dynamique, et chaque ligne mélodique contribue à le faire évoluer. Certaines voix musicales prennent tour à tour un rôle plus actif dans la causerie. Tantôt en concorde, tantôt en discorde, toute la troupe bouillonne de thèmes et d’idées qui se baladent de main en main, tissant ainsi la trame de l’histoire. Lorsque les Muses apparaîssent au centre de cette table ronde, une magie collective émerge des voix, dans toute la splendeur de sa virtuosité collective. Fidèles à cette riche tradition, nous introduisons les concepts qui permettent d’explorer la dualité, ce fragile mais féerique équilibre entre les dimensions mélodiques et harmoniques d’une polyphonie.

2. Mélodie & Harmonie

2.1. Introduction

Une mélodie est un ensemble de notes jouées successivement.

Une harmonie est un ensemble de notes jouées simultanément.

2.2. Intervalle mélodique

Un intervalle mélodique est un intervalle dont les deux notes sont jouées successivement.

Le cas échéant, on qualifiera un intervalle particulier de mélodique.

Par exemple, une quarte mélodique est un intervalle mélodique de quarte.

2.2.1. Unisson

Un unisson mélodique consiste à répéter la même note.

Si les deux notes de l’unisson sont connectées par une liaison rythmique, on entend une seule note, de durée plus longue. Dans le cas contraire, la note est jouée deux fois.

2.3. Intervalle harmonique

Un intervalle harmonique est un intervalle dont les deux notes sont jouées simultanément.

Le cas échéant, on qualifiera un intervalle particulier d’harmonique.

Par exemple, une quinte harmonique est un intervalle harmonique de quinte.

2.3.1. Plaqué

On dit qu’un intervalle harmonique est plaqué ou frappé si les deux notes sont entamées simultanément.

2.3.2. Unisson

Un unisson harmonique consiste à faire jouer la même note simultanément par deux instruments différents.

2.4. Sensible

Une sensible est une note située à une distance d’un demi-ton de la tonique, ce qui crée une attraction mélodique vers cette dernière.

La tonique correspondant au degré 1, les notes qui l’entourent sont situées aux degrés 2 et 7.

Lorsque le degré 7 n’est séparé de la tonique que par un demi-ton, il est appelé sensible inférieure.

Lorsque le degré 2 n’est séparé de la tonique que par un demi-ton, il est appelé sensible supérieure.

Exemples :

  • si la tonique est un do, le si sera une sensible inférieure
  • si la tonique est un mi, le fa sera une sensible supérieure

2.5. Étendue

Un ambitus est une plage de notes limitée par la note la plus aiguë et la note la plus grave d’une mélodie.

En musique vocale, une tessiture est l’étendue des notes qu’un interprète est capable de chanter sans forcer sa voix. Les voici, classées du plus aigu au plus grave :

  • soprano
  • mezzo-soprano
  • alto
  • contre
  • ténor
  • baryton
  • basse

Remarques :

  • la voix de contre est appelée ainsi car elle vient chanter près du ténor, ou près de l’alto
    • elle est aussi nommée, avec des nuances, haute-contre, contralto ou contreténor
  • on parle aussi de tessiture pour désigner la plage de notes qu’un instrument peut jouer

Un registre est une plage de notes limitée dans l’aigu et le grave. Ce mot regroupe plusieurs notions connexes. Ainsi :

  • un registre peut être grave, moyen, haut ou aigu suivant la position relative des notes qu’il contient
  • un registre peut correspondre à l’aspect plus ou moins aigu ou grave d’une mélodie
    • on peut comparer plusieurs mélodies d’après leurs registres relatifs
  • le registre d’un instrument est l’étendue des notes qu’il est possible de jouer sur cet instrument
  • un orgue possède plusieurs jeux de tuyaux aux timbres distincts, un peu comme un orchestre où chaque jeu correspond à un instrument. Un registre désigne alors une commande permettant d’activer un de ces jeux.

2.6. Motif

Un motif est un fragment de mélodie jouée à un rythme donné. Un motif résulte donc de l’association d’une suite de notes avec une structure rythmique.

Exemple de motif :

mélodie : do sol fa
rythme : B B N N

2.6.1. Thème

Un thème est un motif élaboré et reconnaissable, ce qui permet de le repérer aisément à chaque fois qu’il est joué.

2.7. Anacrouse

Lorsque la première mesure d’un morceau est incomplète, on la nomme anacrouse. Cette première mesure est alors constituée de notes précédent le premier temps fort de la musique, ce qui provoque un décalage entre la mélodie et le rythme.

Notons que l’anacrouse n’est pas obligatoire : la mélodie peut démarrer au début d’une mesure.

3. Mouvements mélodiques

3.1. Introduction

Les mouvements mélodiques analysent les intervalles d’une mélodie.

3.2. Direction

Un intervalle mélodique est dit :

  • ascendant si la deuxième note est plus aiguë que la première
  • descendant si la deuxième note est plus grave que la première

3.3. Mouvement constant & variable

Un mouvement constant est un unisson mélodique : la même note est répétée.

Tous les autres intervalles mélodiques sont des mouvements variables.

3.4. Mouvement conjoint

Un mouvement conjoint est un intervalle mélodique d’unisson ou de seconde. Rentrent donc dans cette catégorie :

  1. l’unisson mélodique, ou répétition d’une même note
  2. la seconde mineure mélodique
  3. la seconde majeure mélodique

En tenant compte du caractère ascendant ou descendant, on obtient les intervalles conjoints suivant :

  • la seconde majeure ascendante
  • la seconde mineure ascendante
  • l’unisson
  • la seconde mineure descendante
  • la seconde majeure descendante

3.4.1. Constant ou variable

On distingue :

  • le mouvement conjoint constant, ou plus simplement mouvement constant, identique à l’unisson mélodique
  • le mouvement conjoint variable, qui procède par seconde majeure ou mineure

3.4.2. Notes conjointes

Deux notes sont dites conjointes si elles forment un intervalle d’unisson ou de seconde.

