Eclats de vers : Musica 06 : Partition

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Table des matières

1. Dualité tonale

1.1. Couple tonal

La musique tonale se base essentiellement sur la dualité dominante — tonique. Le couple tonal est un enchaînement qui met en évidence cette dualité en faisant entendre les deux fonctions. L’accord faisant fonction de tonique, de par son caractère conclusif, se place après l’accord faisant fonction de dominante :

dominante tonique

Le couple tonal est également caractérisé par la descente de quinte qui mène du premier accord au second.

1.2. Couple plagal

Le couple plagal est un peu le miroir du couple tonal : au lieu de descendre d’une quinte pour aboutir à la tonique, l’enchaînement monte d’une quinte. On doit donc partir de la quinte inférieure, c’est-à-dire de la sous-dominante :

sous-dominante tonique

1.3. Dualité tonale mélodique

Le couple tonal peut servir à construire des mélodies qui se répondent.

Ainsi, on peut écrire une mélodie originale dont l’ambitus s’étend approximativement de la tonique à la dominante. La mélodie duale s’étendra alors une quinte plus haut, de la dominante jusqu’à la sus-tonique. Un retour de la mélodie duale à la mélodie originale sera alors percue comme une descente de quinte.

Exemple en do majeur :

mélodie originale mélodie duale
do - sol sol - ré

Si l’ambitus de la mélodie originale s’étend de la tonique à la sous-dominante, la mélodie duale s’étendra de la dominante jusqu’à la tonique.

Exemple en do majeur :

mélodie originale mélodie duale
do - fa sol - do

Enfin, on peut construire un cas intermédiaire où la mélodie originale s’étend de la tonique à la dominante, tandis que la mélodie duale s’étend de la dominante à la tonique.

Exemple en do majeur :

mélodie originale mélodie duale
do - sol sol - do

Nous verrons une application importante de ce cas particulier lorsque nour parlerons des mutations.

1.4. Dualité plagale mélodique

Le couple plagal peut servir à construire des mélodies qui se répondent.

Ainsi, on peut écrire une mélodie originale dont l’ambitus s’étend approximativement de la tonique à la dominante. La mélodie duale s’étendra alors une quinte plus bas, de la sous-dominante jusqu’à la tonique. Un retour de la mélodie duale à la mélodie originale sera alors percue comme une montée de quinte.

Exemple en la mineur :

mélodie originale mélodie duale
la - mi ré - la

Si l’ambitus de la mélodie originale s’étend de la tonique à la sous-dominante, la mélodie duale s’étendra de la sous-dominante jusqu’à la sous-tonique.

Exemple en la mineur :

mélodie originale mélodie duale
la - ré ré - sol

Enfin, on peut construire un cas intermédiaire où la mélodie originale s’étend de la tonique à la sous-dominante, tandis que la mélodie duale s’étend de la sous-dominante à la tonique.

Exemple en do majeur :

mélodie originale mélodie duale
la - ré ré - la

Nous verrons une application importante de ce cas particulier lorsque nour parlerons des mutations.

1.5. Couple tonal pentatonique

Il s’agit d’un couple tonal où les accords utilisés comportent cinq notes et sont construits en empilant des quintes. On élabore alors deux petites mélodies :

  • la première utilise les notes d’un mode pentatonique établi sur la dominante
  • la seconde utilise les notes d’un mode pentatonique établi sur la tonique

Exemple de modes pentatoniques en la mineur :

dominante tonique
mi sol la si ré mi la do ré mi sol la

Cette technique est notamment utilisée dans le blues et le jazz.

1.6. Couple plagal pentatonique

Il s’agit d’un couple plagal où les accords utilisés comportent cinq notes et sont construits en empilant des quintes. On élabore alors deux petites mélodies :

  • la première utilise les notes d’un mode pentatonique établi sur la sous-dominante
  • la seconde utilise les notes d’un mode pentatonique établi sur la tonique

Exemple de modes pentatoniques en la mineur :

sous-dominante tonique
ré fa sol la do ré la do ré mi sol la

2. Tonalité secondaire

2.1. Introduction

On peut renforcer le rôle du degré X de la tonalité principale en le considérant comme une tonique secondaire. La tonalité construite sur ce degré X s’appelle alors tonalité secondaire.

Une fonction tonale d’une tonalité secondaire est appelée fonction secondaire et notée :

Fonction de X

2.1.1. Degrés

Un accord construit sur le degré Y de la tonique secondaire correspondant au degré X est noté :

Y de X

2.2. Fonctions secondaires

2.2.1. Dominante secondaire

La dominante secondaire basée sur le degré X de la tonalité principale s’obtient en considérant X comme une tonique secondaire et en exprimant sa dominante :

Dominante de X

Prenons par exemple do majeur comme tonalité principale et sélectionnons le degré 2, le , comme tonique secondaire. Si nous décidons de lui appliquer le mode majeur, nous obtenons la tonalité secondaire de ré majeur, qui est située une seconde majeure plus haut que la principale. Le tableau des transpositions nous donne alors les altérations fa# et do#. Une quinte plus haut que le , nous avons le la au degré 6, qui correspond à la dominante secondaire :

noms : tonique principale tonique secondaire dominante secondaire
degrés : 1 2 6

Nous choisissons un accord 5 de 2 pour la représenter :

la do# mi

2.2.2. Sous-dominante secondaire

La sous-dominante secondaire basée sur le degré X de la gamme courante s’obtient en considérant X comme une tonique secondaire et en exprimant sa sous-dominante :

Sous-dominante de X

2.3. Tonicisation

La tonicisation consiste à mettre en évidence le caractère de tonique secondaire d’un degré X en jouant le couple tonal secondaire :

( dominante tonique ) de X

c’est-à-dire :

dominante de X tonique de X

Si la fonction de tonique secondaire sur le degré X est assurée par un accord parfait situé sur le même degré, nous obtenons l’enchaînement :

dominante de X X

L’accord parfait sera :

  • majeur si on souhaite mettre en évidence une tonalité secondaire majeure
  • mineur si on souhaite mettre en évidence une tonalité secondaire mineure

2.3.1. Sous-dominante secondaire

Une alternative consiste à jouer le couple plagal secondaire :

( sous-dominante tonique ) de X

c’est-à-dire :

sous-dominante de X tonique de X

Si la fonction de tonique secondaire sur le degré X est assurée par un accord parfait situé sur le même degré, nous obtenons l’enchaînement :

sous-dominante de X X

2.4. Dominante auxiliaire

La dominante auxiliaire est la dominante secondaire obtenue en choisissant la dominante principale comme tonique secondaire. En d’autres termes, la dominante auxiliaire correspond à la dominante de la dominante, située deux quintes plus haut que la tonique principale dans le cycle des quintes :

noms : tonique principale dominante principale dominante auxiliaire
abréviations : T D Daux
degrés : 1 5 2

La dominante auxiliaire est la fonction secondaire la plus utilisée car elle permet de réaliser le couple tonal secondaire :

Daux — D

qui renforce la dominante principale. Enfin, un accord du degré 2 peut être disposé pour assurer une fonction tonale de sous-dominante ou de dominante auxiliaire, reliant ainsi les deux fonctions.

