Eclats de vers : Musica 05 : Tablature

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Table des matières

1. Tonalité

1.1. Introduction

L’association d’une tonique et d’un mode est appelée tonalité.

On parlera par exemple de la tonalité de :

  • do ionien
  • la éolien
  • etc

1.2. Intérieur & extérieur

La tonalité détermine les notes et les altérations de la gamme utilisée.

On dit qu’une note, diatonique ou altérée, est dans la tonalité si elle fait partie de la gamme determinée par la tonalité.

On dit qu’une note, diatonique ou altérée, est en dehors de la tonalité si elle ne fait pas partie de la gamme detérminée par la tonalité.

1.3. Notes tonales

Quelle est la différence entre une gamme et une tonalité ? Toutes deux sont définies par une tonique et un mode, mais la tonalité possède en plus une hiérarchie entre les degrés qui la constituent.

Les notes tonales sont les notes les plus importantes de la gamme, à savoir la tonique et les degrés qui l’entourent dans le cycle des quintes :

noms : sous-dominante <— 5te —> tonique <— 5te —> dominante
degrés : 4 <— 5te —> 1 <— 5te —> 5

Un degré fort, ou degré tonal, est un degré qui correspond à une note tonale. Les degrés 4, 1, 5 sont donc les degrés forts de la tonalité.

Les autres degrés sont appelés degrés faibles.

On a donc la hiérarchie :

degrés forts :   4   1   5  
degrés faibles : 2   6   3   7

1.4. Intervalles justes

Les notes tonales sont généralement séparées de la tonique par les intervalles justes de la gamme :

Note 1 Note 2 Intervalle
    à l’octave près
tonique tonique unisson
tonique dominante quinte
tonique sous-dominante quarte

Il existe toutefois quelques exceptions. Ainsi, la dominante de la gamme de si locrien forme un intervalle de quinte diminuée avec la tonique, raison pour laquelle le mode locrien est peu utilisé.

1.5. Accords

Considérons les accords de trois notes construits en prenant les notes tonales comme fondamentales :

Note tonale Degrés Exemple
  dans l’accord tonique = do
tonique 1 3 5 do mi sol
dominante 5 7 2 sol si ré
sous-dominante 4 6 1 fa la do

On constate que l’on retrouve toutes les notes de la gamme.

2. Fonctions tonales

2.1. Introduction

Une fonction tonale est une fonction musicale réalisée à la fois par :

  • une note tonale
  • un accord mettant en évidence cette note tonale

La musique utilisant les fonctions tonales est appelée musique tonale.

2.2. Tonique

En tant que note la plus importante de la gamme, la tonique assure aussi la première fonction tonale.

La tonique est la fonction sur laquelle la musique effectue ses pauses les plus importantes.

2.3. Dominante

La musique tonale s’articule autour de la dualité qui existe entre la tonique, fonction de repos, et la dominante, fonction dynamique autour de laquelle la musique peut se développer. Il arrive également que la musique effectue des pauses à la dominante, mais ce sont là des arrêts nettement moins appuyés que ceux effectués sur la tonique.

La dominante est naturellement attirée par la tonique, et peut :

  • répondre à son appel, ce qui détent la musique
  • ne pas y répondre et repartir vers une autre idée

La dominante constitue donc la fonction tonale la plus importante avec la tonique.

2.4. Sous-dominante

La sous-dominante constitue la fonction tonale la plus importante après la tonique et la dominante.

