Eclats de vers : Litera : Safrans

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Table des matières

1 Effet de bord

Rouler sa bosse
Nomade en mer
Dans un carrosse
De dromadaires

Faire le point
D’eau et de vent
Sur les coussins
D’un vieux divan

Joindre un turban
Au lourd ciré
Et à la pipe
Un narguilé

Ôter la cape
Et la rapière
Mettre le cap
Loin des congères

Laisser l’offrande
Sur la banquise
La voile prendre
Un bain de brise

Et la chaleur
Mordre la voile
Bain de vapeur
Et de pétales

Courir les dunes
Vagues brûlantes
Fleurs de lagunes
Lunes de menthe

Être corsaire
Mais des corsages
À l’abordage
Des jarretières

Tirer des salves
Mais de caresses
Salves de cils
Des fortes tresses

Laisser le large
Tordre la toile
Tâter des vergues
Frôler l'étoile

D’une rafale
De roues à aubes
D’un jet spirale
Croiser vers l’aube

Couvrir l'écume
De croissants chauds
D’iris d’agrumes
Et de joyaux

2 Passage à gué

La plaine se déssèche, ouvrons tout grand les vannes !
Que l’eau accumulée par tant d’années d’orage
Se déverse à grand flots dans la gorge aux havanes !

Que les fleuves gardés à l’abri des barrages
Répandent d’un seul coup sur la terre assoiffée
Le philtre des langueurs et l’onde des voyages !

Il ne sera pas dit que l’ardente rosée
Attisera sans fin d’un tison lacrymal
Le supplice qui mord le creux de la vallée …

Il ne sera pas dit qu’un monde minéral
Couvrira d’aiguillons la rose et l’aubépine
Ni que le vent qui tourne à vide en ce dédale

Sera seul chevauchant la lande et les collines …
Au galop ! sans tarder, l’aurore se pavane,
Sous les nuages lourds, la lavande s’incline,

La plaine se déssèche, ouvrons tout grand les vannes !

3 Sulfure

Horizon poussiéreux dis-moi si je suis mort
Si ce terril en feu que l’on nomme le monde
Est l’enfer embrumé du temps qui s'évapore
Horizon poussiéreux dis-moi si je suis mort
Si c’est un cauchemar ce ciel d’ocre qui gronde

Comme un volcan cloué dans un plafond d'ébène
Cratère nauséeux qui tangue et qui vomit
Des pluies de cendre sèche et des torrents de haine
Comme un volcan cloué dans un plafond d'ébène
Vers le sol torturé crevassé et maudit

Que reste-t-il des bois disloqués par la foudre
Quelques troncs calcinés vestiges ricanant
Au nez de ces sorciers qui crachent l’asthme en poudre
Que reste-t-il des bois disloqués par la foudre
Des jardins suspendus arrimés au néant

Archipels dérivants comme une pierre ponce
Qui flottez sur un lac de sable et de cailloux
De lave refroidie déchirée par les ronces
Archipels dérivants comme une pierre ponce
Fracturées par le vent dites qui êtes vous

Peut-être le produit d’une hallucination
Ou le souffle brûlant d’un dragon colérique
Vertige lancinant où se trouve le fond
Peut-être le produit d’une hallucination
Réel synthétisé sur nos corps névralgiques

4 Désert

J’ai traversé des océans
De sable fumant et aride.
Tout n’y est qu'éclats aveuglants
De dunes sèches et cupides
Modelées par un vent candide.
Un soleil jaune se reflète
Sur la vague mouvante et vide
Et ses myriades de piècettes.

Il n’est qu'à voir le flot mourrant
De la rosée fraîche et limpide
Pour imaginer que céans,
Caché dans son abri humide,
Doit sucer un scorpion sordide.
Ici, rien que des silhouettes,
Pas d’ombre, rien qu’un teint livide
Et ses myriades de piècettes.

Dans ces galaxies de brillants
La soif tenaille et l’eau acide
Qu’offre l’oasis rutilant
Emporte les esprits lucides
Sur son amertume fétide.
Le vautour sort son épuisette,
Attiré par le ciel torride
Et ses myriades de piècettes.

Compère, évitons l’ouragan,
Passons au large des aigrettes !
Vive le ruisseau accueillant
Loin du cliquetis des piècettes !

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Auteur: chimay

Created: 2021-11-07 dim 19:10

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