2.5. Dominante de la sous-dominante

2.5.1. Majeur

Nous allons à présent étudier la dominante de la sous-dominante. Supposons par exemple que nous voulions renforcer le rôle de la sous-dominante de do majeur, c’est-à-dire du fa. Notre accord doit donc s’intégrer à la tonalité de fa majeur, qui possède un sib comme altération  :

fa sol la sib do ré mi fa

La dominante de cette gamme étant le do, la première idée est d’utiliser la triade :

do mi sol

mais cet accord ne met pas en évidence l’altération sib et ne se différencie donc pas d’un accord parfait de tonique de do majeur. On utilisera donc plutôt un accord d’au minimum quatre notes :

do mi sol sib

2.5.2. Mineur

En mineur, les modifications sont un peu plus compliquées. Plaçons nous dans la gamme de la mineur harmonique, et construisons la dominante de la sous-dominante. La sous-dominante étant le , on doit intégrer cet accord dans la gamme de ré mineur harmonique. Comme nous sommes une quinte plus bas que le la, un sib apparaît, auquel on doit ajouter la sensible inférieure do# du mineur harmonique :

ré mi fa sol la sib do#

La dominante de cette gamme étant le la, on utilisera donc :

la do# mi

ou :

la do# mi sol

Si on souhaite mettre l’altération sib en évidence, on utilisera plutôt l’accord de cinq notes :

la do# mi sol sib

2.6. Sensibles

2.6.1. Sensibles secondaires

Une note située à une distance d’un demi-ton d’une tonique secondaire crée une attraction mélodique vers cette dernière.

Une sensible secondaire supérieure est un degré situé juste au-dessus d’une tonique secondaire, à un demi-ton de celle-ci.

Une sensible secondaire inférieure est un degré situé juste en-dessous d’une tonique secondaire, à un demi-ton de celle-ci.

2.6.2. Sensibles auxiliaires

Une note située à une distance d’un demi-ton de la dominante crée une attraction mélodique vers cette dernière.

La dominante correspondant au degré 5, les notes qui l’entourent sont situées aux degrés 4 et 6.

Lorsque le degré 4 n’est situé qu’à un demi-ton de la dominante, il est appelé sensible auxiliaire inférieure.

Lorsque le degré 6 n’est situé qu’à un demi-ton de la dominante, il est appelé sensible auxiliaire supérieure.

2.6.3. Tableau récapitulatif

Degrés Noms Abréviations
2 sensible supérieure Ssup
7 sensible inférieure Sinf
6 sensible auxiliaire supérieure SauxSup
4 sensible auxiliaire inférieure SauxInf

2.7. Polarisation secondaire

On parle de polarisation secondaire lorsqu’un ensemble d’accords consécutifs remplissent des fonctions secondaires et mettent ainsi en évidence l’existence d’une tonalité secondaire.

On choisit souvent une note tonale de la gamme principale comme tonique de la tonalité secondaire. Placer la tonique secondaire sur la tonique principale revient à identifier les deux gammes et n’apporte aucun éclairage neuf. La dominante et la sous-dominante sont donc les choix les plus courants de tonique secondaire.

3. Sémantique

3.1. Introduction

La fonction tonale d’un accord peut correspondre au degré :

  • de la fondamentale
  • de la basse
  • du soprano
  • d’une éventuelle note redoublée

Un même accord peut donc assurer différentes fonctions tonales, suivant qu’une ou l’autre de ses notes est mise en évidence.

Inversément, de nombreux accords peuvent jouer le rôle d’une même fonction tonale : il suffit de placer la note souhaitée en évidence. Ce procédé permet de choisir au mieux accords et dispositions afin d’obtenir des mouvements élégants. L’harmonie est donc un cadre très souple dans lequel viennent s’écouler les mélodies.

3.1.1. Suppression

Parfois, la fondamentale est supprimée mais correspond malgré tout à la fonction tonale de l’accord. On parle alors de fonction implicite.

Remarque : ce raisonnement scabreux vise à considérer l’enchaînement des degrés 7 - 1 comme une suite de fonctions dominante - tonique. Je vous le livre ici car il figure dans la théorie harmonique conventionnelle, mais je n’y souscris pas. Il me semble bien plus naturel de considérer que l’enchaînement 7 - 1 prend sa source dans la cadence ionienne à trois voix. Les mouvements contraires qu’elle contient amènent élégamment la tonique, ce qui justifie sa place parmi les piliers de l’harmonie tonale.

3.1.2. Pédale

Si une pédale est présente, c’est elle qui assure la fonction tonale pendant toute la durée de son règne. Suivant les cas, on parle de pédale de tonique, de dominante, ou de sous-dominante.

Idem pour les accords pédale.

3.1.3. Accords ornementaux mélodiques

Les accords ornementaux mélodiques n’ont pas de fonction tonale propre. On considère qu’ils remplissent la même fonction tonale que le premier accord stratégique qui précède ou qui suit, suivant le contexte.

3.2. Synonymes

3.2.1. Introduction

Deux accords distincts remplissant une même fonction tonale sont dit synonymes.

3.2.2. Recherche d’accords synonymes

Nous allons considérer un exemple simple afin de bien comprendre le procédé permettant de découvrir des accords synonymes. Nous choisissons la note do comme tonique et nous voulons découvrir les accords pouvant remplir la fonction de dominante. La dominante étant le sol, cette note devra donc pouvoir être mise en évidence. Le choix le plus évident est un accord du degré 5 avec le sol comme fondamentale, mais il en existe d’autres.

On peut parcourir le cycle des tierces pour découvrir les autres accords à base de tierces incluant un sol. Pour les triades, cela nous donne :

  • sol si ré
  • mi sol si
  • do mi sol

On voit que les fondamentales de ces accords, sol, mi et do, descendent le cycle des tierces.

Il ne nous reste plus qu’à mettre en évidence le sol en le plaçant à la basse, au soprano ou en le doublant. Nous choissons ici la dernière option, ce qui nous donne :

  • sol si ré sol
  • sol mi sol si
  • sol do mi sol

3.2.3. Sans fondamentale

Nous pouvons aussi considérer qu’un accord de degré 7 :

si ré fa ...

est un accord de degré 5 privé de sa fondamentale :

(sol) si ré fa ...

et remplit implicitement une fonction de dominante.