2.5. Tableau récapitulatif

Degrés Fonctions Abréviations
4 sous-dominante SD
1 tonique T
5 dominante D

3. Modes majeur et mineur

3.1. Introduction

Le tableau suivant regroupe les accords de trois notes générés par les degrés des modes naturels. La lettre M signifie accord parfait majeur et la lettre m accord parfait mineur. Le symbole dim signifie ici accord de quinte diminuée :

Modes   Degrés            
    4 1 5 2 6 3 7
lydien fa dim M M M m m m
ionien do M M M m m m dim
mixolydien sol M M m m m dim M
dorien M m m m dim M M
éolien la m m m dim M M M
phrygien mi m m dim M M M m
locrien si m dim M M M m m

Parmi les modes naturels, les modes ionien et éolien sont les seuls à présenter le même type d’accords sur les degrés forts 4, 1, 5. Le mode ionien produit des accords parfaits majeurs, tandis que le mode éolien produit des accords parfaits mineurs :

Modes Degrés    
  4 1 5
ionien M M M
éolien m m m

Pour cette raison :

  • le mode ionien est aussi appelé mode majeur
  • le mode éolien est aussi appelé mode mineur

Exemple de mode majeur avec la gamme de do majeur :

do ré mi fa sol la si do

Exemple de mode mineur avec la gamme de la mineur :

la si do ré mi fa sol la

3.2. Tonalités modèles

La tonalité modèle du mode :

  • majeur correspond à la gamme modèle du mode ionien
  • mineur correspond à la gamme modèle du mode éolien
Mode Nom médiéval Tonalité modèle
majeur ionien do ré mi fa sol la si do
mineur éolien la si do ré mi fa sol la

3.3. Adaptations du mineur

3.3.1. Mineur harmonique

Le mode majeur dispose d’une sensible inférieure. Par exemple, en do majeur, la sensible inférieure est le si, à un demi-ton de la tonique do.

En mode mineur par contre, les degrés 2 et 7 sont situés à un ton entier de la tonique : ce mode ne possède donc pas de sensible. On peut toutefois y remédier en haussant la sous-tonique d’un demi-ton, obtenant ainsi un mode dérivé, appelé mode mineur harmonique. Par exemple, en la mineur, le sol sera haussé d’un demi-ton, donnant ainsi la gamme :

la si do ré mi fa sol# la

Dans la suite, le mode mineur par défaut sera généralement le mode mineur harmonique.

3.3.2. Mineur ascendant et descendant

Le mode mineur harmonique sonne très bien, disposant à la fois de la sonorité du mode mineur et de l’attirance de la sensible inférieure. Cependant, l’écart de seconde augmentée entre les degrés 6 et 7 n’est pas toujours souhaitable. Dans ce cas, on hausse le degré 6, obtenant un mode appelé mode mineur ascendant. Exemple, le la mineur ascendant :

la si do ré mi fa# sol# la

Par opposition, on appelle alors mode mineur descendant le mode mineur naturel (le mode éolien). En pratique, les modes mineurs (harmonique, ascendant et descendant) sont souvent mêlés, donnant ainsi beaucoup de couleur et de souplesse à la musique. Enfin, le degré 3 peut lui aussi être haussé d’un demi-ton, complétant ainsi le caractère polymorphe du mode mineur, qui peut se rapprocher ou même se confondre avec le mode majeur.

3.3.3. Conclusion

Le mode mineur est très versatile, et ses altérations flottantes donnent une couleur particulière à la musique.

3.4. Degrés & intervalles caractéristiques

Les modes majeur et mineur sont les modes les plus utilisés. On s’en sert donc comme référence pour souligner les degrés caractéristiques des autres modes. Ces degrés forment des intervalles caractéristiques avec la tonique.

3.4.1. Autour du mode majeur

En partant de do majeur, les quintes voisines nous donnent les gammes de sol mixolydien et fa lydien.

Si nous transposons la gamme de sol mixolydien vers la tonique do, nous obtenons la gamme de do mixolydien :

do ré mi fa sol la sib do

La note caractéristique du mode mixolydien est donc le sib, septième degré formant un intervalle de septième mineure avec la tonique.

Si nous transposons la gamme de fa lydien vers la tonique do, nous obtenons la gamme de do lydien :

do ré mi fa# sol la si do

La note caractéristique du mode lydien est donc le fa#, quatrième degré formant un intervalle de quarte augmentée avec la tonique.