3.4.3. Continuité

Une mélodie qui ne présente que des mouvements conjoints est dite continue. Une mélodie constituée d’une majorité de mouvements conjoints est dite majoritairement continue.

3.5. Mouvement disjoint

Un mouvement disjoint est un intervalle mélodique non conjoint. Rentrent donc dans cette catégorie :

  • les tierces
  • les quartes
  • les quintes
  • les sixtes
  • les septièmes
  • les octaves
  • les neuvièmes
  • ...

et ce quel que soit leur qualificatif : juste, majeur, mineur, augmenté, diminué, sur-augmenté ou sur-diminué.

3.5.1. Notes disjointes

Deux notes sont dites disjointes si elles ne sont pas conjointes. Autrement dit, elles forment un intervalle d’au moins une tierce.

3.5.2. Discontinuité

Un mouvement disjoint provoque un saut, une discontinuité dans une mélodie.

3.6. Mouvement chromatique

Un mouvement chromatique est constitué de trois notes. La première fait partie de la gamme en cours (tonique et mode), la seconde est altérée d’un demi-ton et la troisième poursuit le mouvement d’un demi-ton dans la même direction afin d’atteindre la note voisine de la gamme. Les notes initiale et finale doivent donc être séparées d’un ton entier.

Exemple de mouvement chromatique ascendant dans la gamme de do ionien :

ré ré# mi

Exemple de mouvement chromatique descendant :

la lab sol

4. Intervalles harmoniques

4.1. Introduction

La classification des intervalles harmoniques s’appuie sur la série des harmoniques naturelles.

Les premiers intervalles rencontrés dans la série procurent une sensation de douceur, d’équilibre, de plénitude. Ils sont qualifiés de consonants.

Les intervalles suivants sont qualifiés de dissonants.

Analysons par exemple le début d’une série d’harmoniques naturelles de note fondamentale do :

Notes : do do sol do mi sol sib do mi fa# sol ...
Numéros : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 ...

Nous réduisons la série aux six premières notes, auxquelles on ajoute les redoublements d’octave :

Notes : do do sol do mi sol do
Numéros : 1 2 3 4 5 6 8

et nous considérons comme consonants tous les intervalles harmoniques qui y sont présents :

Intervalle Note I Note II
harmonique    
unisson 1 1
octave 1 2
quinte 2 3
quarte 3 4
tierce majeure 4 5
tierce mineure 5 6
sixte majeure 3 5
sixte mineure 5 8

Les autres intervalles de la série complète sont dissonants :

Intervalle Note I Note II
harmonique    
septième mineure 4 7
seconde majeure 8 9
quarte augmentée 8 11

Les autres intervalles sont également considérés comme dissonants :

  • septième majeure
  • seconde mineure

En ce qui concerne les intervalles augmentés ou diminués, cela dépend de leur enharmonie. Par exemple, une seconde augmentée est enharmonique à une tierce mineure et peut de ce point de vue être considérée comme consonante. Malgré tout, comme elle est produite en ajoutant au moins une altération, elle peut brouiller la lisibilité de la gamme en cours et doit être utilisée avec précaution et modération. Autre exemple, la sixte augmentée, enharmonique à une septième mineure, qui peut donc être considérée comme dissonante.

4.2. Consonances

Les intervalles consonants se subdivisent en consonances parfaites, intermédiaires et imparfaites en fonction de leur ordre d’apparition dans la série des harmoniques naturelles.

Il est important de souligner que les termes « consonance intermédiaire » et « consonance imparfaite » ne signifient pas que ces intervalles sonnent moins bien que les consonances parfaites. Ces dernières produisent des sons plus épurés, car leurs notes se ressemblent plus, tandis que les autres consonances produisent un son plus riche.

Le tableau suivant donne la liste des intervalles consonants :

Consonances Intervalles harmoniques
consonances parfaites unisson
  octave
  quinte
consonances intermédiaires quarte
consonances imparfaites tierce majeure
  tierce mineure
  sixte majeure
  sixte mineure

4.3. Dissonances

Les intervalles dissonants sont ceux qui ne sont pas consonants. Ils se subdivisent en dissonances imparfaites, intermédiaires et parfaites.

Le tableau suivant donne la liste des intervalles dissonants :

Dissonances Intervalles harmoniques
dissonances imparfaites septième mineure
  seconde majeure
dissonances intermédiaires quarte augmentée
dissonances parfaites septième majeure
  seconde mineure

4.4. Redoublements

Considérons les notes consonantes d’une série d’harmoniques naturelles de fondamentale do :

Notes : do do sol do mi sol do
Numéros : 1 2 3 4 5 6 8

Cette série est consonante, ainsi que tous les intervalles qui y sont présents.

Si nous examinons les intervalles supérieurs à l’octave qui apparaissent, nous obtenons :

Intervalle harmonique Note I Note II
douzième 1 3
quinzième 1 4
dixième majeure 2 5

Les intervalles simplifiés s’écrivent :

Intervalle Simplifié
dixième majeure tierce majeure
douzième quinte
quinzième octave

Les redoublements de la tierce majeure, de la quinte et de l’octave sont donc également consonants. Il ne nous manque que la quarte et la tierce mineure pour compléter la liste des consonances.

