Eclats de vers : Litera : Océanes

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Table des matières

1 Diamant

Or
Limpide,
Eau timide,
Complexe accord
De feux immortels,
Voix grave d’un ténor,
Résonance d'étincelles,
Palpitation du choeur des belles,
Débauche éclatante de lumière,
Noyade de l’oeil dans un lac d'éclairs,
Flocons en hiver, lucioles estivales,
Océan enneigé sur qui flotte un brasier,
Pétales printaniers, palette automnale,
Reflets souriants de l’astre argenté,
Glissade grisante de névé,
Vibration sur le coeur des belles,
Décadence de prunelles,
Eclat flou d’un trésor
Voilé de dentelles,
Mais vient l’aurore
Translucide,
Avide
D’or.

2 Être ange

Il n’y a plus d’encre sauvage
Les blés sont coupés dès l’automne
Avant le givre et qui s'étonne
Il n’y a plus d’encre sauvage
L’eau a déserté les virages
Et c’est du sable qu’on moissonne
Il n’y a plus d’encre sauvage
Les blés sont coupés dès l’automne

Sur un sol creusé de mirages
Le temps n’est plus qu’une momie
Et l’atmosphère un sarcophage
Sur un sol creusé de mirages
Les sentiers perdent leur magie
L'île voilée a fait naufrage
Sur un sol creusé de mirages
Le temps n’est plus qu’une momie

Même tel masque à l’agonie
Vit se briser ce loup de verre
Sachant trop bien l’art de se vendre
Même tel masque à l’agonie
À laissé filer les enchères
Tomber son rire de cassandre
Même tel masque à l’agonie
Vit se briser ce loup de verre

Même tel prince de cristal
Qui le croirait qu’il fut de chair
Avant l’aurore des glaciers
Même tel prince de cristal
Qui le croirait qu’il a chanté
Comme un jeu d’ombre et de lumière
Même tel prince de cristal
Qui le croirait qu’il fut de chair

Dans ce théâtre d’impatience
Où tout se fige et ce silence
Qui laisse l’heure sans ressort
Dans ce théâtre d’impatience
Tout semble sombrer sans effort
Rien ne s'échappe du décor
Dans ce théâtre d’impatience
Où tout se fige et ce silence

Jusqu’aux nuages immobiles
Où les cadrans sont pris au piège
Loin des soleils d’or et de neige
Jusqu’aux nuages immobiles
Qui ont déboussolé les roses
Les vagues d’art les vents moroses
Jusqu’aux nuages immobiles
Où les cadrans sont pris au piège

Jusqu'au rêve âpre des rivières
De pluie d’orage et d’océan
Le moulin dort comme une pierre
Jusqu'au rêve âpre des rivières
Scrutant au loin les oiseaux blancs
Mais rien ni l’ombre ni l'étang
Jusqu'au rêve âpre des rivières
De pluie d’orage et d’océan

Car le jusant reste une eau vierge
Rosée de candeur et d'épine
Pourtant les remous se dandinent
Car le jusant reste une eau vierge
Sous le pinceau qui la dessine
Qui la retouche et la taquine
Car le jusant reste une eau vierge
Rosée de candeur et d'épine

Et la voilure attend la brise
Comme un messie libérateur
Le moindre éventail se déguise
Et la voilure attend la brise
Jamais vaincue toujours conquise
Par le frisson de ses frayeurs
Et la voilure attend la brise
Comme un messie libérateur

3 Légende

Un ciel jaspé de violine
Que de blancs bouquets d'églantine
Traversent ça et là
L’arôme ardent de la muscade
Gorge la pulpe des grenades
Imagine un peu ça

Les sept soleils de l’arc-en-ciel
Constellent la cité d'Ariel
De carreaux de lumière
Mais notre princesse est maussade
Il pleut dans ses beaux yeux de jade
A l’abri des paupières

Des sept cités de l’archipel
Elle gouverne la plus belle
Dans son palais d’ivoire
Mais ses étoffes de velours
Ne lui sont plus d’aucun secours
Quand l’envahit le soir

Ni la caresse des jets d’eau
Ni le vent lutin sur sa peau
N’apaisent ses tourments
Elle se souvient de ces soirs
Où il émergeait du miroir
Dans un halo d’argent