3.4.2. Autour du mode mineur

En partant de la mineur, les quintes voisines nous donnent les gammes de mi phrygien et ré dorien.

Si nous transposons la gamme de mi phrygien vers la tonique la, nous obtenons la gamme de la phrygien :

la sib do ré mi fa sol la

La note caractéristique du mode phrygien est donc le sib, deuxième degré formant un intervalle de seconde mineure avec la tonique.

Si nous transposons la gamme de ré dorien vers la tonique la, nous obtenons la gamme de la dorien :

la si do ré mi fa# sol la

La note caractéristique du mode dorien est donc le fa#, sixième degré formant un intervalle de sixte majeure avec la tonique.

Nous n’avons pas encore exploré le mode locrien. Partons de la gamme de si locrien et transposons vers la tonique la, deux quintes plus bas. Nous obtenons la gamme de la locrien :

la sib do ré mib fa sol la

Les notes caractéristiques du mode locrien sont donc le sib et le lab, deuxième et cinquième degré formant des intervalles de seconde mineure et quinte diminuée avec la tonique.

3.4.3. Récapitulation

Modes Degré Intervalle
  caractéristique caractéristique
lydien 4 4te augmentée
ionien (Majeur)  
mixolydien 7 7e mineure
dorien 6 6te majeure
éolien (Mineur)  
phrygien 2 2de mineure
locrien 2 2de mineure
  5 5te diminuée

4. Autres modes

4.1. Introduction

Nous avons déjà vu les modes naturels, le majeur et le mineur. Ce chapitre recense les autres modes disponibles.

4.2. Construire de nouveaux modes

La technique la plus simple consiste à construire les gammes relatives d’un mode existant. Chaque nouvelle gamme ainsi obtenue peut alors être considérée comme la gamme modèle d’un nouveau mode.

Chaque mode heptaphonique nous donnera ainsi six nouveaux modes, construits à partir des degrés 2 à 7.

Chaque mode pentaphonique nous donnera ainsi quatre nouveaux modes, construits à partir des degrés 2 à 5.

Chaque mode tetraphonique nous donnera ainsi trois nouveaux modes, construits à partir des degrés 2 à 4.

4.3. Heptaphoniques

4.3.1. Acoustique

Le mode acoustique est construit à partir des premiers éléments de la série des harmoniques naturelles. Exemple en partant de do :

Notes : do do sol do mi sol sib do mi fa# sol ...

En ramenant toutes les notes dans la même octave, on obtient :

do ré mi fa# sol sib do

Ce mode contient donc une quinte, une tierce majeure, une septième mineure, une seconde majeure et une quarte augmentée.

On peut bien entendu ajouter la note naturelle manquante, à savoir le la :

do ré mi fa# sol la sib do

La gamme ainsi obtenue possède les mêmes écarts qu’un relatif du mode mineur ascendant à partir du quatrième degré :

ré mi fa# sol# la si do ré

4.3.2. Superlocrien

Le mode superlocrien est construit comme un relatif du mode mineur ascendant à partir du septième degré :

sol# la si do ré mi fa# sol#

Ce mode est appelé superlocrien, car il ressemble fort au mode locrien. On le voit clairement en prenant si comme tonique :

si do ré mib fa sol la si

4.3.2.1. Mineur harmonique

Il existe aussi une variante dérivée du mode mineur harmonique :

sol# la si do ré mi fa sol#

ce qui donne, en prenant si comme tonique :

si do ré mib fa sol lab si

4.3.3. Tzigane

Le mode tzigane, ou mode hongrois, est un mode dérivé du mineur harmonique, le 4e degré étant haussé afin de se rapprocher de la dominante :

la si do ré# mi fa sol# la

Ce mode est caractérisé par la présence de deux sensibles auxiliaires :

sensible auxiliaire inférieure —> dominante <— sensible auxiliaire supérieure

Notons les deux écarts de trois demi-tons entre les degrés 3 - 4 et 6 - 7.