Nous généralisons ce résultat en considérant que :

  • le redoublement d’un intervalle consonant est également consonant
  • le redoublement d’un intervalle dissonant est également dissonant

Ce qui nous mène au principe d’équivalence suivant : ajouter ou retirer une ou plusieurs octaves à un intervalle harmonique ne modifie pas son caractère consonant ou dissonant.

4.5. Renversements

Le renversement ne modifie pas le caractère consonant ou dissonant d’un intervalle harmonique :

  Intervalle Renversement
  harmonique  
consonances unisson octave
  octave unisson
  quinte quarte
  tierce sixte
  sixte tierce
dissonances seconde septième
  septième seconde

5. Polyphonie

5.1. Introduction

Une polyphonie est une superposition de plusieurs mélodies jouées simultanément par différents instruments ou groupes d’instruments. Chacune de ces mélodies est aussi appelée voix, partie, ligne ou encore ligne mélodique.

Attention à ne pas confondre la notion de voix, synonyme de ligne mélodique, avec la voix humaine, qui peut être considérée comme un instrument de musique. En tant que ligne mélodique, une voix peut donc être interprétée par un instrument quelconque : violon, voix humaine, flûte, etc.

5.1.1. Instrument polyphonique

Un instrument polyphonique est un instrument capable de jouer simultanément plusieurs lignes mélodiques. Les plus célèbres d’entre-eux sont les instruments à clavier comme le clavecin ou le piano. L’orgue dispose en plus d’un pédalier, permettant ainsi de jouer avec les pieds et les mains.

Le luth, la guitare et autres instruments similaires permettent également de jouer plusieurs notes à la fois.

5.1.2. Plusieurs instruments par voix

Il peut arriver que plusieurs chanteurs ou instruments interprètent la même mélodie, du début à la fin de la partition. Dans ce cas, on considère qu’il s’agit d’une seule et même voix de la polyphonie.

5.2. Horizontal & Vertical

Une mélodie correspond à la dimension horizontale d’une polyphonie, à savoir les notes qui sont jouées consécutivement sur une voix.

Une harmonie correspond à la dimension verticale d’une polyphonie, à savoir les notes qui sont jouées à un instant donné sur les voix.

Dans une polyphonie, deux notes quelconques peuvent être jouées :

  • consécutivement (sur la même voix ou sur deux voix différentes)
  • simultanément (sur deux voix différentes)
  • avec simultanéité partielle
    • les deux débutent au même moment, l’une s’arrête avant l’autre
    • les deux finissent au même moment, l’une débute avant l’autre
    • l’une commence et finit avant l’autre
    • l’une débute avant et finit après l’autre
    • l’une commence avant et finit après l’autre

5.3. Portées

5.3.1. Voix

Une portée contient en général une ou deux voix.

Lorsque deux voix sont présentes, les hampes des notes :

  • de la voix supérieure sont orientées vers le haut
  • de la voix inférieure sont orientées vers le bas

5.3.2. Système

Un système est un groupe de portées jouées simultanément par un ou plusieurs instruments.

5.3.3. Partition

Une partition est un ensemble de portées, ou de systèmes de portées, contenant les notes et les indications grâce auxquelles les musiciens vont pouvoir jouer une oeuvre musicale.

5.4. Notation

Dans ce traité, nous représentons une polyphonie par une superposition de voix. Il s’agit en quelque sorte d’un tableau où chaque voix occupe une ligne. Les voix sont disposées de la plus aiguë à la plus grave, de haut en bas du tableau. Une voix située au-dessus d’une autre est donc normalement plus aiguë. Précisons que chaque colonne du tableau contient des notes jouées simultanément.

Voici un exemple :

Va : a1 a2 a3 a4 ...
Vb : b1 b2 b3 b4 ...
Vc : c1 c2 c3 c4 ...
... ... ... ... ... ... ...

où :

  • Va, Vb, Vc, ... sont les noms donnés à chacune des voix
  • a1, a2, a3, a4 ; b1, b2, b3, b4 ; c1, c2, c3, c4, ... sont les notes jouées

Les notes a1, a2, a3, a4 sont donc jouées consécutivement tandis que les notes a1, b1, c1 sont jouées simultanément.

5.4.1. Thèmes

On peut aussi représenter la musique comme une suite de thèmes mélodiques, chacun étant constitué de plusieurs notes. Dans ce cas, on symbolise chaque thème par une lettre majuscule et on représente la polyphonie par :

Va : A1 A2 A3 A4 ...
Vb : B1 B2 B3 B4 ...
Vc : C1 C2 C3 C4 ...
... ... ... ... ... ... ...

où :

  • Va, Vb, Vc, ... sont les noms donnés à chacune des voix
  • A1, A2, A3, A4 ; B1, B2, B3, B4 ; C1, C2, C3, C4, ... sont les noms donnés aux thèmes

Les thèmes A1, A2, A3, A4 sont donc joués consécutivement tandis que les thèmes A1, B1, C1 sont joués simultanément.

5.4.2. Silences

Une voix momentanément silencieuse est représentée par un tiret, comme la voix V dans :

V : A1 A4 ...
W : B1 B2 B3 B4 ...
... ... ... ... ... ... ...

5.4.3. Case vide

Une case vide dans le tableau polyphonique signifie que le contenu est indéterminé : note, motif mélodique ou silence, suivant les cas.

Le contenu des cases vides n’a en fait pas d’importance dans la compréhension ce que l’on souhaite illustrer par le tableau polyphonique.

5.5. Voix

5.5.1. Basse & Soprano

La voix la plus grave d’une polyphonie est nommée basse.