3.2.4. Synonymes usuels

Étant donné une note tonale située sur le degré X, les synonymes les plus utilisés sont :

  • les accords du degré X
  • les accords dont la fondamentale est située une tierce plus bas que le degré X
  • les accords dont la fondamentale est située une quinte plus bas que le degré X

En effet, tous ces accords contiennent la note du degré X, ce qui permet de mettre la note tonale en évidence. On ajoute à cela les accords situés à la tierce supérieure, considérés comme des degrés X sans fondamentale.

Le tableau suivant nous donne les degrés des accords synonymes :

quinte tierce degré tierce
inférieure inférieure tonal supérieure
4 6 1 3
7 2 4 6
1 3 5 7

Exemple en do majeur :

quinte tierce degré tierce
inférieure inférieure tonal supérieure
fa la do mi
si fa la
do mi sol si

Exemple en la mineur :

quinte tierce degré tierce
inférieure inférieure tonal supérieure
fa la do
sol si fa
la do mi sol

3.2.5. Les plus courants

Les possibilités les plus couramment employées sont rassemblées dans ce tableau :

Fonctions Degrés Exemple Exemple
    en do majeur en la mineur
tonique 1 do la
  6 la fa
  3 mi do
sous-dominante 4 fa
  2 si
  6 la fa
dominante 5 sol mi
  3 mi do
  7 si sol

3.3. Lien sémantique

Lorsqu’une modification de la disposition d’un accord A permet de rendre sa fonction tonale identique à celle d’un accord B, on dit qu’il existe un lien sémantique entre les accords A et B.

Par exemple, en do majeur, l’accord :

do mi sol

exerce une fonction de tonique. Si nous plaçons le sol à la basse et que nous le doublons :

sol do mi sol

il exerce alors une fonction de dominante. On met ainsi en évidence un lien sémantique avec l’accord du degré 5 :

sol si ré sol

qui exerce la même fonction.

3.3.1. Synonymes

Si les accords A et B sont unis par un lien sémantique, on peut réarranger A, ou du moins réinterpréter sa fonction tonale, pour qu’il soit synonyme de B.

4. Cycle tonal

4.1. Introduction

Le cycle tonal est une suite d’accords dont les fondamentales descendent le cycle des quintes, mais en annulant ou ajoutant des altérations pour que les notes obtenues restent dans la tonalité. Il part du degré 1 et parcourt tous les autres degrés jusqu’à revenir à la tonique.

Considérons par exemple la tonalité de la mineur. Le cycle des quintes descendantes s’écrit :

la ré sol do fa sib mib lab

Les bémols sib, mib et lab ne font pas partie de la tonalité et sont donc annulés pour revenir aux notes naturelles si, mi et la. On obtient ainsi le cycle :

la ré sol do fa si mi la

ce qui correspond aux degrés :

notes : la sol do fa si mi la
degrés : 1 4 7 3 6 2 5 1

Écrit en terme de degrés, le cycle tonal est applicable à n’importe quelle tonalité. C’est donc cette forme que nous retiendrons :

1 4 7 3 6 2 5 1

C’est ce cycle, répété en boucle, qui sert de fondation à la musique tonale. Naturellement, de nombreuses variations de ce modèle se succèdent afin d’en rompre la monotonie. Si les techniques permettant de produire ces variations peuvent nous mener à des enchaînements parfois très éloignés du cycle d’origine, elles respectent néanmoins certains principes :

  • il existe un lien entre
    • les accords originaux et les modifications
    • le nouvel accord et son environnement
  • ce lien peut être
    • accord synonyme
    • lien sémantique
    • fonction secondaire
    • lien polyphonique
    • enharmonie
  • l’accord final de chaque cycle fait en général fonction de tonique ou de dominante

Le cycle tonal permet d’expliquer des enchaînements courants ou d’en découvrir de nouveaux, mais n’oublions pas qu’il ne s’agit que d’un d’outil optionnel, à utiliser lorsqu’on le juge pertinent.

4.1.1. Quinte diminuée

Reprenons notre exemple en la mineur. Si toutes les quintes étaient justes, nous traverserions le cycle complet des douze notes diatoniques et altérées :

la ré sol do fa sib mib labb solb [dob = si] mi la

Au moins une de ces quintes doit être altérée afin de rester dans la gamme heptatonique de la mineur. Dans notre exemple, l’annulation des bémols produit l’apparition de la quinte diminuée descendante fa — si.

4.2. Suppression des doublons

Afin de simplifier la structure musicale, les accords intervenant en double peuvent naturellement être réduits à un seul exemplaire. Exemple :

... 5 1 1 4 ... —> ... 5 1 4 ...

4.3. Substitution

Cette opération consiste à remplacer un accord du cycle par un autre. On veille toutefois à ce que l’accord original et son remplaçant présentent certaines caractéristiques communes. Voici les principaux mécanismes de substitution :

  • substitution par un accord synonyme à l’accord remplacé
  • substitution par un accord qui possède un lien sémantique avec l’accord remplacé
  • substitution par une fonction secondaire transformant le degré suivant en tonique secondaire
  • substitution polyphonique : le nouvel accord possède des liens polyphoniques avec les accords environnants
  • substitution enharmonique : le nouvel accord est enharmonique à l’accord remplacé

4.4. Insertion

Cette opération consiste à insérer un nouvel accord entre deux accords du cycle. On veille toutefois à ce que l’accord inséré présente certaines caractéristiques communes avec au moins un des accords environnants. Les techniques d’insertion sont similaires à celles utilisées pour la substitution :

  • insertion d’un accord synonyme renforçant une fonction tonale environnante
  • insertion d’un accord possédant un lien sémantique avec un des accords environnants
  • insertion d’une fonction secondaire transformant le degré suivant en tonique secondaire
  • insertion polyphonique : le nouvel accord possède des liens polyphoniques avec les accords environnants
  • insertion par enharmonie : le nouvel accord est enharmonique au précédent ou au suivent

4.5. Déviation

Cette opération consiste à dévier de trajectoire en créant un raccourci dans le cycle tonal. On veille toutefois à ce que l’accord de départ ait un lien avec l’accord d’arrivée :

  • déviation vers un accord d’arrivée synonyme à celui de départ
  • déviation vers un accord d’arrivée qui possède un lien sémantique avec l’accord de départ
  • déviation polyphonique : l’accord de départ possède un lien polyphonique avec l’accord d’arrivée
  • déviation enharmonique : les accords de départ et d’arrivée sont enharmoniques

4.5.1. Raccourci

Le raccourci est une déviation partant de n’importe quel accord du cycle vers une fonction de dominante, éventuellement suivie par une fonction de tonique.

