Eclats de vers : Litera : Cimes

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Table des matières

1 Diapason

L'âme est un violon qui chante sa complainte
A travers l’air glacé des matinées d’hiver
Le son est pur et doux nostalgique est la plainte
Qu’il tire des flocons et des cristaux solaires

La brume a déroulé ses rubans de coton
Les vagues des glaciers submergent les glacières
Et bientôt guidée par l'étrange partition
La rigueur hivernale ouvre le frigidaire

Les cordes chatouillées par les crins de l’archet
Qui riaient autrefois en éclats de lumière
Ne goûtent plus le vin qui cuve dans leur chais :
A rondeau esseulé sonate solitaire

Les larmes du passé sculptent des stalactites
En regardant passer la buée éphémère
La buée du présent s'évapore trop vite …
Le pas lent des coeurs lourds crisse sur les congères

Le menu est menu le menuet muet
Pauvre valse égarée loin de ses congénères
La forêt du silence est un dédale épais
Où règne sans partage un chêne solitaire

C’est un chêne enchaîné qui murmure et qui songe
Qui conte au vent frileux la folie des bruyères
Que l’arbuste est un pin quand l’ombre le prolonge
Et que parfois la nuit l’illusion exagère

L’esprit est un titan rougeoyant sous le givre
Qui bout dans son carcan de gel et de matière
Déjà la neige fraîche est percée de fleurs ivres
Et les fruits de l’automne ont germé sous la terre

L’absurde d’un printemps dans un monde qui meurt
Et pourtant cet espoir et pourtant ce ciel clair
Comme un diapason dont le timbre demeure
Comme une vibration qui remplit tout l'éther

2 Dernière neige (haiku)

L’air en mouvement
Siffle des rails de lumière
Aux nues d’un étang

3 Blizzard

Le vent soufflait de l’est en pur-sang hors d’haleine
Et son souffle glacé moissonnait la poudreuse.
Le vent d’est effaçait sous la neige incertaine
Les traces balayées des plaintes silencieuses.

L’alézan enroulant sa robe immaculée
Embrumait la vallée de sa vague houleuse
Et soudain succomba l’avalanche effrénée,
Fauchée par le ressac des plages poussiéreuses.

Apparut au milieu des plaines désolées,
Majesté émergée du coton cristallin,
Un arbre rayonnant de branches enneigées,
Tel un flocon immense aux reflets argentins

Qui fissurait le ciel trop sinistre et trop lourd
D’un éclair persistant déversé par le jour.

4 Dés ordonnés

C’est l’impression d’un crépuscule
Quand l’air respire de travers
Comme un soleil qui vous accule
L’ombre gourmande de lumière
Est-ce midi est-ce minuit ?
Il n’y a plus ni jour ni nuit
Ni d’aiguille au cadran solaire

Parmi les cartes à jouer
Choisis ton heure sans tricher
Au hasard celle que tu veux
Autour de l'équateur polaire
Tu peux même en retourner deux
Ou toutes : ce sont des jokers
Affolant les phases lunaires

C’est un concert de voix sans tain
Superposant soir et matin
Cinq as sur un coup de poker
Vingt en réserve dans la manche
Qu’on soit lundi qu’on soit dimanche
Elle tombe la neige blanche
Sur l’orbe du cadran solaire

Le firmament n’a plus d’horaire
Les lunes dansent en ellipse
Leurs oeillades sont des éclipses
Aborbant la moindre frontière
Adieu reflets d’or et d’argent
Et la pénombre des croissants
Et le clair des phases lunaires

Voulez-vous savoir le mystère ?
Pourquoi cette grève du temps ?
C’est que là-haut dans le désert
Une étoile arrose un printemps
Des larmes chaudes d’un volcan
Ils ne sont pas fait que de pierre
Les coeurs des astres solitaires

5 Neige d'octobre

Première poudre de flocons
Première neige de coton
Dessine les contours du vent
Comme autant de lutins charmants

Tel un fantôme turbulent
Qui prend corps de vivant coton
Le passé m’appelle envoûtant
Et m’aspire dans le siphon

Et m’aspire dans le siphon
Dans les tentacules du vent
Même neige même flocons
Autre décor et autre temps

Une cour de récréation
A chaque bordée des enfants
Le pur cristal étincelant
Se mue en boulets de canon

Autre décor et autre temps
Même neige mêmes flocons
Tel un fantôme turbulent
Qui prend corps de vivant coton

Tel un défilé de saisons
Les flammes des noëls d’antan
Rougoient dans ce ballet troublant
Couleur de lys et de passion

Le lys qui s’offre à la passion
En en flot de soupirs tremblants
Puis le soleil pâle et profond
Vaporise l’enchantement

Première neige de coton
Dessine les contours du vent
Première poudre de flocons
Comme autant de lutins charmants

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Auteur: chimay

Created: 2021-11-07 dim 19:08

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