La voix la plus aiguë d’une polyphonie est nommée soprano.

5.5.2. Extrêmes & Internes

Le soprano et la basse sont les voix extrêmes d’une polyphonie.

Toutes les autres voix sont dites internes.

5.5.3. Importance

Au niveau harmonique :

  • la basse est la voix la plus importante
  • le soprano est la deuxième voix la plus importante

Au niveau mélodique, la situation est inversée :

  • le soprano est la voix la plus importante
  • la basse est la deuxième voix la plus importante

Les autres voix ont une importance relative moins élevée. On a donc, par ordre décroissant d’importance :

  • les voix extrêmes : basse & soprano
  • les voix internes

5.5.4. Distinction

À un instant donné, les voix d’une polyphonie se distinguent en général par :

  • le registre : une voix est plus aiguë ou plus grave qu’une l’autre
  • le rythme : une voix est plus rapide ou plus lente qu’une autre
  • le timbre : les voix sont jouées par des instruments de familles différentes, aux sons différenciables

5.5.5. Ajout et suppression

Le nombre de voix ne reste pas toujours constant tout le long d’une pièce musicale. Une ou plusieurs voix peuvent être ajoutées ou retirées. Dans le cas d’un ajout, on peut toujours considérer qu’une voix préalablement silencieuse devient active. Dans le cas d’un retrait, on peut considérer qu’une voix préalablement active devient silencieuse.

5.5.5.1. Scission

La scission est un cas particulier d’ajout où la nouvelle voix semble issue d’une ancienne comme une branche d’un arbre. Cet effet est souvent obtenu en utilisant un mouvement pseudo-conjoint (à l’octave près) entre les voix concernées. Exemple :

V : do
W : si

ou encore :

V : sol
W : fa mi
5.5.5.2. Fusion

La fusion est un cas particulier de retrait, où l’ancienne voix semble se fondre dans une autre avant de se taire. Cet effet est souvent obtenu en utilisant un mouvement pseudo-conjoint entre les voix concernées. Exemple :

V : do
W : si

ou encore :

V : sol
W : mi fa

5.5.6. Groupes

Les voix d’une polyphonie peuvent être subdivisées en plusieurs groupes. Les voix d’un même groupe possèdent généralement des caractéristiques musicales communes, afin de les différencier des autres voix. On parle alors de groupe de voix, de plan sonore ou encore de strate.

Les groupes de voix ne sont pas figés :

  • chaque voix peut changer de groupe à tout moment
  • de nouveaux groupes peuvent être créés, d’anciens supprimés
5.5.6.1. Structure

Dans une structure stratifiée, chaque groupe de voix dispose de ses propres motifs musicaux.

Dans une structure imitative, chaque groupe de voix reprend et varie les thèmes des autres groupes.

5.6. Ensembles

5.6.1. Introduction

En musique vocale, les voix de la polyphonie sont désignées d’après les tessitures des chanteuses ou chanteurs qui les interprètent.

Dans ce traité, nous nous inspirons des tessitures vocales pour nommer les lignes mélodiques de n’importe quel ensemble, qu’il soit vocal, instrumental ou mixte. Il ne s’agit que d’une convention : une ligne mélodique particulière ne respecte pas forcément les caractéristiques de la tessiture qui lui a donné son nom.

5.6.1.1. Aigu & grave

Le classement des voix de la plus aiguë à la plus grave n’est pas absolu. Le fait de placer une voix X au-dessus d’une voix Y signifie simplement que la voix X sera plus aiguê que Y la plupart du temps. Il n’est pas impossible que X et Y se croisent à un instant donné du déroulement musical, X devenant alors temporairement plus grave que Y.

5.6.2. Duo

Un duo est une polyphonie à deux voix. Ces voix se nomment par convention :

  • soprano
  • basse

de la plus aiguë à la plus grave. J’utilise comme abréviations : S pour soprano et B pour basse, ce qui nous donne des tableaux de cette allure :

S : ...
B : ...

5.6.3. Trio

Un trio est une polyphonie à trois voix. Ces voix se nomment par convention :

  • soprano
  • alto
  • basse

de la plus aiguë à la plus grave. J’utilise les mêmes abréviations que pour le duo, avec en prime A pour l’alto, ce qui nous donne des tableaux de cette allure :

S : ...
A : ...
B : ...

5.6.4. Quatuor

Un quatuor (aussi appelé quartet) est une polyphonie à quatre voix. Ces voix se nomment par convention :

  • soprano
  • alto
  • ténor
  • basse

de la plus aiguë à la plus grave. J’utilise les mêmes abréviations que pour le trio, avec en prime T pour le ténor, ce qui nous donne des tableaux de cette allure :

S : ...
A : ...
T : ...
B : ...

5.6.5. Quintette

Un quintette (ou encore quintet, ou quintuor) est une polyphonie à cinq voix. Ces voix se nomment par convention :

  • soprano
  • mezzo-soprano
  • alto
  • ténor
  • basse

de la plus aiguë à la plus grave. J’utilise les mêmes abréviations que pour le quatuor, avec en prime M pour le mezzo-soprano, ce qui nous donne des tableaux de cette allure :

S : ...
M : ...
A : ...
T : ...
B : ...

5.6.6. Sextuor

Un sextuor (aussi appélé sextet, sextette) est une polyphonie à six voix. Ces voix se nomment par convention :

  • soprano
  • mezzo-soprano
  • alto
  • ténor
  • baryton
  • basse

de la plus aiguë à la plus grave. J’utilise les mêmes abréviations que pour le quintettte, avec en prime Y pour le baryton, ce qui nous donne des tableaux de cette allure :

S : ...
M : ...
A : ...
T : ...
Y : ...
B : ...