4.5.2. Déviation enharmonique

À titre d’exemple de déviation enharmonique, plaçons-nous en la mineur. L’accord de dominante sans fondamentale :

sol# si ré fa

est enharmonique à :

lab si ré fa

lui-même renversement de :

si ré fa lab

Ce dernier accord étant du degré 2, on peut créer un court-circuit entre les degrés 7 et 2. Le cycle devient :

1 4 7 2 5 1

4.6. Figures de style

On peut imaginer d’autres types de modifications à apporter au cycle tonal, en s’inspirant des figures de style littéraires par exemple.

4.7. Interprétation & réalisation

4.7.1. Introduction

Il existe de nombreuses interprétations du cycle tonal en terme de fonctions, et chacune de ces interprétations peut être réalisées par différentes suites d’accords. Nous disposons donc d’un système très prolifique.

4.7.2. Degré 7 comme dominante

Voici un exemple d’interprétation du cycle tonal :

1 4 7 3 6 2 5 1
T SD D T T Daux D T

Le degré 7 y est considéré comme une dominante sans fondamentale et les degrés 3 et 6 comme des accords de tonique. L’astuce est que nous allons à présent oublier les degrés du cycle pour se concentrer sur les fonctions :

T SD D T T Daux D T

Nous pouvons décider de réaliser ces fonctions par la suite d’accords :

T SD D T T Daux D T
1 4 5 1 6 2 5 1

pour autant que chacun d’entre-eux mette en évidence la note tonale correspondante, cela va de soi. Mais il existe d’autres possibilités pour représenter cette suite de fonctions. Par exemple :

1 4 5 6 3 2 5 1

ou :

1 2 5 6 1 4 5 1

4.7.3. Degré 3 comme dominante

Si nous considérons que le degré 3 représente une dominante, nous pouvons interpréter le cycle tonal de la façon suivante :

1 4 7 3 6 2 5 1
T SD D D T Daux D T

qui peut par exemple se représenter par la suite d’accords :

T SD D D T Daux D T
1 4 7 5 6 2 5 1

4.7.4. Degrés 6 et 2 comme sous-dominante

Si nous considérons que les degrés 6 et 2 représentent une sous-dominante :

1 4 7 3 6 2 5 1
T SD D T SD SD D T

nous obtenons par exemple :

T SD D T SD SD D T
1 2 5 1 6 4 5 1

4.7.5. Suites fréquentes

Nous constatons que les suites de fonctions :

T SD D T

et :

T Daux D T

sont très fréquentes.

4.7.5.1. Anatole

Parmi les suites d’accords courantes provenant des innombrables variations du cycle tonal, citons l’ anatole :

6 2 5 1

5. Cycle plagal

Le cycle plagal est une suite d’accords dont les fondamentales montent le cycle des quintes :

1 5 2 6 3 7 4 1

Les modifications qu’on peut lui apporter sont analogues à celles du cycle tonal.

Si le cycle plagel est rarement utilisé seul, il peut être utile d’en insérer occasionnellement un fragment dans le cycle tonal.

6. Dynamique

6.1. Introduction

La dynamique musicale est basée sur l’alternance de tension et de détente, la détente servant de résolution à la tension initiale :

tension résolution

Un objet musical est qualifié de :

  • stable s’il ne cause aucune tension
  • instable s’il provoque une tension

6.2. Attraction

La tension d’un objet musical instable est souvent due à une attraction vers un objet proche considéré comme plus stable. La résolution s’effectue alors lorsque l’objet instable répond à cette attraction en évoluant vers l’objet stable.

6.3. Consonance & dissonance

6.3.1. Intervalles harmoniques

Un intervalle harmonique :

  • consonant est stable.
  • dissonant est instable.

6.3.2. Accords

Un accord :

  • consonant est stable.
  • dissonant est instable.

6.3.3. Généralisation

Par analogie avec les intervalles harmoniques :

  • un objet musical stable est qualifié de consonant
  • un objet musical instable est qualifié de dissonant

Synonymes :

  • un objet musical consonant est aussi appelé consonance
  • un objet musical dissonant est aussi appelé dissonance

6.4. Préparation

Une tension peut être précédée d’une phase de préparation, phase qui permet d’introduire la future dissonance dans un contexte où elle est consonante. On a donc la structure générique :

préparation tension résolution

où la phase de préparation est optionnelle.

La dissonance qui passe par une phase de préparation est dite préparée.

Lorsque la phase de préparation est omise, on dit que la dissonance est attaquée.

6.5. Résolution

Lorsqu’une dissonance se résout indifféremment suivant plusieurs processus différents, on dit alors que sa résolution est libre.

Lorsqu’une dissonance se résout préférentiellement via un processus bien défini, correspondant à un effet de détente maximal, on dit alors que cette résolution est régulière ou ordinaire. On parle également de mouvement obligé.

Dans le cas où une dissonance censée adopter un mouvement obligé se résout autrement, on parle de résolution irrégulière ou exceptionnelle.

Enfin, lorsqu’une dissonance ne se résout pas, on peut conduire la musique vers une autre idée, ou vers une tension encore plus forte.

6.5.1. Absolue ou relative

La résolution absolue fait suivre un objet dissonant par un objet consonant.

La résolution relative fait suivre un objet consonant par un objet qui est encore plus consonant que le premier.

6.6. Cycle

On a le cycle générique :

(préparation) — tension — résolution — (préparation) — tension — résolution — ...

Remarquons que la phase de résolution peut servir de préparation à la tension suivante, formant ainsi le cycle :

(préparation) — tension — (résolution & préparation) — tension — (résolution & préparation) — ...

6.7. Nouveauté

Les phases dynamiques peuvent servir à introduire de la nouveauté dans le discours musical :

  • nouveau thème
  • modification du rythme
  • entrée d’une voix
  • changement de tonalité
  • etc

La nouveauté est présentée comme :

  • cause de la résolution
    • elle apparaît alors pendant la phase de tension
  • conséquence de la résolution

7. Dynamique mélodique

7.1. Sensibles

Une sensible induit une tension mélodique vers la note tonale la plus proche : tonique ou dominante. Les sensibles sont donc considérées comme des notes dissonantes.

Voici les résolutions attendues :

  • la sensible inférieure se résout sur la tonique en montant d’un demi-ton
  • la sensible supérieure se résout sur la tonique en descendant d’un demi-ton
  • la sensible auxiliaire inférieure se résout sur la dominante en montant d’un demi-ton
  • la sensible auxiliaire supérieure se résout sur la dominante en descendant d’un demi-ton

7.2. Continuité

Un intervalle conjoint ne suscite pas de tension.

Un intervalle disjoint entre deux notes x et y suscite une tension relative qui se résout en jouant les notes intermédiaires entre x et y.

