Eclats de vers : Litera : Couleurs

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Table des matières

1 Éclosion

Je suis un lac plane et si lisse
Qu’on le dirait presque gelé
Aucune pierre ne me plisse
Le vent n’a pas encor soufflé

Aucune volonté n’anime
L’espace vide de lumière
L’ultime dort et ne s’exprime
Que dans l’absence de matière

Mais quand le vent embrasse l’onde
C’est tout le cosmos qui frémit
Et sur la surface féconde
Un univers naît sans un bruit

Lorsque le grand esprit s’éveille
C’est une fontaine d’atomes
Une cascade de merveilles
Qui ne s’écrit qu’en plusieurs tomes

Mes reflets constellent d’étoiles
Le flot arrondi qui moutonne
Comme une galaxie spirale
Dans le remou qui tourbillonne

Chaque vortex ouvre une porte
Sur un vertige virginal
La moindre émotion nous emporte
Dans un périple sidéral

Je suis un baiser galactique
Sous la nuisette évaporée
Une tornade magnétique
Berceau instable des ondées

Je suis le lac où naît la source
Celui où verse l’embouchure
Je tourne en rond et dans ma course
Naissent de brillantes parures

Autour de moi tourne une ellipse
Sur une orbite rapprochée
Chaque caresse est une éclipse
Dans la haute voûte étoilée

Je suis partout et nulle part
Car ma nature est la vapeur
L’embrun qu’illumine le phare
Et la rosée qu’aiment les fleurs

Je suis le pendule céleste
Où se bercent les firmaments
Et chaque cycle n’a de cesse
Que l’or se loge dans l’aimant

Je suis cet arbre universel
Où fructifient les oeufs cosmiques
Le croisement des arcs-en-ciel
D’où jaillit l’orage électrique

Je suis le fleuve qui avance
Quand la fée lance ses éclairs
Sous les secousses de la transe
L’eau roule comme le tonnerre

Je suis la carte légendaire
Où passent les lignes du temps
Et chaque histoire lavandière
Se peut dessiner sur l’étang

Je suis la rivière et la source
Je suis la musique et la danse
Et quand j’inspire et que je souffle
Tout un univers se condense

2 Yggdrasil

Il leur aura fallu l'éternité d’un songe
Apprivoiser du coeur de tendres lendemains
Sous les neiges en fleurs des boutons d’eau de rose
D’un nuage élogieux le joyau souverain

Il leur aura fallu dans leurs yeux diaphanes
Un zeste de ciel bleu pour se perdre en chemin
Et si peu, presque rien, à peine un filigrane
Juste assez d’allusions pour se tendre la main

Un mot doux mais sans tain parsemé de mystères
Allongé frissonnant dans la baie des secrets
Un aveu cristallin vers la jeune lumière
Glissé dans un feuillage arrosé de reflets

Et quand l’astre argenté nous dévoile ses charmes
À la source où ruisselle une ardente blessure
Pourrait-on rêver mieux comme ultime refuge
Pourrait-on rêver mieux qu’un feuillage de larmes ?

Car la pluie crépitante embrase le silence
Depuis que l’arbre-monde a semé l’oiseau-lyre
Le phénix musicien le gardien des nuances
Aux abords des confins du royaume invisible

C’est la magie de l’onde exaltée par les druides
Un vertige enchanteur se révèle à nos sens
On discerne des fées les nuisettes liquides
Dénudées par l’averse et les ombres qui dansent

Troublées par le rideau de l'élixir céleste
Les nymphes délurées exhibent leurs corps fluides
L’ondine intimidée se déhanche en souplesse
Le jeune papillon oublie la chrysalide

Car la pluie crépitante est une ombre qui danse
Une voile agitée par la force d’un rire
Un murmure éternel d’où jaillit le silence
Et qui vibre sans cesse et sans cesse se brise

Il leur aura fallu l'éternité d’un songe
Pour libérer la nuit des sangles du matin
Un automne de fleurs, un hiver d’eau de rose
Sous les neiges en feu apaiser leur chagrin

Il leur aura fallu dans leurs voix diaphanes
La douceur enchantée des flûtes de satin
Et si peu, presque rien, à peine un filigrane
Le langage muet d’un passé sibyllin

Et quand l’astre transi se réchauffe en décembre
À la source où succombe une ardente blessure
Pourrait-on rêver mieux comme ultime lecture
Que le livre infini de tes lèvres qui tremblent ?