5.6.7. Septuor

Un septuor (aussi appéles septet, septette) est une polyphonie à sept voix. Ces voix se nomment par convention :

  • soprano
  • mezzo-soprano
  • alto
  • contre
  • ténor
  • baryton
  • basse

de la plus aiguë à la plus grave. J’utilise les mêmes abréviations que pour le sextuor, avec en prime C pour le contre, ce qui nous donne des tableaux de cette allure :

S : ...
M : ...
A : ...
C : ...
T : ...
Y : ...
B : ...

5.6.8. Formation générique

Au-dessus de sept voix, on à la nomenclature :

  • octuor, octet : 8 voix
  • nonet, nonette : 9 voix
  • dixtuor : 10 voix

On représente un ensemble contenant un nombre quelconque de voix par :

0 : ...
1 : ...
2 : ...
3 : ...
4 : ...
... : ...
M : ...

ou, si l’on souhaite faire ressortir les voix extrêmes S et B :

S : ...
1 : ...
2 : ...
3 : ...
4 : ...
... : ...
N : ...
B : ...

6. Accords

6.1. Introduction

Un accord est un ensemble de notes qui sert pendant un certain laps de temps de fondation au déroulement musical.

Cela ne signifie pas que toutes les notes jouées appartiennent à l’accord, mais que la musique est élaborée à partir des notes qui le constituent.

L’ajout de notes étrangères à l’accord se fait en général pour des raisons de liaisons mélodiques entre les notes.

6.2. Polyvalence

Les notes d’un accord peuvent être disposées suivant des configurations très diverses. Il existe bien entendu des cas extrêmes :

  • l’accord purement harmonique, où les notes sont toutes jouées simultanément
  • l’accord purement mélodique, où les notes sont toutes jouées les unes après les autres

mais la réalité est souvent plus complexe. La plupart du temps, la musique explore les deux aspects, superposant et alignant les notes d’un accord tout au long de son règne. Un accord est donc une entité abstraite dont les réalisations constituent le plus souvent un hybride d’harmonie et de mélodie.

6.2.1. Jargon

Lorsque les notes d’un accord sont jouées simultanément, on parle d’ accord frappé ou encore d’ accord plaqué.

Lorsque les notes d’un accord mélodique sont jouées consécutivement, on parle d’ arpège.

Enfin, on parle d’ accumulation lorsque les notes de l’accord sont entamées consécutivement mais que chacune d’elle est maintenue jusqu’à la fin de l’accord. Par exemple, avec l’accord do mi sol, on commence par jouer le do, ensuite le mi vient s’ajouter et on entend simultanément les notes do mi, et finalement le sol vient s’ajouter et on entend simultanément les notes do mi sol.

6.3. Octave

C’est avant tout l’ordre des notes, de la plus grave à la plus aiguë, qui importe en théorie des accords. Leur octave précise n’est pas prise en compte. Les notes et intervalles doivent donc s’entendre à l’octave près.

Ce constat nous permet d’employer une notation allégée. Par convention, nous représentons un accord par une suite de notes croissantes en hauteur, ce qui nous permet d’omettre leurs octaves. Ainsi, dans l’accord :

sol si sol

le second sol doit être plus aigu que le si, lui-même strictement plus aigu que le premier sol. En supposant que nous partons de l’octave 1, cette notation est donc équivalente à :

sol1 si1 sol2

On peut aussi monter plus haut dans les octaves :

sol1 si1 sol3
sol1 si2 sol3
sol1 si2 sol4
...

mais cela ne change rien en théorie des accords.

6.4. État canonique

Un accord est défini par une suite de notes disposées dans un ordre de référence appelé état canonique. La note la plus grave de l’état canonique est appelée fondamentale.

Toutes les notes doivent être distinctes les unes des autres.

L’état canonique permet également de nommer les notes de l’accord d’après l’intervalle qui les sépare de la fondamentale.

Par exemple, dans l’accord défini par l’état canonique :

do   mi   sol   si   ré   fa   la

les notes reçoivent des noms repris dans le tableau ci-dessous :

Notes Noms Abréviations
do fondamentale 1ale
mi tierce 3ce
sol quinte 5te
si septième 7e
neuvième 9e
fa onzième 11e
la treizième 13e

Remarque : ne pas confondre le concept de note fondamentale d’un accord avec celui de fréquence fondamentale d’un son.

6.5. Degré

Le degré d’un accord est simplement le degré de sa fondamentale.

Par exemple :

  • un accord de degré 1, ou accord de tonique, est un accord dont la fondamentale est le degré 1 de la gamme
  • un accord de degré 5, ou accord de dominante, est un accord dont la fondamentale est le degré 5 de la gamme

6.6. Empilement

L’état canonique de la plupart des accords est construit en empilant des notes séparées par un intervalle constant donné.

6.6.1. Harmoniques naturelles

Considérons une suite d’harmiques naturelles de fondamentale do :

do do sol do mi sol sib do ...

Abstraction faite :

  • des octaves
  • des notes apparaissant en double dans des octaves différentes

il nous reste :

do mi sol sib

La suite des harmoniques naturelles semble donc nous diriger vers des accords construits par empilement de tierces majeures ou mineures. Ceci explique la prédominance des accords à base de tierces.