4.3.4. Andalou

Le mode andalou ressemble au mode phrygien, mais il est caractérisé par une médiante flottante, formant une tierce majeure ou mineure avec la tonique :

mi fa sol(#) la si do ré mi

4.3.5. Napolitain

Il s’agit d’un mode ressemblant au mode phrygien, mais où le septième degré est haussé d’un demi-ton, ce qui le transforme en sensible inférieure :

mi fa sol la si do ré# mi

On voit que la sus-tonique est une sensible supérieure. Ce mode est donc caractérisé par la double attraction :

sensible inférieure —> tonique <— sensible supérieure

Il en existe une variante où le sixième degré est haussé :

mi fa sol la si do## mi

4.3.6. Oriental

4.3.6.1. Variante phrygienne

Le mode oriental phrygien est un relatif du mode tzigane construit à partir du cinquième degré :

mi fa sol# la si do ré# mi

Ce mode est caractérisé par les deux secondes augmentées qui séparent les degrés 2 — 3 et 6 — 7, ainsi que par la double attraction :

sensible inférieure —> tonique <— sensible supérieure

Si on souhaite également créer une double attraction vers la dominante :

sous-dominante altérée —> dominante <— sous-médiante

il suffit de hausser le degré 4 :

mi fa sol# la# si do ré# mi

4.3.6.2. Variante locrienne

Le mode oriental locrien est un relatif du mode tzigane construit à partir du deuxième degré :

si do ré# mi fa sol# la si

Afin d’obtenir la même propriété de double attraction que la variante basée sur le mode de mi, on peut sensibiliser le degré 7 en le haussant d’un demi-ton :

si do ré# mi fa sol# la# si

4.4. Pentaphoniques

Les modes pentaphoniques sont des gammes de cinq notes séparées par des quintes. Par exemple, si nous partons de do, nous obtenons les cinq quintes :

do sol ré la mi

En disposant ces notes sur une octave et en les ordonnant de la plus grave à la plus aiguë, nous obtenons le mode pentaphonique :

do ré mi sol la do

et ses relatifs :

sur sol : sol la do mi sol
sur ré : mi sol la do
sur la : la do mi sol la
sur mi : mi sol la do mi

4.4.1. Avec caractéristique

Ce sont des modes pentaphoniques que l’on altère afin d’intégrer une ou plusieurs notes caractéristiques des modes naturels. Par exemple, ce mode pentaphonique altéré :

ré mi sol# la do ré

possède une quarte haussée, caractéristique du mode lydien.

4.4.2. Blues

Le mode blues est un mode pentaphonique développant les quintes à partir de la médiante. La médiante, la dominante et la sous-tonique sont flottantes. Par exemple, avec la comme tonique, nous avons :

la do(#) ré mi(b) sol(#) la

4.4.3. Chinois

Le mode chinois est un mode pentaphonique développant les quintes à partir de la tonique. Par exemple, avec do comme tonique, nous obtenons :

do ré mi sol la do

4.4.4. Japonais

Le mode japonais est un mode pentaphonique développant les quintes à partir de la sous-dominante. La gamme modèle de ce mode possède un mi pour tonique. On part alors de la sous-dominante la et on gravit les quintes entre notes naturelles :

la mi si fa do

En disposant ces notes sur une octave mi — mi+1 et en les ordonnant de la plus grave à la plus aiguë, nous obtenons :

mi fa la si do mi

La dominante auxiliaire fa est une sensible supérieure. Ce mode possède un autre demi-ton entre la dominante si et la sous-médiante do.

Notons également l’intervalle de quarte augmentée si — fa qui sépare la sus-tonique de la dominante.

4.5. Tétraphoniques

Les modes tetraphoniques sont des gammes de quatre notes séparées par des quintes. Par exemple, si nous partons de do, nous obtenons les quatre quintes :

do sol ré la

En disposant ces notes sur une octave et en les ordonnant de la plus grave à la plus aiguë, nous obtenons le mode tetraphonique :

do ré sol la do

et ses relatifs :

sur sol : sol la do sol
sur ré : sol la do
sur la : la do sol la

5. Accords classés

5.1. Introduction

Les accords classés sont des accords naturellement engendrés par les gammes lorsqu’on y superpose des tierces.