7.3. Hauteur

Une note plus aiguë est relativement plus tendue qu’une note plus grave.

Une note plus grave est relativement plus détendue qu’une note plus aiguë.

7.3.1. Direction

Une mélodie qui monte vers l’aigu génère une tension relative.

Une mélodie qui descend vers le grave produit une détente relative.

7.3.2. Extrêmes

Une mélodie dont les pics (maxima locaux) montent vers l’aigu génère une tension relative.

Une mélodie dont les creux (minima locaux) descendent vers le grave produit une détente relative.

7.4. Accentuation

Une mélodie est généralement accentuée par :

  • la durée : notes de durée plus longue
  • tout ce qui tranche d’une pente rectigligne et continue
    • saut : mouvement disjoint dans une mélodie majoritairement conjointe
    • virage : changement de direction, de pente
    • extrême : pic ou creux local

7.4.1. Notes essentielles

Les accents mélodiques sont généralement disposés sur des notes essentielles ou sur des ornements harmoniques.

7.4.2. Discontinuités

Il est rare d’observer un mouvement disjoint ne faisant intervenir aucune note de l’accord.

7.4.3. Indépendance

Les accents mélodiques des différentes voix de la polyphonie sont indépendants. On peut disposer ces accents à des instants différents sur chacune des voix, ceci afin de les mettre tour à tour en évidence. On peut aussi s’arranger pour que les accents mélodiques soient synchronisés afin de donner à l’ensemble un effet de convergence et d’apothéose très convaincant.

8. Dynamique des accords

8.1. Accords parfaits

Les accords parfaits sont consonants. Pour plus de détails, voir la section sur la consonance des accords parfaits.

8.2. Quinte diminuée

L’accord de quinte diminuée est dissonant, voir la section sur la consonance des accords parfaits.

8.3. Quinte augmentée

Les notes d’un accord de quinte augmentée forment des intervalles :

  • d’unisson
  • de tierce majeure
  • de quinte augmentée

avec la fondamentale de l’accord. La quinte augmentée étant un intervalle harmonique dissonant, l’accord de quinte augmentée est dissonant.

8.4. Septième de dominante

Les accords de septième de dominante sont dissonants. Pour plus de détails, voir la section sur la dissonance de la septième de dominante.

8.5. Autres accords de quatre notes ou plus

Un accord de quatre notes ou plus contient au moins une note qui va former un intervalle harmonique de septième (mineure, majeure ou diminuée) avec la fondamentale. Tous ces accords sont donc dissonants.

8.6. Accords à base de quintes

Les accords à base de quintes contiennent au moins un intervalle dissonant : seconde, septième, neuvième, etc. Ce sont donc des accords dissonants.

8.7. Sensibles

La présence d’une sensible dans un accord provoque une tension qui pousse cet accord à se résoudre sur un autre accord.

Une sensible, ou une sensible auxiliaire :

  • rend instable un accord qui ne comporte pourtant aucune dissonance constitutive
  • augmente l’instabilité d’un accord dissonant

Les accords suivants contiennent une ou plusieurs tensions mélodiques :

  • accords de dominante
  • accords de dominante auxiliaire avec sensible(s) auxiliaire(s)
  • accords napolitains
  • ...

8.8. Tableau récapitulatif

Stabilité Accords
consonants parfait majeur
  parfait mineur
équilibre dynamique septième de dominante
dissonants tous les autres

La présence de sensible(s) rend l’accord dissonant ou augmente son instabilité.

9. Dynamique des dissonances

9.1. Note dissonante

Une note dissonante est une note qui provoque l’apparition d’une dissonance. Il peut s’agir :

  • d’une note ornementale dissonante
  • d’une note constitutive d’un accord dissonant

Chaque dissonance :

  • peut être précédée d’une phase de préparation
  • est suivie d’une phase de résolution

9.1.1. Ornement

Une note ornementale peut être :

  • consonante
    • l’accord en cours est consonant
    • la note ornementale en fait parfie
  • dissonante, sinon
    • note essentielle dissonante
    • note étrangère dissonante

9.1.2. Constitutive

Sans note de 7e, un accord de septième de dominante se réduit à un accord parfait et ne présente plus de dissonance. On considère donc que c’est la note de 7e qui est la note dissonante de l’accord.

Ce raisonnement nous permet de trouver la ou les notes responsables de la dissonance dans la plupart des accords dissonants. Le tableau suivant rassemble les principales notes dissonantes et leurs accords respectifs :

Accord Notes
  dissonantes
septième de dominante 7e
neuvième de dominante majeure 7e, 9e
neuvième de dominante mineure 7e, 9e
septième majeure 7e
septième mineure 7e
septième harmonique 7e
quinte augmentée 5te
quinte diminuée 5te
septième et quinte diminuée 5te, 7e
septième diminuée 5te, 7e

Parfois, la présence d’une sensible gènère une tension, que l’accord soit dissonant ou non :

Accord Sensible(s)
accords de dominante auxiliaire auxiliaires
napolitain supérieure

9.2. Préparation

La tension due à la dissonance peut être précédée d’un accord stable de préparation :

  • qui contient les futures notes dissonantes, on a alors préparation par intégration
  • qui permet d’amener les notes dissonantes par mouvement conjoint variable, on a alors préparation conjointe
  • qui permet d’amener les notes dissonantes par un ou plusieurs mouvements polyphoniques élégants, on a alors préparation polyphonique

Remarque : la préparation par intégration peut être considérée comme une préparation par mouvement conjoint constant.

9.3. Résolution

9.3.1. Introduction

La résolution d’une note dissonante dans un accord stable peut se réaliser suivant différents schémas :

  • résolution par intégration : la note instable est inclue dans l’accord stable suivant et devient donc naturellement stable lors du changement d’accord
  • résolution conjointe : la note instable réalise un mouvement conjoint variable vers une note inclue dans l’accord stable
  • résolution polyphonique : les notes instables réalisent un ou plusieurs mouvements polyphoniques élégants vers des notes inclues dans l’accord stable

9.3.2. Voix

Une dissonance se trouve habituellement sur la même voix que sa résolution.

On peut toutefois procéder à un échange de voix simultanée à une résolution ordinaire, produisant ainsi un effet inattendu.

9.3.3. Résolution irrégulière

En cas de résolution irrégulière, il est préférable de quitter la dissonance par mouvement conjoint.

9.4. Doublure

9.4.1. Introduction

Une dissonance est aisément détectable par l’oreille, et l’est encore plus si une note intervenant dans la préparation ou la résolution est doublée.

On privilégie donc les mouvements contraire et oblique dans les phases de préparation et de résolution d’une dissonance.

9.4.2. Préparation

Si une note de préparation est doublée, on quitte de préférence cette note et sa doublure par mouvement contraire ou oblique.