6.6.2. Tierces

Les accords construits par empilement de tierces sont de loin les plus fréquents, parce qu’ils sont intimement liés aux harmoniques naturelles et sonnent particulièrement bien. Notons qu’un accord à base de tierces peut aussi bien contenir des tierces majeures que mineures. Exemples d’accords à base de tierces :

fa la        
fa la do      
fa la do mi    
fa la do mi sol  
fa la do mi sol si

6.6.3. Quintes

Les accords construits par empilement de quintes sont considérés comme des altérations d’accords à base de tierces. On les utilise pour donner une coloration alternative à la musique, ou encore pour soutenir une mélodie issue d’une gamme pentaphonique (comme on en rencontre en blues et en jazz). Exemples d’accords à base de quintes :

do sol          
do sol        
do sol la      
do sol la mi    
do sol la mi si  
do sol la mi si fa

Si la théorie classique ne reconnaît que les accords construits par empilement de tierces, Jean-Sébastien Bach n’a pas attendu l’avènement du jazz pour utiliser des accords formés à base de quintes : on en rencontre dans le prélude le plus célèbre du Clavier bien tempéré.

6.7. Disposition

6.7.1. Introduction

On nomme disposition d’un accord un agencement particulier de ses notes intrinsèques. De nombreux événements peuvent modifier la disposition : permutation, renversement, doublure, suppression, etc.

6.7.2. Permutations

Une permutation consiste à modifier l’ordre des notes d’un accord.

On dit alors que l’accord est permuté.

Exemples de permutations de l’accord dont l’état canonique est do mi sol :

  • do sol mi
  • mi do sol
  • mi sol do
  • sol do mi
  • sol mi do

6.7.3. Basse

La note la plus grave d’une permutation quelconque d’un accord est appelée la basse de l’accord ainsi disposé. On dit aussi de cette note qu’elle est mise à la basse.

Dans cet exemple, le sol est à la basse :

sol do mi

Dans cet exemple, le do est à la basse :

do sol mi

6.7.4. Octave

Une note de l’accord peut changer d’octave. L’intervalle de cette note dans la disposition d’un accord peut donc étre égal :

  • à l’intervalle I de la disposition canonique
  • à l’intervalle I + un nombre entier d’octaves/
  • à l’intervalle I - un nombre entier d’octaves/

Les cas particuliers les plus importants sont :

  • I
  • le renversement de I
  • le redoublement de I

Prenons comme exemple l’accord dont l’état canonique est sol si ré fa. La 7e, le fa, peut être disposée comme septième ou quatorzième mineure au-dessus de la basse :

S : fa
B : sol

ou comme seconde majeure sous la basse :

S : sol
B : fa

On peut bien sûr continuer à monter ou descendre dans les octaves.

6.7.5. État fondamental

On dit qu’un accord est dans son état fondamental lorsque la fondamentale est à la basse.

Remarque : si une permutation place la fondamentale à la basse, l’accord est toujours considéré comme étant dans son état fondamental.

Considérons par exemple l’accord dont l’état canonique est do mi sol. Il existe plusieurs variantes de son état fondamental :

  • état canonique : do mi sol
  • permutation avec fondamentale à la basse : do sol mi

6.7.6. Renversements

Lorsque les notes d’un accord sont permutées, il arrive que la note mise à la basse ne soit pas la fondamentale. On dit alors que l’accord est renversé.

Si c’est la deuxième note la plus grave de l’état canonique qui est à la basse, on dit que l’accord est dans un premier renversement, ou qu’il est renversé une fois.

Si c’est la troisième note la plus grave de l’état canonique qui est à la basse, on dit que l’accord est dans un second renversement, ou qu’il est renversé deux fois.

Si c’est la quatrième note la plus grave de l’état canonique qui est à la basse, on dit que l’accord est dans un troisième renversement, ou qu’il est renversé trois fois ; etc.

Considérons par exemple l’accord dont l’état canonique est do mi sol. Ses permutations peuvent se classer comme suit :

  • état fondamental
    • do mi sol
    • do sol mi
  • premier renversement
    • mi sol do
    • mi do sol
  • second renversement
    • sol do mi
    • sol mi do

6.7.7. Doublure

Une doublure est une note ajoutée à l’accord, identique à l’octave près à une des notes de l’état canonique. La note originale est alors dite doublée ou redoublée. Une doublure peut donc se faire :

  • une ou plusieurs octaves au-dessus de la note originale
  • à l’unisson de la note originale
  • une ou plusieurs octaves en-dessous de la note originale

Par exemple, si on redouble le mi de l’accord la do mi, on obtient :

la mi do mi

ou une quelconque permutation de cet accord. La note redoublée correspond souvent :

  • à une note importante que l’on souhaite souligner
  • à la fondamentale
  • à la basse

Quelques précisions :

  • L’ajout d’une doublure ne modifie pas l’état canonique de l’accord. Le nombre de notes intrinsèques reste donc inchangé.
  • une même note peut être doublée plusieurs fois, à des octaves différentes ou identiques.

6.7.8. Suppression

On peut modifier un accord en supprimant une de ses notes.

6.7.8.1. Fondamentale

Pour éviter toute ambiguité, le nombre de renversements est toujours évalué par rapport à l’ordre des notes dans l’état canonique de l’accord au complet. Donc, si la fondamentale de :

do mi sol si

est supprimée, la disposition suivante :

mi sol si

est assimilée à un premier renversement, puisque c’est le mi, deuxième note de l’état canonique, qui est à la basse. La disposition suivante :

sol si mi

sera dans un second renversement et celle-ci  :

si mi sol

dans un troisième.

Une conséquence importante de cette convention est qu’un accord privé de sa fondamentale est toujours renversé.

6.7.9. Harmoniques naturelles

Considérons la suite des harmoniques naturelles de fondamentale do :

do do sol do mi sol sib do ...