3 Midinuit

Il est midi petit coeur qui saigne
Tout près de toi la lune se baigne
Tout près de toi petit coeur du monde
Il est midi dans la moiteur blonde

Rose des blés tu montes pégase
Rose des blés nymphe des légendes
Les bois dorés sous tes pas s’embrasent
Les bois dorés les champs de lavande

Le chaume dort le ciel est de braise
Le chaume dort sous les citronniers
Douce fraîcheur que serait l'été
Douce fraîcheur sans la crème fraise ?

Le sapin songe à ses clapotis
Aux pourpoints blancs aux manches de neige
Aux pourpoints blancs près des pilotis
Le sapin songe au souffle des crèches

A la java autour des péniches
A l’eau voilée dont l’huile pleurniche
A la java à l’onde recluse
A l’eau voilée cloîtrée dans l'écluse

Au feu luisant où cuit l’artichaut
Et au flocon venu du beffroi
Au feu luisant brûlant sous la soie
Et au flocon qui fond sur ta peau

4 Mage gris

Notre vaste univers n’est qu’une discothèque
Un ouvrage tissé de reflets chatoyants
Un seul et même éclair aux infinies facettes
Dont l’image est partout projetée et suivant

L’angle ou le point de vue l'épine est une rose
Le cygne un flocon chaud perdu dans les bermudes
L’autruche un hérisson à la barbe un peu rude
Tout se tient tout se sait tout se métamorphose

Le gel est un nuage aux vagues innombrables
L’averse est la buée la neige est l’ouragan
La marée reconstruit d’autres châteaux de fable
La seule et même étoile est tout le firmament

*

Et nous, que sommes nous, perdus dans le dédale
De ce temple irréel où tout mène à l’étrange
Que sommes-nous sinon les princes des rafales
Les esclaves des flots, les frères des mésanges ?

Que sommes-nous sinon ces éternels rêveurs
Qui dans l’ombre complice arpentent l’idéal
Et frôlent chaque soir les voûtes sidérales
Portiques infinis des mondes enchanteurs ?

Or tu es l’un d’entre-eux, toi qui appris si jeune
La vision du silence et l’aura de l’infime
Tu sauras retrouver la source des fontaines
Toi qui sais que l’absurde est proche du sublime

*

Oui, tu sauras renaître aux rosaces qui saignent
Diamants ciselés que l’amour illumine
Mais s’il vient l’incendie des colères mesquines
Tu seras ce miroir qui reflète la haine

Pour l’envoyer brûler ses pâles stratagèmes
Ton feu contre le sien du philtre au talisman
Et relier les pics escarpés de l’extrême
Gardien de l'équilibre en ce bal tournoyant

Pour diriger la nef il te faudra du vent
Qui souffle sur les dés du hasard en finesse
Pour que le couple danse il te faut la caresse
D’une brise orbitale et d’un soleil couchant

*

Tu seras le gardien des balances célestes
Sur le faîte des ergs tu iras funambule
Sur la dune en croissant du sable palimpseste
Tu verras jour et nuit s’unir au crépuscule

Jouant des vieux encens et des sons tamisés
D’artifices en feu sur un vif trampoline
Tu vibreras en phase avec les alizés
Tu seras le coton des rêves d’opaline

Mage gris des sentiers et des douces chaumines
Tu tiendras dans tes mains cet improbable alliage
Qui mêle le Dragon au Dauphin des naufrages
L’incendie au glacier et la rose à l'épine

5 Ariette

Sur quoi repose une vie
Qu’un peu de cendre et de pluie
Qu’un peu de cendre emportée
Dans la tempête en furie

De ma viole éventrée
Flotte cette mélodie
Sur quoi repose une vie
Qu’un peu de cendre et de pluie