9.4.3. Dissonance

La dissonance et sa doublure sont de préférence :

  • amenées par mouvement contraire ou oblique
  • quittées par mouvement contraire

On évite généralement de doubler une dissonance, sauf effet particulier souhaité.

9.4.4. Résolution

Si la note de résolution est doublée, on amène de préférence cette note et sa doublure par mouvement contraire.

L’arrivée sur résolution par mouvement oblique est déconseillée.

9.5. Généralisation

Il arrive que l’on souhaite imiter le processus appliqué aux notes dissonantes, mais dans le cas d’une note consonante. Cette note peut alors être :

  • précédée d’une phase de préparation (optionnel)
  • suivie d’une phase de résolution

Ces deux phases peuvent se dérouler :

  • par intégration dans l’accord concerné (mouvement constant)
  • par mouvement conjoint variable
  • par mouvement(s) polyphonique(s) élégant(s)

et sont donc en tout point similaires à la préparation et à la résolution de dissonance.

9.5.1. Ornements

Généralement, la définition d’un ornement demande que la note soit préparée et/ou résolue, qu’elle soit consonante ou dissonante.

10. Dispositions des accords

10.1. Accords parfaits

10.1.1. État fondamental

L'état fondamental est le plus affirmé, il agit comme un pilier de la tonalité.

On double :

  • le plus souvent la fondamentale ou une note tonale
  • parfois la 3ce, en guise de variation

Si on souhaite supprimer une note :

  • on évite de supprimer la fondamentale
  • si on souhaite éviter l’ambiguité entre accord parfait majeur ou mineur
    • on ne supprime pas la note de 3ce majeure ou mineure
    • on supprime plutôt la 5te
  • l’accord produira un effet de simplicité si on supprime la 3ce
    • à réserver aux instants de convergence, comme en fin de phrase

L’accord parfait du degré 7 remplit généralement la même fonction tonale qu’une 7e de dominante sans fondamentale.

10.1.2. Premier renversement

Le premier renversement est moins appuyé que l’état fondamental.

On double en général une note tonale.

Si un degré fort est situé une tierce au-dessus de la fondamentale, la basse est généralement doublée et l’accord peut assurer la fonction tonale correspondante.

De part leur forte similitude, les accords de sixte peuvent aussi ornementer l’accord parfait à l’état fondamental situé une tierce plus haut. On compte en effet deux notes communes, et même trois avec la doublure. Exemples en do majeur :

degrés fonction premier état fondamental d’un accord
    renversement situé une tierce au-dessus
2 & 4 SD fa la ré fa fa la do fa
6 & 1 T do mi la do do mi sol do
3 & 5 D sol si mi sol sol si ré sol

En mineur, l’accord de sus-tonique est soit :

  • au premier renversement pour éviter la quinte diminuée avec la basse
  • présenté avec un degré 2 abaissé pour produire un accord napolitain
  • sous la forme d’un accord napolitain au premier renversement

10.1.3. Second renversement

Le second renversement sert souvent d’accord ornemental. On s’arrange alors pour que la basse fasse note commune avec les accords environnants, contrastant alors avec les mouvements mélodiques ornementaux des autres voix.

On double en général la basse, pour équilibrer les mouvements constants et variables. Dans un quatuor, on se retrouve alors avec deux voix constantes et deux voix variables.

Exemple de second renversement avec broderies au soprano et au ténor :

S : si do si
A : sol sol sol
T : mi
B : sol sol sol

Exemple de second renversement avec note de passage au ténor :

S : sol la mi
A : do do do
T : mi fa sol
B : do do do

Exemple avec une broderie au ténor et une note de passage au soprano :

S : mi do
A : sol sol sol
T : do si do
B : do mi

10.2. Septième de dominante

La note de 7e peut servir d’ornement harmonique ou mélodique.

Suppression :

  • on évite de supprimer la 3ce, car c’est la sensible inférieure
  • si on supprime la 7e, on se retrouve avec un accord parfait
  • on supprime le plus souvent la fondamentale ou la 5te

10.2.1. Sans fondamentale

La septième de dominante sans fondamentale est au minimum au premier renversement, avec la 3ce à la basse.

Cette disposition est moins dissonante que l’accord complet, car l’intervalle de septième mineure n’est plus présent.

Le second renversement est préféré au premier, car il évite aussi les intervalles dissonants avec la basse, ce qui rend sa sonorité plus douce.

Par exemple, en do majeur, la septième de dominante sans fondamentale s’écrit :

(sol) si ré fa —> si ré fa

ce qui produit un intervalle de quinte diminuée entre la note de 7e fa et la basse. Par contre, au second renversement :

(sol) si ré fa —> ré fa si

on obtient des intervalles consonants avec la basse :

  • basse — fa : tierce mineure
  • basse — si : sixte majeure

L’intervalle dissonant du triton fa — si ne fait alors pas intervenir la basse.

Sous cette forme, l’accord de septième de dominante sans fondamentale est présent dans la cadence ionienne à trois voix.

10.3. Septième d’espèce

Il est préférable de préparer la note de 7e.

Idéalement, la durée de la préparation est au moins égale à la durée de la note de 7e.

10.4. Accords à base de quintes

Suppressions :

  • on évite de supprimer les notes qui contiennent la tension
    • 2de
    • 4te
    • etc

10.5. Remarques générales

10.5.1. Continuité

Les accords proches au niveau tonal supportent mieux les mouvements disjoints lors de leurs enchaînements. Exemples :

  • couple tonal
  • couple plagal
  • voisins dans le cycle tonal

Les accords dont le lien tonal est plus lointain demanderont plus de mouvements conjoints pour assurer la liaison.

10.5.2. Renversements

Les accords renversés ont généralement un caractère tonal moins affirmé que leurs homologues à l’état fondamental. Cette remarque est d’autant plus vraie pour les accords de trois notes. Afin de ne pas rendre leur fonction tonale encore plus floue, on évite autant que possible de supprimer une note d’une triade renversée.

Par contre, les accords renversés de quatre notes ou plus, et en particulier la 7e et la 9e de dominante, peuvent s’employer sans fondamentale ou sans quinte.

11. Dynamique des enchaînements

11.1. Quarte et sixte

L’accord de quarte et sixte est un accord consonant, mais il permet une résolution relative vers un accord encore plus stable, à savoir l’accord parfait à l’état fondamental :

  • note de sixte —> note de quinte
  • note de quarte —> note de tierce

Exemple de résolution d’une 4te & 6te de fondamentale fa :

S : fa mi
A : la sol
B : do do

L’accord de 4te & 6te peut également être utilisé comme accord broderie.