On peut voir cette suite comme un accord placé dans une disposition particulière : multiples doublures de la fondamentale do, doublure de la quinte sol, intervalles larges dans les graves et plus resserrés dans l’aigu, etc.

On peut s’en inspirer comme disposition pour un accord de fondamentale do.

6.8. Intervalle interne

Un intervalle interne d’un accord est un intervalle qui sépare deux de ses notes.

Les intervalles internes les plus importants sont ceux qui séparent :

  • une note de l’accord avec la fondamentale
  • une note de l’accord avec la basse

6.9. Nombre de notes

On nomme :

  • dyade un accord constitué de deux notes
  • triade un accord constitué de trois notes
  • tétrade un accord constitué de quatre notes
  • pentade un accord constitué de cinq notes

Remarque : on parle ici du nombre de notes intrinsèques de l’accord, sans tenir compte des éventuelles doublures, suppressions ou ajouts.

Le tableau suivant nous donne les abréviations de ces termes :

Nom Abréviation
dyade 2ade
triade 3ade
tétrade 4ade
pentade 5ade

6.9.1. Accord et intervalle

On peut voir un accord comme un empilement d’intervalles. Réciproquement, on peut voir un intervalle comme un accord constitué de deux notes, ou dyade.

6.10. Enharmonie

Deux accords son dits enharmoniques si ils sont identiques par enharmonie.

Partons par exemple de l’accord :

do mi sol#

En utilisant l’enharmonie sol# = lab, on peut le réécrire :

do mi lab

7. Accords consonants & dissonants

7.1. Introduction

Dans le cadre d’un accord :

  • une note consonante est une note constitutive qui forme un intervalle consonant avec la fondamentale
  • une note dissonante est une note constitutive qui forme un intervalle dissonant avec la fondamentale

Une note dissonante est également appelée dissonance constitutive.

Les accords sont également classés suivant leur caractère consonant ou dissonant :

  • un accord consonant est un accord
    • qui ne contient que des notes consonantes
    • ET dont tous les intervalles internes sont consonants
  • un accord dissonant est un accord
    • qui contient au moins une note dissonante
    • OU dont au moins un intervalle interne est dissonant

7.2. Recherche d’accords consonants

7.2.1. Introduction

Nous allons chercher à former des accords consonants de trois notes ou plus.

Remarque : les accords de deux notes se résument à des intervalles harmoniques, dont nous avons déjà étudié le caractère consonant ou dissonant.

7.2.2. Trois notes

Pour que l’accord soit consonant, nous devons éviter les intervalles internes dissonants : la seconde et son renversement, la septième, ainsi que leurs redoublements. Nous ne choisirons pas non plus d’intervalles augmentés ou diminués.

Qui plus est, les notes doivent être distinctes, car la présence d’une doublure ne nous donnerait pas les trois notes nécessaires pour établir l’état canonique de l’accord.

Il ne nous reste alors plus que les possibilités suivantes :

  • fondamentale, 3ce, 5te
  • fondamentale, 3ce, 6te
  • fondamentale, 4te, 6te

Toutes les autres accords de trois notes sont dissonants.

En partant de do comme note de basse, nous obtenons la liste des accords consonants :

  • do mi sol
  • do mi la
  • do fa la

La disposition do mi la peut être considérée comme le premier renversement de :

la do mi

La disposition do fa la peut être considérée comme le second renversement de :

fa la do

Nous nous retrouvons dans tous les cas avec des accords consonants formés par empilement de tierces.

7.2.3. Quatre notes et plus

Il n’est pas possible de former d’accord consonant de quatre notes ou plus, car on se retrouve avec au moins un intervalle de septième ou de seconde.

7.2.4. Conclusion

La recherche d’accords consonants nous suggère de construire des accords de trois notes par empilement de tierces, ce qui est le sujet du chapitre suivant.

8. Accords parfaits

8.1. Introduction

Analysons plus en détail les accords de trois notes construits en empilant deux tierces. Utilisons ce procédé sur chaque note diatonique et analysons les intervalles obtenus :

Note Accord Intervalles    
    1ale & 3ce 3ce & 5te 1ale & 5te
do do mi sol 3ce M 3ce m 5te
ré fa la 3ce m 3ce M 5te
mi mi sol si 3ce m 3ce M 5te
fa fa la do 3ce M 3ce m 5te
sol sol si ré 3ce M 3ce m 5te
la la do mi 3ce m 3ce M 5te
si si ré fa 3ce m 3ce m 5te dim

Les accords obtenus génèrent des intervalles de tierce et de quinte par rapport à la fondamentale. On constate en fait trois possibilités :

  • tierce majeure puis tierce mineure, le total formant une quinte juste
  • tierce mineure puis tierce majeure, le total formant une quinte juste
  • deux tierces mineures, formant au total une quinte diminuée

Nous avons donc trois catégories d’accords.

L’ accord parfait majeur est construit en empilant une tierce majeure puis une tierce mineure, les deux intervalles totalisant une quinte juste.

L’ accord parfait mineur est construit en empilant une tierce mineure puis une tierce majeure, les deux intervalles totalisant une quinte juste.

Ces accords sonnent particulièrement bien.

Exemples d’accords parfaits :

Accords Abréviations Exemples
parfait majeur P M do mi sol
parfait mineur P m la do mi

L’ accord de quinte diminuée est construit en empilant deux tierces mineures, les deux intervalles totalisant une quinte diminuée.