La lune à travers les rideaux
Les feux follets sur les créneaux
Eclairant le donjon
Quand elle offrait son corps de fée
Et s’ouvrait comme une orchidée
Sous son beau papillon

Mais le dit miroir s’est brisé
Un de ses elfes affolés
A fait fuir son amant
Il ne lui reste de ces tendres
Instants qu’une plume et l’attente
Qui déchire le temps

Quand la chaleur de la canelle
S’infiltre à travers la dentelle
Vient pimenter ses sens
Elle sent sous le fin coton
La poudre rouge des dragons
Qui lui brûle le ventre

Dès que le dernier jour s'éteint
Tandis que le désir l'étreint
Qu’il ourle l'édredon
Elle roule comme un navire
Nef désemparée qui chavire
Coulée par la passion

Ni les cascades de rubis
Ni les rivières de vin gris
N’apaisent son chagrin
Seule la magie de l’absinthe
L’espoir qu’au coin du labyrinthe
Il apparaisse enfin

Et dans son ciel de violine
Les nuages noirs s’enracinent
Sa volonté s'érode
Un jour au bord du désespoir
Elle dit aux ondes de moire
En leurs murs de géode

Je suis la princesse d'Atlante
Reine des sept îles flottantes
Votre fille sur terre
Mes villes de marbre et d’or blanc
De corail et de diamant
Débordent de lumière

Le plus humble de mes châteaux
Je l’ai sculpté dans un joyau
Ensorcelé d'éclairs
Les farfadets trolls et dragons
Mangent dans ma main les griffons
Subissent ma colère

Je suis la princesse d'Atlante
Reine des sept îles flottantes
Votre fille sur terre
Les géants craignent mes pouvoirs
Mais je vous implore ce soir
Ecoutez ma prière

Pour vous dix coffres d'émeraude
Si vous me portez vagues chaudes
Par delà l’irréel
Pour vous dix coffres de platine
Si vous me portez vagues fines
Au monde des mortels

Dans le silence qui suivit
Les oiseaux gagnèrent leurs nids
Sans risquer un murmure
Alors du fond des flots sauvage
On lui répondit d’un ton grave
Faisant trembler les murs

Princesse garde tes joyaux
Vois-tu près de toi ces cristaux
C’est un échantillon
Nous avons dans nos profondeurs
Mais cela vaut-il une fleur
Des palais par millions

Va il viendra te retrouver
Ecoute les saules pleurer
Leurs larmes sont les tiennes
Ignores-tu que l’océan
Est aussi un miroir d’argent
Va jolie magicienne

Ceci termine le récit
Que me fit un jour un ami
Les yeux brillant de fièvre
Je crus d’abord que ces merveilles
Sortaient tout droit de la bouteille
Qu’il lança vers la grève

Il est parti seul à la nage
Vers l’horizon vers le visage
De sa charmante fée
Il n’en est jamais revenu
L’océan l’aurait-il vaincu
C’est à vous d’en juger

Douze mois après son départ
J’ai trouvé devant mon miroir
Cet étrange billet
Ou bien je suis devenu fou
Ou il est en vie après tout
Voici donc le poulet

La lavande couvre les mers
Le réel et l’imaginaire
Ont eu un bel enfant
Une toute petite fille
Elle se nomme Poésie
Née au dernier printemps

4 Livre de bord

J’ai voyagé sur l’océan
Des sentiments

Balloté entre l’ivresse
Et la tristesse

Il est immense et parsemé d’archipels
C’est un ciel
Dont la carte lapis scintille de feux blancs

La mer souvent s’y creuse et la houle
S’y enroule
Sous la légende absurde du vent
Eclatant

Le vent y vend des promesses qu’un fou
Ne croirait pas
Mais lorsqu’on veut véritable un bijou
Et même s’il ne vaut qu’un demi-clou
On y croit

On y croise deux grandes îles
Peuplées de touristes fébriles :
L'Amour et l'Amitié
Là-bas la foule seule abonde
Non plus aucune dune ronde
Où aller s’isoler

Il se dit qu’un tunnel sous-marin les relie
Et que la nuit les fées viennent choisir leurs proies
Parmi le sable bleu des humains assoupis
Qui s’endort anonyme et se réveille roi
Cependant c’est la brume
Alentours et l'écume
Superpose le phare aux éclairs des lamproies

Voyageur, fuis ! Qui que tu sois
Vieux pirate au regard lubrique
Marchand de safran et de soie
Loup de mer au souffle lyrique
Héroïque jeune corsaire
Marin de bar ou de rivière
Veux-tu éviter la civière ?
Fuis loin de ces eaux maléfiques !