5.1.1. Nomenclature

Une septième de dominante est un accord de quatre notes dont la fondamentale est placée sur la dominante.

Une septième d’espèce est un accord de quatre notes dont la fondamentale n’est pas placée sur la dominante.

On utilise les abréviations suivantes :

Accord Abréviation
septième de dominante 7e D
septième d’espèce 7e E

5.2. Tonique

Les accords de tonique les plus utilisés sont des accords parfaits majeur ou mineur. On rencontre aussi des septièmes d’espèce, comme dans ces exemples :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
septième majeure 7e M do majeur do mi sol si
septième mineure 7e m la mineur la do mi sol
septième harmonique 7e h la mineur harmonique la do mi sol#

et plus rarement des accords de 5, 6 ou 7 notes.

5.2.1. Quinte augmentée

Si nous supprimons la fondamentale de l’accord de septième harmonique, nous obtenons un accord dit de quinte augmentée :

Accords Abréviations Exemples
quinte augmentée 5te aug do mi sol#

5.3. Dominante

5.3.1. Introduction

Les accords de dominante sont très importants, de par leur fonction tonale dynamique et parce qu’ils sont naturellement attirés par un accord de tonique.

5.3.2. Triades

En empilant deux tierces, on obtient un accord parfait majeur, que ce soit en mode majeur ou mineur harmonique :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
parfait majeur M do majeur sol si ré
parfait majeur M la mineur harmonique mi sol# si

5.3.3. Septième

En empilant trois tierces, on obtient l’accord de septième de dominante, dont la structure est identique en majeur et en mineur harmonique :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
septième de dominante 7e D do majeur sol si ré fa
septième de dominante 7e D la mineur harmonique mi sol# si ré

Dans les deux cas :

  • la première tierce est majeure
  • les deux tierces suivantes sont mineures

Avec les accords parfaits majeur et mineur, la septième de dominante figure parmi les accords les plus importants de l’harmonie tonale.

5.3.3.1. Quinte diminuée

Lorsqu’on prive un accord de dominante de sa fondamentale, on obtient un accord de quinte diminuée :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
quinte diminuée 5te dim do majeur si ré fa
quinte diminuée 5te dim la mineur harmonique sol# si ré

5.3.4. Neuvième

En empilant quatre tierces, on obtient la neuvième de dominante, majeure ou mineure suivant le mode :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
neuvième de dominante majeure 9e D M do majeur sol si ré fa la
neuvième de dominante mineure 9e D m la mineur harmonique mi sol# si ré fa
5.3.4.1. Septième et quinte diminuée

Lorsqu’on prive une neuvième de dominante majeure de sa fondamentale, on obtient un accord de septième et quinte diminuée :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
septième et quinte diminuée 7e & 5te dim do majeur si ré fa la
5.3.4.2. Septième diminuée

Lorsqu’on prive une neuvième de dominante mineure de sa fondamentale, on obtient un accord de septième diminuée :

Accords Abréviations Exemples  
    Gammes Accords
septième diminuée 7e dim la mineur harmonique sol# si ré fa

5.4. Sous-dominante

Les accords de sous-dominante sont similaires aux accords de tonique : accords parfaits et septièmes majeures ou mineures. Exemples :

Accords Exemples  
  Gammes Accords
7e M do majeur fa la do mi
7e m la mineur ré fa la do

5.5. Dominante auxiliaire

5.5.1. Introduction

Les accords de dominante auxiliaire sont similaires aux accords de dominante, si ce n’est qu’ils sont construits sur le degré 2 de la gamme. Afin de renforcer le rôle de ces accords, il est possible de les altérer en faisant comme si la dominante de la gamme courante devenait la tonique. On utilise les abréviations :

Accords Abréviations
triade de dominante auxiliaire 3ade Daux
septième de dominante auxiliaire 7e Daux
neuvième de dominante auxiliaire 9e Daux

5.5.2. Majeur

Nous prenons comme illustration la gamme de do majeur. Nous obtenons par transposition implicite vers la dominante :

do ré mi fa sol la si do —> sol la si do ré mi fa# sol

L’altération haussière du fa# (degré 4 par rapport à la tonique do) le transforme en sensible auxiliaire inférieure naturellement attirée vers la dominante sol.