Cette ariette délabrée
Est le fruit de ma folie
La chanson part en fumée
Pour qu’un souffle l'éparpille

Sur quoi repose une vie
Qu’une complainte assourdie
Quelques plumes égarées
Dans un dédale d’envies

Un peu de cendre et de pluie
Comme une rose flétrie
De ma viole éventrée
Dans la tempête en furie

Les colombes enlacées
Dans leurs fragiles coquilles
Peignent leur cage feutrée
Mais si l’encre s'égosille

La chanson part en fumée
Comme une rose flétrie
Pauvres cordes étouffées
Sur quoi repose une vie

6 Aux rages

Ecriras-tu cet éclair
Vite avant qu’il ne s’efface
Quand la lueur qui t'éclaire
Etait un autre zig-zag

Peux-tu attrapper la foudre
La sceller dans une boîte
Que le feu marque le foudre
Aux armoiries de l’agate

Puis dérouler le tonnerre
Avant que le temps fatal
Ne noie ces chants qui tonnèrent
La voie tiédie des fractales

Peut-être entre les dorures
De l’enluminure éteinte
Pourras-tu voir l’embrasure
D’une vérité étreinte

T’infiltrer sous l'échancrure
En ignorant les chardons
Et découvrir la parure
Que te cachait le charbon

Tu nous diras ces gargouilles
Dont le dos écaillé bronze
Dont le gaster qui gargouille
Dévore ses soeurs de bronze

La pose assoupie des sphynx
Aux pyramidions aztèques
L’air indolent de ces lynx
Adorateurs de pastèques

Les escadrons de soucoupes
Au milieu des confitures
Le grésillement des coupes
Enfin la déconfiture

Des flèches à plein carquois
Transperçant brume et peinture
Et le sol d’un bras narquois
Qui t’arrache aux fioritures

Lors que tu n’as pas écrit
Le dixième du centième
Pas une rame assouplie
D’une flotte de trirèmes

Et la patine coquette
Qui râle pour un dièse
Elle efface elle caquète
Remanie la diérèse

Indique de sa baguette
Que le décor est trop âpre
Qu’aux artichauts en barquette
Elle préfère les câpres

« Ces effluves d’ammoniac
« Dois-je tout faire moi-même ?
« Il faut le couvrir d’un lac
« D’eau de rose et de bohème

« C’est qu’on croirait un cloaque
« Quelle horreur des frangipanes ! »
Telle est la douceur qui claque
Fouet parfumé de pivoines

De peu qu’elle ne te dise
« Es-tu sûr d’avoir vu ça ? »
Et toi d’une encre cerise
De signer lalilala

7 Arc-en-ciel

Je te piquerai de mots bleus
Et de leurs charmes venimeux
Qui t’embrasseront langoureux

Je t’assiégerai de mots beiges
Nous entremêlerons nos pièges
Dans la tiède douceur des neiges

Je t'épargnerai les mots mauves
Je préfère tes teintes fauves
Au parfum terne des guimauves

Je te voilerai de mots noirs
Pour que tu entrevoies l’espoir
A travers les mailles du soir

Je te huilerai de mots jaunes
Je te couvrirai de leur baume
Masserai ta peau dans leur chaume

Je te borderai de mots verts
Mis a l’index aux monastères
Pour hanter tes rêves d’hiver

Je te napperai de mots roux
A la fois sauvages et doux
Qui s’insinuent dans les froufrous

Je t’inonderai de mots blancs
De ceux qui montent lentement
Comme une marée de printemps

Je te marquerai de mots bruns
Pour faire couler ton chagrin
Hors de ton corps hors de tes reins

Je t’effeuillerai de mots roses
De ceux qu’on dit quand tout explose
Que l’on s’enfuit loin du morose

J’insufflerai les mots oranges
Dans ces pulsions qui nous démangent
Pour fondre nos chairs dans la transe

Je t’enflammerai de mots rouges
Chacun de l’autre maître et gouge
Dans l'éther surchauffé qui bouge

8 Bleu blanc rouge

Ses cheveux irisés par un ciel de saphir,
Son buste parsemé de perles chatoyantes,
Son ventre secoué par l’onde luxuriante,
La mer livre sa peau de pervenche au zéphyr.