J’ai voyagé sur l’océan
Des sentiments

Il est immense et parsemé d’archipels
C’est un ciel
Dont la carte lapis scintille de feux blancs

Navigue plus loin vers l’aurore
Qu’elle soit d’or ou boréale
Quand le septentrion s’endort
Explore les ondes australes
Sillonne tous les méridiens
Choisis au hasard ton chemin
Tu y trouveras l’infini
Et des myriades d'îlots qui
Ne sont sur aucun parchemin

Accoste-les l’ombre y est fraîche
Et l’eau de source désaltère
Où que tu sois l'âme s’altère
Les cascades creusent leurs brêches
Tu laisseras un peu de toi
Mais emporteras une crêche
Un peu de chaume sur le toit
Et puis tatoué sur le bras
Un écrit à l’encre invisible
Car certains liens sont indicibles

Le vent y vend des promesses qu’un fou
Ne croirait pas
Mais lorsqu’on veut véritable un bijou
Et même s’il ne vaut qu’un demi-clou
On y croit

Il se dit qu’un réseau sous-marin les relie
Et que la nuit les fées viennent choisir leurs proies
Parmi le sable bleu des humains assoupis
Qui s’endort anonyme et se réveille roi

5 Anges hélés

Il est de tous connu qu’une sainte n’y touche
Jamais sauf exception ou bien avec un ange
Ou bien à la rigueur contre quelque indulgence
Après tout elle en a matelassé sa couche

De quoi tenir un siège ou garnir une table
Au cas où ses instincts reprendraient le dessus
Tout séraphin n’est pas modèle de vertu
Puis certains canapés se font si confortables

Si bien capitonnés qu’il lui prend des envies
De laisser sans pudeur sur sa chair au goût tendre
L’objet de son désir s'étirer et s'étendre
Ne vous l’ai-je pas dit ? C’est un canapé-lit

A rendre paresseux un caféinomane
Juste pour le plaisir de tester les coussins
Dans ce nid de douceur plus large qu’un bassin
A l’onde chaleureuse aux langueurs de tisane

*

Il est de tous connus qu’un prêtre déluré
Est nommé au couvent pour calmer les émeutes
Car qui donc oserait prendre de front la meute
S’il n’est auparavant un peu immunisé

Ca vaut mieux se dit-il que d'être défroqué
Et puis s’il se fatigue il lui reste confesse
L’oreille bienveillante aux folles pêcheresses
Qu’il pourra consoler sans oser pardonner

L’auréole ternie le rendant plus humain
Assez pour embrasser beaucoup trop pour juger
Ces coeurs qui lui avouent ne jamais marchander
L’amour contre une vie de l’or un parchemin

Aussi il les punit d’une main sur la croupe
De quelques mots paillards débordant de tendresse
Et si c’est vraiment grave il les prend pour maîtresse
N'étant pas réfractaire à ce genre d'étoupe

*

Vous l’aurez compris nos deux ailés se hélèrent
Etant assez zélés pour sillonner la grève
De coups de vent si forts que s’agitait la sève
Comme une mer creusée dont les flots se resserrent

Autour de l’intrusion saillante d’un navire
Quand la vague furieuse est ravie de rouler
De venir se frotter sur la quille d’acier
Victorieuse écumante aux corps qui se chavirent

Leur fougue remua si bien le fond marin
Que l’on entend souvent échoué sur la plage
Le ressac du tumulte au creux d’un coquillage
Mélancolique écho d’hier et de demain

Voici contée l’histoire aux envoûtants parfums
D’une ange un peu coquine et d’un archange gris
On dit qu’un crépuscule un beau soir les saisit
Ne laissant derrière eux que l’ombre d’un embrun

6 Le chant des vagues

C’est un chant qui ruisselle au fin-fond de l’oreille,
Un avant-goût du sel nacré des coquillages.
Les embruns parfumés dessinent un rivage,
Une île d'émeraude imbibée de soleil.