11.2. Couple tonal

11.2.1. Introduction

La sensible inférieure évolue généralement vers la tonique. On généralise cette propriété en utilisant l’attraction produite par les intervalles de seconde mineure de la tonalité.

En do majeur et la mineur, avec les accords :

  Dominante Tonique
do majeur sol si ré (fa) (la) do mi sol
la mineur mi sol si (ré) (fa) la do mi

nous avons :

  do majeur la mineur commentaire
3ce —> 1ale si —> do sol —> la  
    sol# —> la sensible inférieure
5te —> 3ce ré —> mi si —> do  
  ré —> mib   3ce altérée
7e —> 3ce fa —> mi ré —> do  
    ré —> do# 3ce picarde
9e —> 5te la —> sol fa —> mi  
  lab —> sol   9e altérée

L’emploi simultané des évolutions 5te —> 3ce et 7e —> 3ce produit une doublure de la 3ce de l’accord de tonique, ce qui n’est pas toujours souhaitable. Si on souhaite l’éviter, on peut :

  • ne pas utiliser de note de 7e
    • accord parfait de dominante
  • dévier un des deux mouvements vers une autre note
    • 5te —> 1ale
    • 7e —> 5te

En termes de degrés de la gamme, on a :

sensible inférieure —> tonique
sus-tonique —> médiante
sous-dominante —> médiante
sus-dominante —> dominante

Exemple typique en do majeur, avec l’évolution 5te —> 3ce :

S : la sol
M : si do
A : fa sol
T : mi
B : sol do

et avec l’évolution 7e —> 3ce :

S : la sol
M : si do
A : fa mi
T : do
B : sol do

11.2.2. Préparation

Exemple de préparation d’une note de 7e en do majeur :

S : fa fa mi
A : la si do
T : do do
B : fa sol do

11.2.3. Résolution irrégulière

On peut dévier la sensible inférieure de son mouvement attendu vers la tonique, et la rediriger vers la 5te de l’accord de tonique :

S : si sol
A : fa mi
T : do
B : sol do

La 9e de dominante peut se résoudre à l’intérieur d’un autre accord de dominante. Voici par exemple une résolution d’une 9e de dominante sans fondamentale vers une 7e de dominante complète, toujours en do majeur :

S : la sol
A : fa fa
T :
B : si si

11.3. Dominante auxiliaire

Les accords de dominante auxiliaire peuvent subir des altérations qui les rapprochent des notes tonales. Ces notes altérées se résolvent alors naturellement sur les degrés correspondant :

Résolution do majeur la mineur
vers dominante fa# —> sol # —> mi
  lab —> sol fa —> mi
vers tonique si —> do sol# —> la
  b —> do sib —> la

11.4. Septièmes d’espèces

Les septièmes d’espèces sont utilisées pour renforcer la résolution vers l’accord suivant.

Le choix le plus évident consiste à imiter le couple tonal en enchaînant avec un accord situé une quinte plus bas.

Dans cet exemple, qui enchaine un accord de la avec un accord de , on voit que la 7e, le sol, se résout en descendant vers le fa de l’accord suivant :

S : sol fa
A : mi
T : do
B : la

On note aussi que la 3ce du premier accord (le do au ténor) évolue vers la fondamentale du deuxième accord (le ).

Exemple avec un accord de préparation contenant la 7e :

S : sol sol fa
A : mi mi
T : si do
B : sol la

11.5. Accords à base de quintes

Un accord à base de quintes peut se transformer en accord parfait sans 3ce, avec doublure de la fondamentale :

S : la la
A : mi mi
B : si la

Il peut aussi devenir un accord parfait au premier renversement :

S : la la
A : mi mi
B : si do

Il peut aussi se transformer en accord parfait au second renversement :

S : la sol
A : mi mi
B : si si

Il peut aussi devenir un accord parfait sans 3ce au second renversement :

S : la si
A : mi mi
B : si si

Enfin, il peut évoluer vers un accord de 7e incomplet :

S : fa fa
A : do si
B : sol sol

12. Dynamique des ornements

12.1. Accentuation

Les ornements harmoniques sont généralement placés sur temps fort ou partie forte de temps.

Les ornements mélodiques sont généralement placés sur temps faible ou partie faible de temps.

12.2. Pédale

Lorsqu’une pédale est présente, elle est en général alternativement dissonante et consonante par rapport aux accords qui se succèdent sur les autres voix.

Une pédale est souvent préparée en s’intégrant à un premier accord et en perdurant après sa disparition. Le dernier accord qui se superpose à une pédale lui est en général également consonant.

Autrement dit, une pédale est généralement préparée et résolue par intégration.

12.3. Retard

12.3.1. Préparation

Par définition, un retard est préparé par intégration. Idéalement, la durée de la préparation est au moins égale à la durée du retard.

12.3.2. Phase active

Pour ne pas gâcher l’effet de surprise, on préfère ne pas faire entendre simultanément le retard et sa résolution, sauf si une des conditions suivantes est satisfaite :

  • la résolution est placée sous le retard
    • par exemple, si la résolution est placée à la basse
  • la résolution est discrète, voir les techniques de camouflage
  • on peut placer retard & résolution dans une disposition élégante

Le retard est généralement sur un temps plus accentué que sa résolution :

Retard Résolution
temps fort temps médian
temps fort temps faible
temps médian temps faible

12.3.3. Résolution

Un retard dissonant se résout généralement en évoluant par mouvement conjoint variable vers une note du nouvel accord. Suivant le sens du mouvement, on distingue :

  • le retard supérieur qui se résout en descendant
    • c’est le plus courant, car l’effet de descente mélodique accentue la détente harmonique
  • le retard inférieur qui se résout en montant

Par exemple, dans l’enchaînement suivant, le au soprano est un retard supérieur qui se résout en descendant vers le do :

S : do
A : sol mi mi
T : sol sol sol
B : si do do

Autre exemple où le fa est un retard inférieur qui se résout en montant vers le sol :

S : fa fa sol
A : do si si
T : la
B : fa sol sol

12.4. Anticipation

Une anticipation dissonante se résout par intégration dans l’accord suivant.

Par exemple, dans l’enchaînement suivant, le mi au soprano est une ancicipation :

S : fa mi mi
A : la la sol
B : do

12.5. Appogiature

Par définition, l’appogiature est attaquée.

Une appogiature dissonante se résout le plus souvent par mouvement conjoint variable.

13. Dynamique du rythme

13.1. Introduction

Le rythmes les plus stables sont les rythmes réguliers :

  • rapides, avec au moins une note par temps
  • lents, avec de longues notes continues

Tous les autres rythmes correspondent à des tensions qui peuvent se résoudre sur l’une ou l’autre de ces configurations. Il va de soi que les rythmes lents sont plutôt réservés à la fin d’une phrase et les rythmes rapides au coeur d’un mouvement.