Sur son trône d’albâtre et de marbre éclatant,
Vénérable empereur des dômes enneigés,
Le vieux sommet chenu, de rayons couronnés,
Verse dans la vallée des pleurs de diamant.

La bûche dans le feu nous conte les aurores,
Les couchants empourprés qu’elle a vu s’abîmer.
La flamme est un soleil d’améthyste égaré
Qui s’enfuit vers l’azur dès que l'âtre s’endort.

Mais le bleu c’est aussi une larme profonde
Qui répand le sérum des naïades blessées,
C’est une fuite d’eau au barrage qui gronde,
Lugubre augure avant le grand raz-de-marée.

Mais le blanc c’est aussi la lumière spectrale
Qui s'échappe en hurlant des livides fantômes
Dont les coeurs tourmentés dans leurs draps de cristal
Ont pour seuls compagnons les follets et les gnômes.

Mais c’est aussi le sang sur les lèvres rubis
Des succubes en rut les nuits de pleine lune,
Le sabbat des dragons sur les coteaux maudits
Qui crachent un enfer de fer et de rancune.

9 Beaujoli villages

Le vigneron carillonne
L’heure des vendanges sonne

Les beaux raisins sont bien mûrs
Les lourdes grappes vermeilles
Pèsent leur poids sur la treille
On croirait un champ de mûres

Les vendangeurs emprisonnent
Les coloris de l’automne

Dans les arbres, les buissons
La campagne se barbouille
C’est une autre floraison
De menthe, d’or et de rouille

Le tonnelier assaisonne
La brûlure de l’automne

Les branchages déssèchés
Illuminent, nostalgiques
La saison mélancolique
Aux derniers feux de l'été

Et la bouteille emprisonne
Les crépuscules d’automne

Le couchant à l’agonie
Consume l’ultime jour
Sur terre la frénésie
Se sublime dans l’amour

Le liège tire-bouchonne
Les alizés de l’automne

Etincelantes de braises
Les essences de framboises
De groseilles et de fraises
Embaument l'éther d’extase

La jolie robe frissonne
Des caresses de l’automne

Ainsi que d’un corps peu sage
S’avancerait un tétin
La liqueur sans son corsage
Libère l'âme du vin

Et le nectar me tisonne
Du miel des soleils d’automne

Le feu coule dans la gorge
Depuis son palais de verre
Ensevelissant l’hiver
Sous des champs de sucre d’orge

Dans ma cervelle chantonnent
Les chaudes brumes d’automne

10 Arrière-saison

Reviens-moi, ma douce Folie
Ensemble partons
Vers ces pays où la mélancolie
Nous sert d’avirons

Rejoins-moi, qu’ensemble comme avant
Nos éclairs de rire
Nous soit un bélier ivre de délire
Contre les coups du temps

Offrons-nous de l’impossible en cascade
Laissons-nous guider par les tornades
De nos émotions ;
Ayons le coeur nomade,
Ensemble rêvons

Tu as les clefs, j’ai les tenailles
De nos lourds boulets de grisaille
Ne nous fait point languir,
Cette porte de marbre noir
Réservoir de nos cauchemars
Qu’attends-tu pour l’ouvrir ?

Partons pour le pays des fables
Où tout, même la pierre, a un nom ;
Dans ce pays d’or de sons
La moindre auberge est une douce étable
Lorsque la Joie s’y attable
Et nous chante des chansons

Tu es là, ma douce Folie
Et je vois que tu as amené les onguents
Pour panser mes vieilles blessures,
Soit louée pour cette hérésie
Contre le monotone et son code pesant.
Adieu, mon antique robe de bure,
Aujourd’hui je change de parure

Le soleil décline, qu’importe
Dans mon coeur c’est le carnaval
Un vent étrangement musical m’apporte
Ses chaudes couleurs automnales

Partons pour ce pays où les arbres sont bleus
Et les cieux émeraudes,
Où le crépuscule n’est qu’une nouvelle aube
Teintée d’or et de feu

Viens, laissons là cet air rance de moisissure
Allons regarder si, de la lune
On aperçoit ce triste monde en miniature
Oublions nos soucis, nos rancunes
A nous le somptueux cellier de la luxure !