On peut également altérer le la (degré 6 par rapport à la tonique do) vers le bas afin de le transformer en sensible auxiliaire supérieure. Nous avons alors la gamme :

sol lab si do ré mi fa# sol

Les différentes variantes des accords de dominante auxiliaire s’écrivent donc :

Sensibles auxiliaires Accords Exemples en do majeur
aucune 3ade Daux ré fa la
  7e Daux ré fa la do
  9e Daux ré fa la do mi
inférieure 3ade Daux ré fa# la
  7e Daux ré fa# la do
  9e Daux ré fa# la do mi
inférieure & supérieure 3ade Daux ré fa# lab
  7e Daux ré fa# lab do
  9e Daux ré fa# lab do mi

5.5.3. Mineur harmonique

Nous prenons comme illustration la gamme de la mineur harmonique. Nous obtenons par transposition implicite vers la dominante :

la si do ré mi fa sol# la —> mi fa# sol la si do ré# mi

L’altération haussière du # (degré 4 par rapport à la tonique la) le transforme en sensible auxiliaire inférieure naturellement attirée vers la dominante mi.

Si on supprime l’altération haussière du fa# (degré 6 par rapport à la tonique la), on transforme ce degré en sensible auxiliaire supérieure de la dominante mi. Nous obtenons alors la gamme :

mi fa sol la si do ré# mi

Les différentes variantes des accords de dominante auxiliaire s’écrivent donc :

Sensibles auxiliaires Accords Exemples en la mineur harmonique
supérieure 2ade Daux si ré fa
  7e Daux si ré fa la
  9e Daux si ré fa la do
inférieure 3ade Daux si ré# fa#
  7e Daux si ré# fa# la
  9e Daux si ré# fa# la do
inférieure & supérieure 3ade Daux si ré# fa
  7e Daux si ré# fa la
  9e Daux si ré# fa la do

Remarquons en passant que la triade de dominante auxiliaire non altérée est un accord de quinte diminuée.

5.5.4. Sans fondamentale

Tout comme les accords de dominante, les accords de dominante auxiliaire sont parfois présentés sans leur fondamentale. On obtient alors des accords qui semblent être du degré 4, les fonctions de dominante auxiliaire et de sous-dominante se voyant ainsi intimement liées.

Exemple en do majeur :

Sensibles auxiliaires Accords Exemples en do majeur
aucune 7e Daux fa la do
  9e Daux fa la do mi
inférieure 7e Daux fa# la do
  9e Daux fa# la do mi
inférieure & supérieure 7e Daux fa# lab do
  9e Daux fa# lab do mi

Exemple en la mineur harmonique :

Sensibles auxiliaires Accords Exemples en la mineur harmonique
supérieure 7e Daux ré fa la
  9e Daux ré fa la do
inférieure 7e Daux # fa# la
  9e Daux # fa# la do
inférieure & supérieure 7e Daux # fa la
  9e Daux # fa la do

5.5.5. Sixtes augmentées

5.5.5.1. Introduction

Les accords de sixte augmentée sont des accords de dominante auxiliaire renversés. Ils sont altérés de sorte qu’ils présentent un intervalle caractéristique de sixte augmentée, d’où leur nom.

5.5.5.2. Sixte française

La sixte française est une septième de dominante auxiliaire avec double sensible auxiliaire. Elle est présentée sous la forme d’un second renversement.