13.2. Accentuation

Un temps fort peut être accentué par :

  • une intensité plus forte de la note qui l’entame
  • un accent mélodique

13.3. Mesures

Une mesure irrégulière constitue une tension par rapport à une mesure régulière proche.

13.4. Fluidité

Un rythme sec produit une tension par rapport à un rythme fluide qui lui est proche. Par exemple, la suite :

C cs C cs N N

produira une tension puis une détente, et la suite :

C cs N C cs N ...

un cycle de tension et de détente.

13.5. Syncopes

Le schéma générique d’une syncope applique la structure générique de tension et résolution. En voici un exemple :

  • préparation : rythme régulier, à raison d’une note par temps
  • tension : on gomme la première note de la mesure suivante en la remplaçant par la prolongation de la note précédente
  • résolution : la mélodie reprend le rythme régulier précédent, à raison d’une note par temps

Toutes les variations partant de ce cas d’école sont bien entendu possibles. La phase de préparation est bien entendu optionnelle.

Voici des exemples de réalisation où la mesure compte deux temps d’une noire chacun :

  Préparation Tension Résolution
syncope N N N N‿N N N N
syncopé N N N N‿N N‿N N N N

13.5.1. Contraste

Il arrive souvent qu’on mette en relief une syncope en introduisant un contraste entre la voix syncopée et une voix sans syncope qui assure la régularité rythmique. Dans ce cas, la tension découle naturellement du contraste.

13.6. Contretemps

On peut considérer qu’une syncope est un rythme fluide et que le contretemps est le rythme sec associé. Par conséquent, le contretemps offre une tension rythmique encore plus importante que celle de la syncope. On peut imaginer un prototype de tension — relaxation :

  • rythme régulier de préparation, une note par temps
  • tension : syncope
  • tension accrue : contretemps associé
  • légère détente : retour à la syncope
  • détente finale : retour au rythme régulier

chaque étape étant optionnelle.

14. Distance tonale

14.1. Introduction

La distance tonale entre deux accords est le nombre d’étapes nécessaires pour aller du premier accord au deuxième en suivant le cycle tonal. Cette distance dépend de l’intervalle formé par les fondamentales :

Nombre d’étapes Intervalle
1 5te
2 2de M
3 3ce m
4 3ce M
5 2de m
6 4te aug

On retrouve ainsi un tableau similaire à ceux des transpositions par combinaisons de quintes.

Comme l’enchaînement reste équivalent si la fondamentale monte ou descend d’une octave, les renversements de ces intervalles correspondent à la même distance tonale et on a en définitive :

Étapes Intervalles  
1 5te 4te
2 2de M 7e m
3 3ce m 6te M
4 3ce M 6te m
5 2de m 7e M
6 4te aug 5te dim

14.2. Proximité tonale

Deux accords sont dit tonalement proches lorsque la distance tonale qui les sépare est faible.

On retient généralement comme proches les accords séparés par une ou deux étapes dans le cycle des quintes. Leurs fondamentales forment alors :

  1. une quinte
  2. une seconde majeure

Deux accords sont dits tonalement éloignés s’ils ne sont pas proches.

14.3. Enchaînements forts & faibles

Les enchaînements d’accords tonalement proches sont appelés enchaînements forts.

Les enchaînements d’accords tonalement éloignés sont appelés enchaînements faibles.

Un enchaînement est donc :

  • fort si les fondamentales procèdent par
    • quinte
    • seconde majeure
  • faible si les fondamentales procèdent par
    • tierce

15. Boucles d’accords

15.1. Introduction

Les boucles d’accords sont des cycles d’accords qui ne respectent pas toujours la progression d’un cycle tonal ou plagal.

Ils sont beaucoup utilisés en musique pop.

15.2. Boucle de quatre accords

Inspiré de la théorie de Philip Tagg.

  1. pôle principal
    • généralisation de la tonique
  2. sortant
    • prépare l’installation du pôle secondaire
  3. pôle secondaire
    • généralisation de la dominante
  4. rentrant
    • prépare l’installation du pôle principal
  5. retour au pôle principal

15.3. Environnement

Inspiré de My Brand New Take On Four Chords Loop, by 12tone.

Les enchaînements forts ou faibles entre un accord et ses voisins nous donnent quatre configurations possibles :

Catégorie Enchaînement avec  
d’accord accord précédent accord suivant
isolé faible faible
continuation fort fort
départ faible fort
destination fort faible

Un accord :

  • isolé sert de pause temporaire
  • de départ entame une série d’accord qui mène à une destination
  • de continuation prolonge une série entamée
  • de destination termine une série d’accord par une pause

16. Stratification

16.1. Musique tonale

Lorsqu’une polyphonie est basée à chaque instant sur une unique tonalité, on parle de musique tonale. Il existe donc à tout moment un unique ton et un unique mode de référence.

La gamme de référence peut par contre varier au cours de la pièce, on parle alors de modulation.

La musique tonale est de loin le style musical le plus répandu.

Remarque : j’englobe dans ce style la musique pré-tonale qui répond au même critère, à savoir une seule gamme de référence à un instant donné. La musique antique, médiévale, et de la renaissance sont donc inclues, même si la formalisation de l’accord est plus récente.

16.2. Polytonalité

Lorsqu’une polyphonie est constituée à chaque instant d’une série de groupes de voix où chaque groupe possède sa propre tonalité, distincte de celles des autres groupes, on parle de musique polytonale.

Chaque groupe possède donc à tout instant son propre ton et son propre mode. Les groupes et les gammes sont bien entendu libres d’évoluer au fil du temps.

Par exemple, dans un quatuor, le soprano et l’alto peuvent être en do majeur tandis que le ténor et la basse sont basées sur une tonique mi et un mode oriental. Plus tard, le soprano et le ténor peuvent être en la mineur tandis que l’alto et la basse peuvent être en ré dorien.

16.3. Polyharmonie

Une polyharmonie se produit lorsque chaque groupe de voix joue à un instant donné un accord distinct de ceux des autres groupes.

16.4. Polyrythmie

Jusqu’à présent, nous avons considéré que la structure rythmique est identique sur toutes les voix de la polyphonie. Il est cependant possible de superposer des pyramides rythmiques de structures différentes. On parle alors de polymétrie ou de rythmes polymétriques.

16.4.0.1. Rythmes hémiolés

Les rythmes hémiolés sont constitués de deux rythmes en relation d’hémiole. Ils constituent donc un cas particulier de polymétrie.

La structure des pulsations et oscillations se présente alors comme suit :

V : § χ χ χ
W : § χ χ χ χ

Auteur: chimay

Created: 2024-01-30 mar 10:50

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