11 Ivresse

On en voit si peu
De rosiers en fleurs
De rosiers en feu
Qui nous font des fleurs

Auprès de l'étang
Ils tremblent de lire
Le parfum troublant
Troublant du désir

C’est le coeur tremblant
Que l’ondine chaude
Caresse le vent
De ses émeraudes

Car les fruits d’antan
Fleurons à venir
Les flocons d’argent
Ont peur de flétrir

Les arbres blessés
Pleurent le printemps
Là-bas dans les champs
Plombés par l'été

La chandelle vive
Consume l’orgueil
La frondaison ivre
Essaime ses feuilles

Pourtant quand le ciel
Ne peut se dédire
Les épis de miel
Epicent la cire

C’est qu’il y a tant
De choses à dire
Aux jours qui pourtant
Ne cessent de fuir

C’est qu’il y a tant
De fleurs pour l'écrire
Les fleurs cependant
Ont peur de le dire

Ont peur et pourtant
Qui oserait rire
Quel fol épi blanc
Neigerait son ire ?

La chandelle vive
Ne peut les atteindre
Qu’une fugitive
Seconde à étreindre

Là-bas dans les champs
Au seuil d’un soupir
Les flocons des chants
Fondent sur la cire

Mais le feu qui vole
Lui seul peut enfreindre
Les règles du sol
Et part les rejoindre

C’est qu’il y a tant
De choses à vivre
Car le ciel cinglant
Ne cesse de rire

De rire au soleil
Du prochain délire
L'éclaircie vermeille
Aidant à sourire

S’ils tremblent de lire
Vivez coeurs vibrants
C’est qu’il y a tant
De vent à cueillir

12 L'invisible

Tourbillonnent, tourbillonnent,
Les feuilles de l’ancien automne ;
Tourbillonnent, tourbillonnent,
Encerclent l’air et l’emprisonnent.

Encerclent l’air monochrome,
Les feuilles de l’ancien automne ;
Encerclent l’air monochrome,
D’une conscience qui frissonne.

Dans cette danse asynchrone
Une chevelure chantonne,
Dans cette danse asynchrone
D’une conscience qui frissonne.

Sur les traits flous qui se forment
Une chevelure chantonne,
Sur les traits flous qui se forment
Un doux sourire s’abandonne.

Flotte un moment le fantôme
Dans ces couleurs qui le couronnent ;
Flotte un moment le fantôme,
Un doux sourire s’abandonne.

Mais le soleil qui s'étiole
Dans ses couleurs qui le harponne,
Mais le soleil qui s'étiole
Ote sa robe et sa couronne.

L'être fluide s'évapore
En une brise qui fredonne,
L'être fluide s'évapore
Dans l’infini qui l’environne.

13 Brume

La brume tombée
Répand sa rosée
Sans regrets et sans bruit.
Les lampes sont pâles
Leur lumière sale
S'égare dans la nuit.

Contours chaotiques
Décor féerique
Tout excite l’esprit.
Là-bas, dans un coin,
Un énorme oursin
Qui le jour n’est qu’un buis.

Perdus dans ce mirage
Quelques passants enragent
Où est donc leur foyer ?
Nous sommes tous des ombres
Qui hantons les décombres
Quand vais-je déjeuner ?

Un ivrogne joyeux
Semble pris dans un jeu
Il danse son bonheur.
Alors, dans cette rue,
Ma frayeur disparue,
Je l’accompagne en coeur.

Tous deux nous errons
Fantômes un peu ronds
Effrayant les matous ;
Possédés de gaieté
Criant aux attardés :
Tu veux vivre ? Sois fou !

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Auteur: chimay

Created: 2021-11-07 dim 20:23

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