Exemple :

Accords Abréviations Exemples
quinte diminuée 5te dim si ré fa

8.2. Premier renversement

Au premier renversement, la fondamentale est séparée de la basse par un intervalle de sixte. Sous cette forme, l’accord parfait est simplement appelé accord de sixte.

On remarque que le renversement d’un accord parfait majeur donne un intervalle de sixte mineure, et vice versa :

Accords Abréviations Exemples
sixte mineure 6te m mi sol do
sixte majeure 6te M do mi la

8.3. Second renversement

Au second renversement, les notes de l’accord sont séparées de la basse par des intervalles de quarte et de sixte. Sous cette forme, l’accord parfait est simplement appelé accord de quarte et sixte.

On remarque que le second renversement d’un accord parfait :

  • majeur donne un intervalle de sixte majeure
  • mineur donne un intervalle de sixte mineure

Le tableau suivant illustre cette propriété :

Accords Abréviations Exemples
quarte et sixte majeure 4te & 6te M sol do mi
quarte et sixte mineure 4te & 6te m mi la do

8.4. Consonance

8.4.1. État fondamental

Les notes d’un accord parfait majeur à l’état fondamental forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce majeure
  • de quinte juste

avec la fondamentale de l’accord. Les intervalles internes sont également des tierces et des quintes.

L’ accord parfait majeur est donc un accord consonant.

Les notes d’un accord parfait mineur à l’état fondamental forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce mineure
  • de quinte juste

avec la fondamentale de l’accord. Les intervalles internes sont également des tierces et des quintes.

L’ accord parfait mineur est donc un accord consonant.

Les notes d’un accord de quinte diminuée forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce majeure
  • de quinte diminuée

avec la fondamentale de l’accord. La quinte diminuée étant un intervalle harmonique dissonant, l’accord de quinte diminuée est dissonant.

8.4.2. Premier renversement

Les notes d’un accord parfait majeur au premier renversement forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce mineure
  • de sixte mineure

avec la fondamentale de l’accord. Les intervalles internes sont des tierces, des quartes et des sixtes.

L’accord parfait majeur au premier renversement est donc consonant.

Les notes d’un accord parfait mineur au premier renversement forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce majeure
  • de sixte majeure

avec la fondamentale de l’accord. Les intervalles internes sont des tierces, des quartes et des sixtes.

L’accord parfait mineur au premier renversement est donc consonant.

8.4.3. Second renversement

Les notes d’un accord parfait majeur au second renversement forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de quarte
  • de sixte majeure

avec la fondamentale de l’accord. Les intervalles internes sont des tierces, des quartes et des sixtes.

L’accord parfait majeur au second renversement est donc consonant.

Les notes d’un accord parfait mineur au second renversement forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de quarte
  • de sixte mineure

avec la fondamentale de l’accord. Les intervalles internes sont des tierces, des quartes et des sixtes.

L’accord parfait mineur au second renversement est donc consonant.

8.5. Harmoniques naturelles

Considérons le début d’une série d’harmoniques naturelles de fondamentale do :

Notes : do do sol do mi sol sib do mi fa# sol ...
Numéros : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 ...

Si nous nous arrêtons à la note 6, nous avons :

do   do   sol   do   mi   sol

Hors doublures, nous obtenons un ensemble de trois notes :

do   mi   sol

qui n’est rien d’autre qu’un accord parfait majeur. Rien d’étonnant à ce que cet accord soit considéré comme l’une des clefs de voûte de l’harmonie.

8.6. Dispositions

Les dispositions d’accords parfaits inspirées des harmoniques naturelles sonnent particulièrement bien.

Les exemples qui suivent sont des dispositions de l’accord parfait :

do mi sol

8.6.1. Accord complet

Exemple à sept voix :

S : do
M : sol
A : mi
C : do
T : sol
Y : do
B : do

Exemple à six voix :

S : do
M : sol
A : mi
T : do
Y : sol
B : do

Exemple à cinq voix :

S : sol
M : mi
A : do
T : sol
B : do

Exemple à quatre voix :

S : mi
A : do
T : sol
B : do

Exemple à trois voix :

S : mi
A : sol
B : do

8.6.2. Sans la tierce

Exemple à quatre voix :

S : do
A : sol
T : do
B : do

Exemple à trois voix :

S : do
A : sol
B : do

9. Septième de dominante

9.1. Introduction

Une septième de dominante est un accord de quatre notes dont la fondamentale est placée sur la dominante.

Exemple en do majeur :

sol si ré fa

9.2. Dissonance

Les notes d’un accord de septième de dominante forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce majeure
  • de quinte
  • de septième mineure

avec la fondamentale de l’accord. La septième mineure étant un intervalle harmonique dissonant, l’accord de septième de dominante est également dissonant.

9.2.1. Harmoniques naturelles

Considérons le début d’une série d’harmoniques naturelles de fondamentale sol :

Notes : sol sol sol si fa sol la si do# ...
Numéros : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 ...

Si nous nous arrêtons à la note 7, nous avons :

sol   sol   ré   sol   si   ré   fa

Hors doublures, nous obtenons un ensemble de quatre notes :

sol   si   ré   fa

L’accord de septième de dominante se trouve donc dans une situation paradoxale. Comme tous les accords de quatres notes à base de tierces, sa note de septième forme une dissonance avec sa fondamentale. D’un autre coté, nous voyons apparaître un accord de septième de dominante parmi les premières harmoniques naturelles. Cet accord figure donc parmi les plus harmonieux des accords dissonants. Il y a donc là une forme d’ équilibre dynamique, ce qui explique son rôle crucial en harmonie.

Auteur: chimay

Created: 2024-02-17 sam 15:00

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