Le vent semble répondre aux cris d’une bouteille,
Testament d’un galion acculé au naufrage.
Il allait, pourtant fier, dans l’océan sauvage
Mais il dort dans l’eau noire, en un profond sommeil.

Son ancre reposait au creux d’une lagune
Où l’eau semblait la clef d’une porte céleste,
Un vitrail incrusté de jade et de corail ;

Mais il voulut la fuir par une nuit sans lune
Pour épouser l’or et les coffres de l’ouest ;
Jalouse, elle griffa d’une insondable entaille.

7 Ni terre ni taie

Dans l’archipel de nos naufrages
Tu le crains qu’il a chaviré
Ce vif éclair de notre rage
Mais si la coque s’est brisée
Qu’il bave sa carène à l’air
D’où vient cette mélodie claire
Cette voix qui me vient surprendre
Si notre chaloupe est en cendre
D’où ce chaland qui m’est si cher ?

Nous sommes encore à l’ancrage
Dans l’archipel de nos naufrages
Vergues tapies dessous les hunes
Et le sable orange y affleure
Comme un haut-fond sort de la brume
Comme un des sens noyé de pleurs
La nuit languide des lagunes
Comment pourrait-elle nous prendre
Si notre chaloupe est en cendre ?

Ils se prolongent les rivages
Dans l’archipel de nos naufrages
Entre rideaux d’eau et salines
Le grincement sur le tillac
Le roulis libre des hamacs
La complainte des balancines
Quel est ce vent qui vient s'éprendre
Si notre chaloupe est en cendre
De la timide brigantine ?

Elle est tout au fond du cirage
Dans l’archipel de nos naufrages
Où chaque île flottante songe
Qu’elle est plus qu’un vaste mirage
Même si le soir elle plonge
Si vite qu’on s’y peut méprendre
Jusqu'à penser sortir d’un songe
Mais d’où vient qu’on la peut comprendre
Si notre chaloupe est en cendre ?

Dans l’archipel de nos naufrages
Sens-tu jaser la valériane
Et l’orangeade des gentianes
Et les cascades diaphanes
Sous le jusant des bavardages ?
Quelle est cette chanson si tendre
Ce canon qui sait se reprendre
Si notre chaloupe est en cendre
Qui relie la terre aux nuages ?

8 Qu'as-tu, ore ?

S : L'épine de l’aurore irriguait l'églantine
A : Quand je sus que ma soeur roulait comme un radeau
T : Mais quel mage pourrait dissoudre son fardeau,
B : Vers quelle cendre encor vogue ma brigantine ?

S : Quand je vis son beaupré iriser l’horizon,
A : Je ne pus retenir une brume maussade.
T : Quelle foudre engloutit le parfum des muscades ?
B : Un corail amarante embrase les bisons.

S : Depuis mon coeur se grise au gré des balancines,
A : Le déluge déploie ses vaporeux rideaux.
T : Aux nymphes des coussins il bâtit des châteaux,
B : La chandelle à la menthe encense l’aubépine.

S : Et les arcs des sept cieux arpègent les saisons ;
A : L'émeraude s'éteint dans l'écume sauvage.
T : Mon frère est échoué sur la soie des naufrages ;
B : Champagne, montre-moi d’autres constellations !

S :

L'épine de l’aurore irriguait l'églantine
Quand je vis son beaupré iriser l’horizon,
Depuis mon coeur se grise au gré des balancines,
Et les arcs des sept cieux arpègent les saisons.

A :

Quand je sus que ma soeur roulait comme un radeau,
Je ne pus retenir une brume maussade.
Le déluge déploie ses vaporeux rideaux ;
L'émeraude s'éteint dans l'écume sauvage.

T :

Mais quel mage pourrait dissoudre son fardeau,
Quelle foudre engloutit le parfum des muscades ?
Aux nymphes des coussins il bâtit des châteaux,
Mon frère est échoué sur la soie des naufrages.

B :

Vers quelle cendre encor vogue ma brigantine ?
Un corail amarante embrase les bisons.
La chandelle à la menthe encense l’aubépine ;
Champagne, montre-moi d’autres constellations !