En do majeur, nous avons le second renversement :

ré fa# lab do —> lab do ré fa#

En la mineur, nous avons le second renversement :

si ré# fa la —> fa la si ré#
5.5.5.3. Sixte italienne

La sixte italienne est une septième de dominante auxiliaire avec double sensible auxiliaire. Elle est privée de sa fondamentale et présentée sous la forme d’un second renversement. Attention, rappelez-vous que le nombre de renversements est calculé par rapport à la fondamentale, même si celle-ci est supprimée.

En do majeur, nous avons le second renversement :

(ré) fa# lab do —> lab do (ré) fa#

ce qui nous donne finalement :

lab do fa#

En la mineur harmonique, nous avons le second renversement :

(si) ré# fa la —> fa la (si) ré#

ce qui nous donne finalement :

fa la ré#

5.5.5.4. Sixte allemande

La sixte allemande est une neuvième de dominante auxiliaire avec double sensible auxiliaire. Elle est privée de sa fondamentale et présentée sous la forme d’un second renversement. Attention, rappelez-vous que le nombre de renversements est calculé par rapport à la fondamentale, même si celle-ci est supprimée.

En la mineur harmonique, nous avons le second renversement :

(si) ré# fa la do —> fa la do (si) ré#

ce qui nous donne finalement :

fa la do ré#

L’accord altéré de do majeur respectant les mêmes écarts s’écrit :

lab do mib fa#

5.6. Emprunts

5.6.1. Introduction

Un emprunt est un accord provenant d’une autre gamme (tonique et/ou mode) que l’on insère dans la gamme courante.

5.6.2. Majeur <——> Mineur

On peut placer des accords caractéristiques du mineur (quintes augmentées, septièmes diminuées, …) dans des gammes majeures, ou l’inverse.

5.6.3. Tierces picardes

Une tierce picarde est un accord parfait majeur intégré à un autre mode. On la rencontre souvent sur les degrés 1, 5, ou 4 du mode mineur : la tierce de l’accord y est rendue majeure par une altération haussière. Voici des exemples en la mineur :

Degrés Exemples
1 la do# mi
4 ré fa# la
5 mi sol# si

5.6.4. Napolitain

En gamme de mi napolitain, l’accord de dominante auxiliaire non altéré :

fa la do

est un accord parfait majeur situé un demi-ton au-dessus de la tonique mi. Par extension, on appelle accord napolitain tout accord défini par les mêmes propriétés, et ce quels que soient le mode et la tonique. Voici ce que cela donne en majeur et en mineur :

do majeur la mineur
b fa lab sib ré fa

Lorsque cet accord est présenté sous la forme de premier renversement, il est appelé sixte napolitaine :

do majeur la mineur
fa labb ré fa sib

Afin de former un accord similaire à une 7e de dominante, on peut ajouter une note de 7e mineure à l’accord napolitain :

do majeur la mineur
b fa lab dob sib ré fa lab

Ces derniers accords sont aussi appelés substitution au triton, ou substitution tritonique à cause de l’intervalle de triton qui lie la dominante auxiliaire altérée vers le bas avec la dominante.

5.7. Modes composites

Un mode composite associe à chaque degré une liste d’accords qui lui sont caractéristiques. Voici un exemple de mode composite proche du la mineur :

Degrés Accords Exemples
1 parfait mineur la do mi
  parfait majeur la do# mi
2 7e Daux si ré fa la
    si ré# fa la
  napolitains sib ré fa
    sib ré fa lab
3 quinte augmentée do mi sol#
4 parfait mineur ré fa la
  parfait majeur ré fa# la
5 septième de dominante mi sol# si ré
  neuvième de dominante mi sol# si ré fa
6 parfait majeur fa la do
  quinte diminuée fa# la do
7 quinte diminuée sol# si ré
  septième diminuée sol# si ré fa
  septième et quinte diminuée sol# si ré fa#

Cette variété d’accords implique qu’une partie ou la totalité des notes de la gamme peut être altérée vers le haut ou vers le bas en fonction du contexte.

5.8. Tableau récapitulatif

5.8.1. Issus du majeur

Accord Exemple 3ces
    empilées
parfait majeur do mi sol M m
sixte mi sol do  
quarte & sixte sol do mi  
septième de dominante sol si ré fa M m m
quinte diminuée si ré fa m m
neuvième de dominante majeure sol si ré fa la M m m M
septième et quinte diminuée si ré fa la m m M
septième majeure do mi sol si M m M
dominante auxiliaire ré fa# la  
sixte française lab do ré fa#  
sixte italienne lab do fa#  
sixte allemande lab do mib fa#  
napolitain b fa lab  
sixte napolitaine fa labb  

5.8.2. Issus du mineur

Accord Exemple 3ces
    empilées
parfait mineur la do mi m M
sixte do mi la  
quarte & sixte mi la do  
septième de dominante mi sol# si ré M m m
quinte diminuée sol# si ré m m
neuvième de dominante mineure mi sol# si ré fa M m m m
septième diminuée sol# si ré fa m m m
septième harmonique la do mi sol# m M M
quinte augmentée do mi sol# M M
septième mineure la do mi sol m M m
dominante auxiliaire si ré(#) fa(#)  
sixte française fa la si ré#  
sixte italienne fa la ré#  
sixte allemande fa la do ré#  
napolitain sib ré fa  
sixte napolitaine ré fa sib  

6. Accords à base de quintes

6.1. Triades

Si on superpose deux quintes, on obtient une triade que nous décidons de nommer accord de double quinte :

Accords Exemples
double quinte do sol ré

En permutant les notes afin de les rapprocher, nous obtenons d’autres dispositions de cet accord :

Accords Exemples
double quarte ré sol do
quarte et quinte sol do ré
seconde et quinte do ré sol

Ces accords sont nommés, suivant les cas :

  • d’après les intervalles entre les notes consécutives
  • d’après les intervalles qui séparent les notes de la basse

Synonymes courants :

  • l’accord de quarte et quinte se nomme aussi accord de quarte suspendue.
  • l’accord de seconde et quinte se nomme aussi accord de seconde suspendue.

6.2. Tétrades

Les accords de quatre notes sont construits en superposant trois quintes. Voici quelques dispositions possibles de ces accords :

Accords Exemples
triple quinte do sol ré la
triple quarte la ré sol do
2de, 4te & 5te sol la do ré
4te, 5te & 9e sol do ré la

Ces dispositions d’accords ressemblent aux modes tétraphoniques, construits eux aussi en utilisant le cycle des quintes. En fait, jouer une de ces dispositions revient à construire localement un mode tétraphonique.

6.3. Pentades

Les accords de cinq notes sont construits en superposant quatre quintes. Voici quelques dispositions possibles :

Accords Exemples
quadruple quinte do sol ré la mi
quadruple quarte mi la ré sol do
3ce, 4te, 5te & 7e la do ré mi sol
2de, 4te, 5te & 6te sol la do ré mi
4te, 5te, 6te & 9e sol do ré mi la

Ces dispositions d’accords ressemblent aux modes pentaphoniques, construits eux aussi en utilisant le cycle des quintes. En fait, jouer une de ces dispositions revient à construire localement un mode pentaphonique.

6.4. Tableau récapitulatif

Accord Exemple
double quinte do sol ré
double quarte ré sol do
quarte & quinte sol do ré
seconde & quinte do ré sol
triple quinte do sol ré la
triple quarte la ré sol do
2de, 4te & 5te sol la do ré
4te, 5te & 9e sol do ré la
quadruple quinte do sol ré la mi
quadruple quarte mi la ré sol do
3ce, 4te, 5te & 7e la do ré mi sol
2de, 4te, 5te & 6te sol la do ré mi
4te, 5te, 6te & 9e sol do ré mi la

Auteur: chimay

Created: 2024-01-30 mar 10:50

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