9 Le château de sable

Je ne suis qu’un château de fin sable mouvant
Meublé par le reflux des vagues caressantes ;
Leur écume s'échoue, douceur évanescente,
Je me berce aux sanglots de leurs doigts languissants.

Meublé par le reflux des vagues caressantes,
Mes graines d’or se noient au hasard des courants ;
Je me berce aux sanglots de leurs doigts languissants,
Horizon d’un îlot, épave incandescente.

Mes graines d’or se noient au hasard des courants,
Où les emmènent donc les eaux tourbillonnantes ?
Horizon d’un îlot, épave incandescente,
Vaut-il mieux la cascade ou la mort d’un étang ?

Où les emmènent donc les eaux tourbillonnantes ?
La sirène exaltée se pâme dans le vent,
Vaut-il mieux la cascade ou la mort d’un étang ?
Je préfère la mer, sa complainte haletante.

La sirène exaltée se pâme dans le vent,
Boire le doux limon au creux de l’indolente !
Je préfère la mer, sa complainte haletante :
Je ne suis qu’un château de fin sable mouvant.

10 Naufrage

Je me laisse couler au fin-fond du chagrin
Dans l’océan sans fond d’un naufrage sans fin.
Dans l’eau, nul édredon, nul parfum d'évasion,
Qu’une vase évasive étranglant l’horizon.

Autrefois je filais, toute voiles gonflées,
Aspirant goulûment les parfums d'évasion,
Mais la mer abrasive, instable et assoiffée,
A lentement rongé le bois de flottaison.

J’ai colmaté longtemps les brêches cristallines
Mais vains sont les espoirs, les mensongers poisons
Des plages alanguies où la vague câline
Berce les rêves d’or de douces illusions.

Je suis donc remonté, titubant, sur le pont
La barre droit au large, et droit sur l’ouragan
Pour un dernier défi, toutes voiles au vent,
Sous les embruns grossis d’anciennes effusions.

Mais vains sont les espoirs, les mensongers poisons :
Mon vaisseau a sombré dans l'écume salée.
Le vent se moque bien des anciennes passions,
Des palettes flétries et des fleurs délavées.

Longtemps j’ai surnagé, tel une épave inerte,
Avant de me laisser plonger sous l’horizon.
Depuis je descends dans ma cage d’algues vertes
Loin de ces rêves d’or, des riches alluvions.

J’ai croisé des beautés en robes translucides,
Abusé de leur vin et perdu la raison ;
Puis la neige en coton, la lumière livide,
Et l’obscur engloutit jusqu’au dernier rayon.

Encore, encore, encore et toujours plus profond,
Dans l’océan sans fond d’un naufrage sans fin,
Sans ballast, sans bouée, vaincu par l’attraction,
Je me laisse couler au fin-fond du chagrin.

11 Miroirs

Parallèles miroirs, portes sur l’infini,
Deux glaces ciselées d’un pur géométrique.
L’irrégulier bani d’un ton teint et poli,
Reste un fluide limpide, abyssal mirifique.

Bain bleuté de couleurs, de l’eau sombre à l’eau pâle,
Palette valonnée ainsi qu’un fond marin
Lissé par le roulis incessant des opales,
Nuances veloutées de profondeurs sans fin,

Votre onde est étrange, qu’on y puisse à la fois
Etre le fier voilier voyageant sur vos flots
Et cette plage triste engluée dans la voix
D’un vent qui toujours siffle et ne dit jamais mot.

Un monde est pris au piège entre les deux machoires,
Réflexion rotative, ronde de reflets.
Son nom bientôt broyé entre ces dents d’ivoire
N’est plus qu’un nuage dispersé dans l’abstrait.

Y a-t-il un réel ou n’est-on qu’un mirage ?
Sommes-nous les copies de nos propres répliques,
Vide sans substance qui pourtant se propage
Dans les colonnades d’un palais féerique ?

C’est au crépuscule qu’ils se laisse entrevoir,
Au croisement de deux univers impassibles.
Sous les distorsions des vaguelettes du soir
Ses arceaux déformés semblent presque accessibles.

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Auteur: chimay

Created: 2021-11-07 dim 19:10

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